L’homme d’affaires Donald Trump possède un complexe hôtelier et un golf dans un village irlandais. Pour protéger ses installations de l’érosion liée au changement climatique, il projetait la construction d’un mur colossal. Les opposants ont rendu la cause internationale. Le groupe Trump a reculé. Ou quand la mobilisation citoyenne paie et donne espoir.
La plage de Doughmore et, à l’arrière-plan, le complexe hôtelier du Trump International Golf Course.
Le « mur de Trump » ne défigurera pas la plage de Doughmore, sur la côte ouest de l’Irlande. Surfeurs et amoureux de la nature se réjouissent. Avec 2,8 km de long, 5 m de haut, 200.000 tonnes de pierre, pour un coût de 10 millions d’euros, l’ouvrage devait protéger le golf du milliardaire étasunien de l’érosion provoquée par les tempêtes atlantiques. Mais, le 6 décembre, le directeur du Trump International Golf Course annonçait l’abandon du projet, arguant que les études scientifiques demandées par les autorités locales retarderaient la construction « de trois à quatre ans », alors que la « menace » de l’océan n’attend pas.
Acquis en 2014, le terrain de golf du complexe hôtelier adjacent est construit sur une côte sableuse remarquable, les dunes de Carrowmore, une zone spéciale de conservation de l’Union européenne, ce qui a justifié la demande d’études approfondies. Ces dunes sont l’habitat d’un escargot préhistorique, Vertigo angustior, classé comme quasi menacé sur la liste de l’UICN et inscrit à l’annexe II de la directive Habitats-Faune-Flore européenne. La plage de Doughmore est aussi un site très apprécié des surfeurs et des amoureux de l’Irlande sauvage. Ils se sont mobilisés pour contrer le projet du magnat de l’immobilier étasunien avec campagne en ligne et une pétition qui a recueilli près de 100.000 signatures.
Source : Donald Trump renonce à construire en Irlande un mur contre la montée des eaux | Reporterre.net
monde
Pour un populisme numérique (de gauche)
Un article fort intéressant d’Evgeny Morozov dans Le Monde diplomatique de décembre 2016 concernant nos données numériques.
À partir du constat suivant :
À l’heure actuelle, cinq compagnies américaines — le chinois Baidu étant le seul concurrent étranger digne de ce nom — ont déjà extrait, traité et digéré une grande partie des données mondiales. Cela leur a permis de développer un savoir-faire avancé en matière d’IA et de s’assurer ainsi la mainmise sur une part fondamentale de l’infrastructure numérique globale.
Deux stratégies ont été proposée.
Premièrement des démarches alternatives d’organisation coopératives :
Il est possible pour une coopérative de chauffeurs dans une petite ville d’élaborer une application qui les aide à déloger Uber au niveau local. En revanche, il est impossible pour cette même coopérative locale de construire une voiture qui se conduise seule : récolter et analyser toutes les données pour cela requiert des investissements massifs et une infrastructure dédiée. On peut aussi, bien sûr, créer des coopératives de propriété des données, mais il est peu probable qu’elles se développent au point de rivaliser avec Google ou Amazon.
La deuxième consisterait à démanteler les grandes firmes technologiques ou à réduire leur taille, mais
Dix mille start-up, dont chacune posséderait une part minuscule de l’empire de Google, ne seraient pas plus capables de produire une voiture qui se conduise seule.
Pour Evgeny Morozov, il n’existe à gauche qu’une seule alternative :
Le populisme économique du XXIe siècle ne peut plus reposer sur la rhétorique de l’amélioration de la concurrence. Un bien meilleur programme pour les populistes de gauche serait d’insister sur le fait que des données sont un bien essentiel, infrastructurel, qui devrait nous appartenir à tous ; elles ne devraient pas tomber entre les mains des sociétés. […] Au lieu de payer à Amazon un droit d’accès pour utiliser ses capacités en IA — élaborées à partir de nos données — nous devrions réclamer à Amazon de nous payer ce droit.
L’article : http://blog.mondediplo.net/2016-12-15-Pour-un-populisme-numerique-de-gauche
Vu de Russie : Internet et la révolution à l'heure d'Internet
Les dirigeants russes ont déjà tendance à voir partout des conspirations occidentales: la révolution orange, le printemps arabe, internet dans son ensemble. Aux yeux de Moscou, toutes ces choses sont des complots des États-Unis et de leurs alliés visant à s’assurer que l’ordre du monde ne protège que les valeurs occidentales et donc les intérêts occidentaux. Et nous leur donnons du grain à moudre en affirmant qu’internet est un samizdat —le système clandestin d’écrits dissidents au pouvoir soviétique— et que le Che Guevara du XXIe siècleest un réseau (ce qui est aussi antihistorique quand on connaît la violente antipathie qu’ont les États-Unis pour les objectifs de Guevara).
