En confiant le marché des toilettes publiques des sites touristiques de la capitale à la société néerlandaise 2theloo, qui se moque bien du droit du travail français, la mairie de Paris sacrifie le destin des onze « dames pipi » salariées du précédent prestataire. Elles font grève depuis le 22 juillet du soir au matin et ont rendez-vous devant le tribunal des prud’hommes le 26 août. Reportage de Mediapart au pied de la basilique du Sacré-Cœur.
Les dames pipi de la Ville de Paris à la rue | Mediapart:
Les grèves, les manifestations, les calicots… Françoise, coquette jusqu’aux sourcils teintés, jamais sans maquillage dans son sac de marque contrefait, voyait cela « à la télévision, aux informations ». Sans imaginer que son tour viendrait de scander « patron voyou » devant les caméras, de porter le gilet rouge et les tee-shirts XXL de FEETS FO, le syndicat de la propreté de Force ouvrière. Elle croyait avoir « la sécurité de l’emploi », quand bien même le sien est éprouvant. Dix-sept ans qu’elle travaille, dit-elle comme un prestige, « pour la mairie de Paris », en fait ses prestataires de nettoyage, des sociétés privées. Elle est agent d’entretien, « dame pipi » au sourire toujours large dans les toilettes des lieux les plus touristiques de la capitale, la tour Eiffel, les Champs-Élysées, le Sacré-Cœur…
Voilà qu’après avoir nettoyé « la merde » du monde entier pendant plus d’une décennie pour 1 300 euros net primes comprises, elle est « jetée comme du papier toilette ». Sans aucun préavis. Du jour au lendemain, dans la torpeur de l’été, avec dix autres collègues. Que des femmes, entre 45 et 70 ans, qui n’ont aucune autre expérience professionnelle que les « lavatories » de la Ville de Paris. Elles sont « jetées » à des âges où « personne » ne voudra d’elles, dans un no man’s land juridique avant Pôle emploi. Depuis le 10 juillet, elles sont sans travail, sans salaire, sans patron et ne sont sous le coup d’aucune procédure de licenciement !
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