La diffusion sur Internet de la bande-annonce du film “Chez nous”, qui sort en salles le 22 février, a provoqué la colère de plusieurs dirigeants du Front national. Le film évoque la percée du parti d’extrême droite dans le Nord de la France.
Une simple bande-annonce peut provoquer les foudres d’un parti politique. C’est le cas depuis ce week-end, après la découverte par plusieurs cadres du Front national des premières images du nouveau long métrage de Lucas Belvaux, Chez nous, dont la sortie en salles est prévue le 22 février 2017.
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monde
“Coup d’Etat législatif” en Caroline du Nord
Donald Trump occupe tant les esprits que les événements actuels en Caroline du Nord, où un gouverneur élu le 8 novembre se voit dépossédé de ses prérogatives par les Républicains du Sénat de Charleston, passent presque inaperçus.
Le candidat sortant républicain, Pat McCrory, est à l’origine du projet de loi stupide interdisant aux transsexuels d’utiliser les toilettes de leur choix, et de mesures entravant le vote noir, comme Les Inrocks l’ont raconté le jour du scrutin. Après l’élection du démocrate Roy Cooper, le sénat républicain s’est réuni en séance exceptionnelle pour voter en urgence des lois limitant ses pouvoirs. C’est pratiquement comme si l’élection était annulée. Une mise en pratique glaçante du jusqu’au-boutisme républicain, de la logique de parti dépassant tout autre priorité, y compris le respect de la chose votée : un “coup d’Etat législatif”, estiment plus simplement Mark Joseph Stern de Slate.com, qui compare la situation à un pays instable et en proie aux coups d’Etats autoritaires, comme le Venezuela.
“Les citoyens de Caroline du Nord ont fait un choix clair : élire un gouverneur démocrate, explique de son côté Paul Krugman. Le Sénat républicain n’a pas ouvertement annulé les résultats – pas cette fois – mais il a très efficacement déshabillé le gouverneur de ses pouvoirs, s’assurant que la volonté de l’électeur ne compterait pas. Ajoutez à ça les efforts de décourager les minorités de voter, et vous avez le potentiel de fabriquer de facto un pays gouverné par un parti unique : un pays qui maintient une fiction de démocratie.” Ce n’est pas un gauchiste échevelé qui s’exprime : c’est un prix Nobel d’économie.
Source : Les Inrocks
Peut-on répondre à la désinformation ? | InternetActu.net
Depuis l’élection de Trump, la question de la propagation de fausses informations semble révéler d’une véritable crise de confiance dans notre système médiatique et politique. Après avoir présenté les éléments de cette crise de confiance dans deux articles, Hubert Guillaud détaille les solutions concrètes envisagées. Un article des plus intéressants et instructifs à lire.
De partout, les esprits s’agitent pour tenter de trouver des réponses. Eli Pariser, celui qui a imaginé le concept de « bulles de filtres » tant mis en question ces dernières semaines, a ouvert un Google Doc pour recueillir des solutions. Le document fait désormais plus de 100 pages et Nicky Woolf, pour le Guardian, a tenté d’en faire la synthèse.
Des solutions… concrètes ?
Les solutions relèvent de trois grandes catégories synthétise-t-il : faire vérifier l’information par des éditeurs humains, avoir recours au crowdsourcing (c’est-à-dire à la foule des internautes pour classer le bon grain de l’ivraie en permettant à des gens d’avoir un statut de vérificateur par exemple), ou trouver des solutions techniques ou algorithmiques. L’article du Guardian liste une petite quinzaine de solutions, avec les arguments en leur faveur et en leur défaveur. Elles vont de la labellisation des médias ou des publications, à la séparation des informations de leur partage ou commentaire, en passant par l’ajout de marqueurs sur les fausses informations ou les articles qui posent problème, ou consiste encore à ajouter un temps d’attente avant tout partage pour diminuer la viralité de la propagation des informations. D’autres solutions proposent des partenariats avec des sites de vérifications d’information comme Snopes ou de lier des informations à leurs contre-informations. D’autres proposent d’ajouter un classement de réputation des gens selon ce qu’ils partagent. D’autres encore de labéliser les informations par des couleurs ou de bannir ceux qui publient de la désinformation. Autant de solutions qui ont toutes des avantages et des défauts, notamment et avant tout parce que la désinformation n’est pas toujours clairement établie. D’autres solutions proposent encore des solutions distribuées de fact-checking, comme de prendre en compte le classement de fiabilité des sites selon un système proche du Page Rank, l’algorithme de Google qui calcule la popularité d’une page web.
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Lawrence Lessig : "La segmentation du monde que provoque Internet est dévastatrice pour la démocratie"
Pour le professeur de droit à Harvard et penseur du net, il y a urgence à reconstruire des espaces communs de discussion. L'exemple d'écriture de la Constitution islandaise réalisée par crowdsourcing devrait, pour lui, être étendue largement.

