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Regard sur la politique par Lyonel Kaufmann, socialiste boéland*

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février 14, 2017 by Lyonel Kaufmann 1 commentaire

Etats-Unis : un État en déliquescence

Le pourrissement de la politique américaine et l'élection de Donald Trump infectent l'ordre mondial et pourraient potentiellement provoquer un effondrement aussi grand que l'effondrement de l'empire soviétique.
Dans son article America: the failed state, paru en décembre 2016, Francis Fukuyama, auteur en son temps lors de la chute de l'empire soviétique d'un ouvrage ayant suscité la polémique et annonçant la Fin de l'histoire ainsi que le triomphe définitif du libéralisme et de la démocratie1, porte un jugement peu complaisant sur la situation résultant de l'élection en 2016 de Donald Trump :

« Donald Trump’s evolution from a buffoonish fringe candidate taken seriously by no one to the President-Elect of the United States is one of the most unexpected and traumatic events in recent US history. The effects are uncertain, but—in the worst case—they could lead to the US giving up entirely on global leadership, and the unravelling of the liberal world order it has done much to build since the 1950s. »

Il replace cette élection et ce qu'elle annonce en terme de nationalisme et d'autoritarisme en perspective en la reliant tant avec Recep Erdogan, le président turc qu'avec son homologue hongrois, Victor Orban. Cette évolution vers des démocraties populistes présente une menace évidente à l'encontre des libertés individuelles :

« with indignant nationalists riding the tide in so many places, we cannot preclude the possibility that we are living through a political disruption that will in time bear comparison with the collapse of Communism a generation ago. »

Au-delà de Trump lui-même, Fukuyama revient sur la crise de 2008 et de ses conséquences. Pour Fukuyama, la crise bancaire de 2008 a remis en cause l’autorité des élites qui ont créé ce système très risqué. Cette « faille dans le modèle », selon l'expression consacrée d'Alan Greenspan, minait l’expertise sur laquelle le pouvoir des élites reposait. Plus grave encore que l’échec de l’économie occidentale a été le sentiment d’injustice qui poussait dans son sillage. Le public a vu tous ces institutions et individus fortunés qui avaient bénéficié du système et qui étaient renfloués dans le même temps qu'étaient promulgués des projet de loi sous la forme de politiques d’austérité et d'augmentation du chômage. Aux États-Unis, ces effets déstabilisateurs ont été aggravés par une anxiété née du déclin de la puissance relative de la nation américaine.
Cependant, pour Fukuyama, le résultat de l'élection de Trump doit beaucoup au dysfonctionnement du système politique américain.
L’accusation que les grosses sommes d’argent et de puissants intérêts particuliers corrompent le Congrès et remplissent les poches des « élites » au détriment des citoyens ordinaires se retrouvait dans les propos des deux candidats outsiders de droite et de gauche, soit Donald Trump et Bernie Sanders.
Les deux ont vilipendé Hillary Clinton, présentée comme la personnification de ce genre de corruption. Ciblant des banques de Wall Street comme Goldman Sachs, la critique a atteint de nouveaux sommets avec Donald Trump qui a, en outre accablé comme corrompues tout un éventail d'institutions américaines, FBI compris.
De la sorte, le système politique américain est devenu dysfonctionnel alors que, pour Fukuyama, le problème est que les critiques comme celles de Trump et Sanders n'identifient pas correctement la source du problème et ne peuvent pas offrir de véritables solutions.
Fukuyama fait l'analyse que la polarisation idéologique et l’émergence de puissants groupes d’intérêt dans le système ont amené à la "vetocracy". À savoir, une situation dans laquelle des intérêts particuliers peuvent opposer leur veto aux décisions nuisibles pour eux-mêmes, tandis que l’action collective pour le bien commun devient extrêmement difficile à réaliser. La Vetocracy n’est pas fatale à la démocratie américaine, mais elle produit une mauvaise gouvernance :
« The American political system has undergone decay over recent decades as well-organised elites have made use of vetocracy to protect their interests. »
Conséquemment, les inégalités ont augmenté au cours de la dernière génération. Les chiffres sur la concentration des richesses et des revenus dans les 10 premiers pour cent des 1 % supérieurs sont bien connus. Ce qui était moins reconnu jusqu'à la campagne actuelle est ce qui se passait dans la vie des autres 99 %. C'est ainsi que l'ancienne classe ouvrière blanche souffre depuis trois générations de la désindustrialisation. Auxquels s'ajoute encore la situation des Afro-américains dans les centres-villes, des sans-papiers ou des autres minorités marginalisées.
Pour Fukuyama, en définitive, le succès du populisme en 2016 n'est pas surprenant. L'élite économique est responsable de la crise financière de 2008, mais c’était les citoyens ordinaires de classe ouvrière qui ont perdu leur emploi. L'absence d'une réponse des partis tant démocrate que républicain à la marginalisation économique de la classe ouvrière blanche coïncide avec leur marginalisation dans un système politique qui favorise ceux qui ont l’argent et l’État. La vraie surprise devrait être que le soulèvement populiste n’est pas venu plus tôt.
Concernant la présidence Trump, sur la question de l’inégalité et le sort de la classe ouvrière américaine, ses principales propositions — la renégociation d’accords commerciaux et de sévir contre l’immigration illégale — sont susceptible de produire les effets positifs qu’il promet, mais peut aussi susciter, pour Fukuyama, des représailles d’autres pays qui conduiront à une spirale à la baisse globale qui rappelle les années 1930.
Par ailleurs, la victoire des Républicains ne saurait masquer les contradictions importantes entre les tenants de la ligne Ryan, adeptes de la globalisation et de la réduction des dépenses sociales, et les supporters de Trump. Le premier champ de bataille potentiel sera le budget. Il peut déboucher sur le pire des deux mondes. A savoir, des nouvelles déductions fiscales pour les plus nantis et des coupes dans les programmes sociaux tels l'Obamacare, le tout combiné avec un protectionnisme et une flambée d'intolérance ethnique. À ce titre, pour Fukuyama et en décembre 2016,

