Les dirigeants de la zone euro ont imposé un accord aux conditions encore plus dures, punitif et humiliants aux Grecs. Mais la défaite d’Alexis Tsipras résonne comme une défaite pour toute la zone euro, une défaite pour les populations et une victoire pour Wolfgang Schäuble, une victoire du monde de la finance et les idéologues du libéralisme et une victoire pour tous les Eurosceptiques. Une certaine idée de l’Europe, celle d’une Europe démocratique, sociale et solidaire, est définitivement morte…
Gouvernance économique aveugle
La gouvernance économique de la zone euro – jadis tant souhaitée par les gouvernements français – existe donc bel et bien, et ne souffre aucune exception, fût-elle la plus modérée. Aussi, qui veut la remettre en cause devient un adversaire de l’euro. La diabolisation de Syriza pendant six mois l’a prouvé. Ce parti n’a jamais voulu renverser l’ordre européen, le gouvernement grec a rapidement fait de larges concessions (que l’on songe à l’accord du 20 février). Mais sa demande d’une approche plus pragmatique dans le traitement du cas grec conduisait à une remise en cause de la vérité absolue de la logique « austéritaire » décrite plus haut. Il fallait donc frapper fort pour faire cesser à l’avenir toute velléité de remise en cause de l’ordre européen établi. Il y a dans cette Europe un air de « Sainte Alliance » de 1815, révélé désormais au grand jour. Comment autrement expliquer cet acharnement face à Athènes ce week-end, cette volonté de « vengeance » ? Alexis Tsipras avait cédé sur presque tout, mais ce n’était pas assez, il fallait frapper les esprits par une humiliation supplémentaire.
– via La Tribune