Internet est-il vraiment porteur de révolutions populaires? Peut-être. C’est compliqué. Il faut reconnaître que 2011 a débuté avec le printemps arabe qui a renversé les dirigeants en Tunisie et en Égypte, et s’est achevé à Moscou avec des manifestations de classes moyennes, organisées sur Facebook, qui protestaient contre la corruption électorale. Facebook n’a pas seulement facilité l’organisation des manifestations: en cette année de révoltes populaires, le réseau social a donné le sentiment à certains Russes qu’il s’agissait d’un mouvement mondial, qu’ils avaient leur chance. Ce fut un choc profond pour le gouvernement de Poutine. Dans l’esprit d’un ancien du KGB, les révoltes populaires spontanées n’existent pas. Dans son monde, le pouvoir est vertical. Il y a toujours quelqu’un qui tire les ficelles. L’État russe a donc choisi de marier son pessimisme existentiel à l’amour inconditionnel de l’Occident pour internet. Il fallait qu’internet soit mis au pas.
Source : Comment la Russie utilise internet pour affaiblir les démocraties occidentales | Slate.fr
Avec Trump, l'Amérique devient un cauchemar surréaliste | Slate.fr
Pour Trump, la politique est une télé-réalité. Quand il ment, le président-élu n’a pas pour objectif de créer une nouvelle réalité, mais d’effacer toute notion de réalité.
Je note et retiens :
«Il est tentant de supposer que Trump a construit cette fantasmagorie par accident –que c’est le sous-produit d’une conception erratique, indisciplinée, pratiquement pathologique de la malhonnêteté. Mais il ne faut pas sous-estimer le président-élu. Ses victoires, tant à la primaire républicaine qu’à l’élection présidentielle, furent des coups de théâtre retentissants et il est maintenant parti pour altérer le cours de l’histoire mondiale. Il ne comprend peut-être pas entièrement ce qu’il fait, mais ce n’est certainement pas le cas de ses conseillers.
Steve Bannon, l’ancien dirigeant du média nationaliste blanc Breitbart News, est le Karl Rove de Trump. Lui sait. Dans une interview accordée récemment au Hollywood Reporter, Bannon a suggéré que les éléments clés de sa stratégie sont la dissimulation et «l’obscurité».«L’obscurité a du bon. Dick Cheney. Dark Vador. Satan. Voilà le pouvoir, a-t-il dit. Ça ne fait que nous aider quand les gens se trompent. Quand ils ne voient ni qui nous sommes ni ce que nous faisons.»
Voilà comment Bannon a dirigé la campagne de Trump, et comment il semble maintenant diriger l’équipe de transition. Depuis l’élection, Trump a appâté la presse avec une foule de nominations potentielles au gouvernement, provoqué une étrange dispute avec les acteurs d’une comédie musicale de Broadway et dissimulé ses véritables priorités politiques derrière un amas d’informations contradictoires.
Et ça marche. La couverture médiatique de la transition de Trump est floue et confuse. Ce qui devrait être de vrais scandales –comme les efforts présumés de Trumps pour manipuler la diplomatie internationale pour son gain personnel– se retrouve perdu dans le tourbillon.»
Je note également
«Bannon est un praticien aguerri de la stratégie de «l’obscurité», mais il n’en est pas l’inventeur. Le vrai Maître des Arts obscurs est un autre personnage à la Karl Rove: Vladislav Surkov, un conseiller de haut niveau du président russe Vladimir Poutine.»
L’article :Avec Trump, l’Amérique devient un cauchemar surréaliste | Slate.fr
Le ministre du travail de Trump est un patron fan de la robotisation et des pubs sexistes | Slate.fr
Andy Puzder, qui dirige une chaîne de fast foods, est aussi un opposant de l'augmentation du salaire minimum. La réalité de qui est véritablement Donald Trump ne manquera pas de faire mal aux travailleurs américains.
Encore une fois, ce choix fait par Trump ne correspond pas à ses promesses de campagne. En 2016, il avait déclaré: «Sous une présidence Trump, le travailleur américain aura enfin un président qui le protègera et se battra pour lui.» Le choix d'un patron de fast food critique des syndicats n'était pas un choix évident.
«Il est difficile de trouver quelqu'un de moins qualifié pour aider les travailleurs oubliés du pays, a déclaré la directrice du National Employment Law Project, une organisation de défense du droit du travail. Puzder fera des cadeaux à ses amis PDG dans des industries aux bas salaires, et qui sont en train de saliver à l'idée de pouvoir revenir sur les efforts faits par le gouvernement Obama pour améliorer les salaires, la sécurité au travail et augmenter la transparence des entreprises.»
Source : Le ministre du travail de Trump est un patron fan de la robotisation et des pubs sexistes | Slate.fr