Donald Trump occupe tant les esprits que les événements actuels en Caroline du Nord, où un gouverneur élu le 8 novembre se voit dépossédé de ses prérogatives par les Républicains du Sénat de Charleston, passent presque inaperçus.
Le candidat sortant républicain, Pat McCrory, est à l’origine du projet de loi stupide interdisant aux transsexuels d’utiliser les toilettes de leur choix, et de mesures entravant le vote noir, comme Les Inrocks l’ont raconté le jour du scrutin. Après l’élection du démocrate Roy Cooper, le sénat républicain s’est réuni en séance exceptionnelle pour voter en urgence des lois limitant ses pouvoirs. C’est pratiquement comme si l’élection était annulée. Une mise en pratique glaçante du jusqu’au-boutisme républicain, de la logique de parti dépassant tout autre priorité, y compris le respect de la chose votée : un “coup d’Etat législatif”, estiment plus simplement Mark Joseph Stern de Slate.com, qui compare la situation à un pays instable et en proie aux coups d’Etats autoritaires, comme le Venezuela.
“Les citoyens de Caroline du Nord ont fait un choix clair : élire un gouverneur démocrate, explique de son côté Paul Krugman. Le Sénat républicain n’a pas ouvertement annulé les résultats – pas cette fois – mais il a très efficacement déshabillé le gouverneur de ses pouvoirs, s’assurant que la volonté de l’électeur ne compterait pas. Ajoutez à ça les efforts de décourager les minorités de voter, et vous avez le potentiel de fabriquer de facto un pays gouverné par un parti unique : un pays qui maintient une fiction de démocratie.” Ce n’est pas un gauchiste échevelé qui s’exprime : c’est un prix Nobel d’économie.
Source : Les Inrocks
Laisser un commentaire