Lawrence Lessig, professeur de droit à Harvard, penseur d’Internet et initiateur de la licence Creative commons• Crédits : Chip Somodevilla – AFP
Depuis quelques mois vous êtes installé en Islande. Le pays a notamment expérimenté une nouvelle manière de réécrire sa Constitution. Qu’est-ce qui vous intéresse dans le processus politique à l’oeuvre là-bas ?
Les Islandais ont répondu à la crise financière de 2008 en lançant un projet incroyable de nouvelle Constitution «crowdsourcée»,élaborée par les citoyens. A la première étape, mille personnes sélectionnées par tirage au sort ont travaillé sur ce que devaient être les valeurs du texte. Ensuite, 25 personnes sélectionnées pour former une Assemblée ont passé quatre mois à écrire. C’est à peu près le temps qu’il a fallu aux Américains pour rédiger leur Constitution, mais la différence ici, c’est que chaque semaine ils ont posté leurs ébauches sur Facebook. Il y avait des retours et commentaires des personnes en Islande mais aussi à travers le monde entier. Cette dynamique a produit, au final, une très belle Constitution, approuvée par les deux tiers de la population.
De mon point de vue, on a là tous les éléments dont une démocratie citoyenne a besoin : un échantillon représentatif de la population qui donne des informations sur lesquelles délibérer ; des experts pour aider à mener un travail sérieux et qui n’étaient pas des “insiders”. Il y avait aussi une règle très intéressante : chaque décision devait être prise par consensus, sans vote. Il n’était donc pas possible de juste créer des camps : il fallait travailler avec les gens, obtenir de la compréhension, des compromis. Et le texte a été approuvé à une très large majorité – pas comme le Brexit où 52 % suffisent à ce que la Grande-Bretagne saute de la falaise.
Ce qui m’intéresse, c’est de réfléchir à la façon dont on pourrait reproduire ce type de processus dans d’autres démocraties à travers le monde.
(…)
J’aimerais vraiment que ce qui s’est passé en Islande puisse se développer autour de cette question : comment rendre à nouveau la démocratie véritablement représentative ?
Source : Lawrence Lessig : "La segmentation du monde que provoque Internet est dévastatrice pour la démocratie" | France culture
Rester ou partir : l'exemple d'Angela Merkel
Ils sont nombreux à considérer Angela Merkel, la présidente de la CDU, comme « le maillon fort » de l’Europe, la nouvelle tête de gondole de la démocratie et du monde libre. Sa longévité et la stabilité de sa majorité, ainsi que sa popularité sont mises en avant pour expliquer la prouesse de la chancelière, dernier rempart face à la barbarie. Dans l’édition du 5 décembre 2016 de The Conversation France, Jérôme Vaillant revient ainsi sur la candidature d’Angela Merkel à sa propre succession pour comprendre les tenants et les aboutissants de sa candidature, mais sans jamais poser la question de savoir pourquoi la chancelière ne choisit pas de partir.
Cependant pour Alexandre Faure :
Si Angela Merkel reste, c’est qu’elle arrive à maintenir vivante la coalition réunissant trois partis (CSU-CDU-SPD). Or celle-ci ne porte pas de projet, elle est le fruit d’une conjoncture politique et partisane dans laquelle la gauche gouvernementale s’étouffe suite au départ de Gerhard Schröder, et dans l’impossibilité de lui trouver un successeur.
Mais si certain considère la chancelière comme un rempart au populisme en Allemagne et en Europe, Alexandre Faure considère qu’Angela Merkel a une forte responsabilité dans le désenchantement politique actuel :
- Enfin, ce qui est le plus étonnant en lisant les articles des médias, c’est l’absence de questionnement sur le rôle et la place de la chancelière dans le désenchantement politique et dans les difficultés que connaît l’Europe. Pourtant, la corrélation entre les crises à répétition au sein de l’UE et son mandat est criante. Merkel a-t-elle sauvé l’Europe en gardant la Grèce à bord ou a-t-elle uniquement protégé les finances allemandes ? A-t-elle proposé un véritable projet européen ou réagit-elle aux multiples maux qui nous touchent ? A-t-elle préparé l’avenir ou nourrit-elle une ambition personnelle et nationaliste ? Dans quel état sera la démocratie allemande et européenne à la fin de son règne ?
Au final, «sans concurrent politique, avec le SPD en guise d’épouvantail, le système Merkel ne peut connaître qu’une fin tragique.»
L’article : Rester ou partir, la longévité comme renoncement au politique
Crédit photographique : Photo de famille du G7, en juin 2015. Metropolico.org/Flickr, CC BY-SA