Il est 8h15, le 6 août 1945 à Hiroshima lorsqu’à 600 mètres d’altitude explose une bombe de 4,5 tonnes, longue de 4,30 m et d’un diamètre de 76 cm. A l’éclair foudroyant succède une boule de feu d’un kilomètre de diamètre, puis une terrible onde de choc. En quelques secondes, une gigantesque colonne de fumée s’élève jusqu’à 12 000 mètres d’altitude. Au sol, une ville entière a cessé d’exister; 75 000 personnes meurent sur le coup, 50 000 autres disparaîtront dans les semaines suivantes.
Quand, le 8 août 1945, Albert Camus, dans un éditorial de Combat, constate qu’«il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques», il se fait, sans le savoir, l’écho de l’effroi du général américain Thomas Farrell, qui, sidéré par l’explosion du 16 juillet au Nouveau-Mexique, évoqua «un coup de tonnerre […] qui nous révéla que nous étions de petits êtres blasphémateurs qui avaient osé toucher aux forces jusqu’alors réservées au Tout-Puissant». Ce que Kenneth Bainbridge, directeur du test, avait commenté de façon nettement moins littéraire: «A partir de maintenant, nous sommes tous des fils de pute.»
Source : http://www.letemps.ch/Page/Uuid/e9a532bc-3b96-11e5-9458-9f31f164eeae
Image : Des travailleurs japonais des raids aériens transportent une victime après l’explosion d’Hiroshima, le 6 août 1945. Archives via Reuters.
A lire :
Journal d’Hiroshima. De Michihiko Hachiya. Traduit par Simon Duran. Editions Tallandier, 2015.
Extrait :
monde
Euro : Une gouvernance économique aveugle
Les dirigeants de la zone euro ont imposé un accord aux conditions encore plus dures, punitif et humiliants aux Grecs. Mais la défaite d’Alexis Tsipras résonne comme une défaite pour toute la zone euro, une défaite pour les populations et une victoire pour Wolfgang Schäuble, une victoire du monde de la finance et les idéologues du libéralisme et une victoire pour tous les Eurosceptiques. Une certaine idée de l’Europe, celle d’une Europe démocratique, sociale et solidaire, est définitivement morte…
Gouvernance économique aveugle
La gouvernance économique de la zone euro – jadis tant souhaitée par les gouvernements français – existe donc bel et bien, et ne souffre aucune exception, fût-elle la plus modérée. Aussi, qui veut la remettre en cause devient un adversaire de l’euro. La diabolisation de Syriza pendant six mois l’a prouvé. Ce parti n’a jamais voulu renverser l’ordre européen, le gouvernement grec a rapidement fait de larges concessions (que l’on songe à l’accord du 20 février). Mais sa demande d’une approche plus pragmatique dans le traitement du cas grec conduisait à une remise en cause de la vérité absolue de la logique « austéritaire » décrite plus haut. Il fallait donc frapper fort pour faire cesser à l’avenir toute velléité de remise en cause de l’ordre européen établi. Il y a dans cette Europe un air de « Sainte Alliance » de 1815, révélé désormais au grand jour. Comment autrement expliquer cet acharnement face à Athènes ce week-end, cette volonté de « vengeance » ? Alexis Tsipras avait cédé sur presque tout, mais ce n’était pas assez, il fallait frapper les esprits par une humiliation supplémentaire.
– via La Tribune
A méditer : L’Europe politique en danger de mort
Dans le psycho-drame grec des derniers jours, épilogue de quatre années de tragédie aux torts largement partagés, il se rejoue le même sujet : réponse politique ou réponse comptable ?
François Hollande a eu raison – mieux vaut tard que jamais – de choisir la réponse politique et de la porter haut et fort, au risque d’un sérieux hiatus avec l’Allemagne.
Si les dirigeants européens n’étaient pas capables, dans les prochains jours, heures peut-être, de choisir une réponse politique au problème posé par la Grèce, en y ajoutant toutes les garanties nécessaires pour que les questions économiques et financières trouvent des réponses crédibles et humaines, alors cette Europe aura tourné le dos à sa propre histoire.
Et ils auront pris le risque de voir monter, au-delà de tout ce que nous connaissons aujourd’hui, les forces populistes et nationalistes qui n’attendent que ça ; avec tous les risques que cela comporte.
– Source : Rue89
Lecture : L'Allemagne, le nouveau problème de l'Europe
Pour Mediapart, l’intransigeance dogmatique et la brutalité inédite de l’Allemagne envers le gouvernement grec marquent une rupture historique dans le projet européen.
Le grand naufrage européen lié à la crise grecque a produit une révélation. Et cette révélation est largement due au premier ministre grec Alexis Tsipras comme à son ancien ministre des finances Yanis Varoufakis. En remettant, l’un et l’autre, des enjeux clairement politiques au cœur de la technocratie bruxelloise, en jouant la transparence et en brisant les scandaleux huis clos des réunions de l’Eurogroupe, les responsables grecs ont fait surgir au grand jour un inquiétant et nouveau problème : le cas allemand.
L’intransigeance obstinée de l’Allemagne tout au long de cette crise, son entêtement dogmatique à bouter hors de l’euro la Grèce sont désormais compréhensibles par tous. Là où quelques observateurs, experts et politiques en étaient persuadés de longue date, ce sont désormais toutes les opinions publiques européennes qui ont sous les yeux cette nouvelle Allemagne. C’est une donnée politique radicalement neuve. Fort de son statut de première puissance économique de la zone euro, l’Allemagne revendique désormais d’en fixer les règles du jeu et d’imposer, comme l’écrit Varoufakis, « son modèle d’Eurozone disciplinaire » (lire ici le texte de l’ancien ministre grec).

L’article : http://www.mediapart.fr/journal/international/120715/lallemagne-le-nouveau-probleme-de-leurope
Grèce : le soutien inattendu de Barack Obama à Alexis Tsipras | Le Point
« On ne peut pas continuer à pressurer des pays qui sont en pleine dépression », a déclaré le président Obama, dans une interview diffusée dimanche sur CNN, alors que le nouveau gouvernement grec inquiète ses créanciers en affirmant vouloir renégocier sa dette. « À un moment donné, il faut une stratégie de croissance pour pouvoir rembourser ses dettes », a-t-il poursuivi. Le président américain a reconnu que la Grèce avait « un terrible besoin » de réformes mais qu' »il est très difficile d’initier ces changements si le niveau de vie des gens a chuté de 25 %. À la longue, le système politique, la société ne peut pas le supporter ».
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Le président américain a ajouté qu’il espérait que la Grèce resterait dans la zone euro, mais que cela demanderait « des compromis de tous les côtés ». Barack Obama s’est de manière générale montré inquiet du faible taux de croissance en Europe. « La prudence fiscale est nécessaire, les réformes structurelles sont nécessaires dans beaucoup de ces pays, mais ce que nous avons appris de notre expérience aux États-Unis, c’est que la meilleure façon de réduire les déficits et de restaurer la solidité fiscale, c’est de faire de la croissance », a-t-il déclaré. « Quand vous avez une économie qui est en chute libre, il faut qu’il y ait une stratégie de croissance, et pas seulement des efforts pour pressurer de plus en plus une population qui souffre de plus en plus », selon le président américain.
– via Le Point