Pour Kevin Roose du New York Times, la décision prise par M. Dorsey et de M. Zuckerberg d’interdire de D. Trump sur Twitter et Facebook soulève des questions à plus long terme, comme celle de savoir si les modèles économiques des entreprises de médias sociaux sont fondamentalement compatibles avec une démocratie saine, ou si une génération de politiciens accros à Twitter peut un jour ne pas apprendre la leçon selon laquelle accumuler les retweets est une voie plus sûre vers le pouvoir que de gouverner de manière responsable.
Mr. Dorsey and Mr. Zuckerberg’s names have never appeared on a ballot. But they have a kind of authority that no elected official on earth can claim. This power appears mostly in subtle and unspoken ways — like the eerily calm, hostage-like video Mr. Trump filmed on Thursday, hours after Twitter and Facebook threatened to delete his accounts. In the video, Mr. Trump conceded that he had lost the election and condemned the Capitol attack, two things he had stubbornly refused to do even as Congress talked of impeaching him a second time and his own Cabinet members discussed invoking the 25th Amendment to remove him from office.
Legal and political concerns certainly pressured the president to adopt a more conciliatory stance. But there was another interpretation of his change of heart: Mr. Trump would rather lose his presidency than his posting privileges.
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No serious thinker believes that Twitter and Facebook, as private companies, are obligated to give any user a platform, just as no one doubts that a restaurant owner can boot an unruly diner for causing a scene. But there are legitimate questions about whether a small handful of unelected tech executives, accountable only to their boards and shareholders (and, in Mr. Zuckerberg’s case, to neither) should wield such enormous power. These actions also raise longer-term questions, such as whether the business models of social media companies are fundamentally compatible with a healthy democracy, or whether a generation of Twitter-addicted politicians can ever be untaught the lesson that racking up retweets is a surer path to power than governing responsibly.
Mr. Trump’s ban will have tangible effects on the spread of disinformation about the 2020 election, much of which originated on his accounts. It will also probably accelerate the splintering of the American internet along partisan lines, a process that was already underway, and intensify calls on the right for the repeal of Section 230 of the Communications Decency Act, which shields social media companies from legal liability for their users’ posts.
In the short term, people worried about a slippery slope of censorship on Twitter and Facebook can take some comfort in the fact that Mr. Dorsey and Mr. Zuckerberg appear to hate playing the role of speech police, and avoid doing it whenever possible. For them, Mr. Trump’s case is unlike any other — a celebrity who rode their platforms to the presidency, then used them to stage an attack on American democracy itself — and their decisions to ban him aren’t likely to set much of a precedent.
Traduction :
Les noms de M. Dorsey et de M. Zuckerberg n’ont jamais figuré sur un bulletin de vote. Mais ils ont une sorte d’autorité qu’aucun élu sur terre ne peut revendiquer. Ce pouvoir se manifeste surtout de manière subtile et tacite – comme la vidéo sinistrement calme, semblable à celle d’un otage, que M. Trump a tournée jeudi, quelques heures après que Twitter et Facebook aient menacé de supprimer ses comptes. Dans la vidéo, M. Trump a reconnu qu’il avait perdu les élections et a condamné l’attaque du Capitole, deux choses qu’il avait obstinément refusé de faire alors même que le Congrès parlait de le destituer une seconde fois et que les membres de son propre cabinet discutaient de l’invocation du 25e amendement pour le démettre de ses fonctions.
Des préoccupations juridiques et politiques ont certainement poussé le président à adopter une position plus conciliante. Mais il y a eu une autre interprétation de son changement d’avis : M. Trump préférait perdre sa présidence plutôt que ses privilèges d’affectation.
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Aucun penseur sérieux ne croit que Twitter et Facebook, en tant qu’entreprises privées, sont obligés de donner une plateforme à n’importe quel utilisateur, tout comme personne ne doute qu’un restaurateur puisse démarrer un restaurant indiscipliné pour avoir provoqué une scène. Mais on peut légitimement se demander si une petite poignée de cadres techniques non élus, responsables uniquement devant leur conseil d’administration et leurs actionnaires (et, dans le cas de M. Zuckerberg, devant aucun des deux), ne devrait pas exercer un pouvoir aussi énorme. Ces actions soulèvent également des questions à plus long terme, comme celle de savoir si les modèles économiques des entreprises de médias sociaux sont fondamentalement compatibles avec une démocratie saine, ou si une génération de politiciens accros à Twitter peut un jour ne pas apprendre la leçon selon laquelle accumuler les retweets est une voie plus sûre vers le pouvoir que de gouverner de manière responsable.
L’interdiction de M. Trump aura des effets tangibles sur la diffusion de la désinformation sur les élections de 2020, dont une grande partie provient de ses comptes. Elle accélérera probablement aussi l’éclatement de l’internet américain selon des lignes partisanes, un processus qui était déjà en cours, et intensifiera les appels à la droite pour l’abrogation de la section 230 du Communications Decency Act, qui protège les entreprises de médias sociaux de la responsabilité légale pour les publications de leurs utilisateurs.
À court terme, les personnes qui craignent une pente glissante de la censure sur Twitter et Facebook peuvent être rassurées par le fait que M. Dorsey et M. Zuckerberg semblent détester jouer le rôle de police de la parole, et évitent de le faire chaque fois que cela est possible. Pour eux, le cas de M. Trump ne ressemble à aucun autre – une célébrité qui a conduit leur programme à la présidence, puis les a utilisés pour lancer une attaque contre la démocratie américaine elle-même – et leur décision de l’interdire ne risque pas de créer un précédent.
Source : Twitter’s Ban on Trump Shows Where Power Now Lies – The New York Times
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