« The appointment of Breitbart executive Steve Bannon as White House strategist and Republican National Committee Chair Reince Priebus as Chief of Staff are suggestive of exactly that sort of compromise. »

En terme idéologique, la victoire de Trump représente, pour Fukuyama, la dernière étape d'une transition mondiale vers nationalisme populiste, un modèle dont le sens est en train de devenir terriblement clair.
Cette tendance recouvre le Brexit et la montée des partis de droite anti-UE, anti-immigrés dans toute l’Europe. Dans un certain sens, ces événements — comme Trump — sont une réaction populaire à retardement à la mondialisation et les bouleversements économiques et culturels qu’elle a forgé au nom d’une liberté qui ne s’arrête pas à la frontière. Si cette tendance se poursuit ailleurs dans le monde, que nous vivrons dans une période très difficile de nationalismes concurrents et en colère.
Source de l'image d'en-tête : Donald Trump à la Convention républicaine de 2016. ©Action Press/Rex/Shutterstock
L'article : America: the failed state | Prospect Magazine
Prospect est un magazine mensuel britannique couvrant un large spectre de sujets, mais mettant l'accent sur la politique et l'actualité. Classé au centre gauche sur l'échiquier politique, il propose des sujets sur la politique britannique, la politique internationale, la psychologie, la culture, l'art, la littérature, la musique, le cinéma et il publie souvent des essais sur l'économie, les questions sociales, l'architecture, les médias, la science et les technologies.
Prospect a une rubrique « opinions » qui propose des contributions provenant d'un large spectre politique. (Source : Wikipedia)
Francis Fukuyama, né le 27 octobre 1952, à Chicago, est un philosophe, économiste et chercheur en sciences politiques américain.
Intellectuel influent, très connu pour ses thèses sur la fin de l'histoire, Francis Fukuyama est actuellement professeur d'économie politique internationale à la SAIS de l'université Johns-Hopkins à Washington.
En 2004, il a servi dans l'administration Bush en tant que membre du Conseil présidentiel de bioéthique. Depuis le départ de Georges Bush, il préconise en relations internationales la promotion de la démocratie par le soft power. En 2006, Fukuyama déclare que ses idées se sont éloignées de celles des néo-conservateurs (America at the Crossroads et Francis Fukuyama (2006). "After Neoconservatism". The New York Times Magazine, 19 février). Il a ensuite soutenu en 2008 Barack Obama à l'élection présidentielle américaine. (Source : https://en.m.wikipedia.org/wiki/Francis_Fukuyama)

  1. S'inspirant des thèses d'Alexandre Kojève sur la « fin de l'histoire », Fukuyama affirme que la fin de la Guerre froide marque la victoire idéologique de la démocratie et du libéralisme (concept de démocratie libérale) sur les autres idéologies politiques. Fukuyama est par ailleurs conscient que la chute du Mur, la dislocation du bloc de l'Est va entraîner d'importants troubles : la fin de l'Histoire ne signifie pas selon lui l'absence de conflits, mais plutôt la suprématie absolue et définitive de l'idéal de la démocratie libérale, lequel ne constituerait pas seulement l'horizon indépassable de notre temps mais se réaliserait effectivement.
    Le livre développe la thèse d'un article intitulé The End of History? (La Fin de l’Histoire ?) et publié en 1989 dans la revue The National Interest. ↩

Classé sous :lecture, monde, Opinions, politis

février 10, 2017 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Tout derniers râles de secret financier — Rhonestrasse

Il est furieux, Bob Richards, le Premier ministre des Bermudes. Si les intérêts de son île, territoire britannique d’Outre-mer, sont menacés, il “n’hésitera pas à réclamer l’indépendance“. L’an dernier, il brandissait cette menace à la lumière du Brexit. Désormais, c’est la fin promise par Londres du secret bancaire et financier de son pays qui le […]

via Tout derniers râles de secret financier — Rhonestrasse

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février 9, 2017 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Produire jusqu’à l’épuisement | La vie des idées

Dans un ouvrage documenté et limpide, Robert J. Gordon retrace le progrès économique aux États-Unis depuis 1870. La croissance soutenue de la productivité et du niveau de vie semble s’être épuisée depuis 1970 : la révolution numérique pourrait à cet égard n’être que mirage.

Recensé : Robert J. Gordon, The Rise and Fall of American Growth : The U.S. Standard of Living since the Civil War, Princeton, Princeton University Press, 2016.
Si les Trente glorieuses exercent sur nos contemporains une telle fascination, c’est qu’elles représentent l’âge d’or de notre modernité ou une parenthèse économique singulière. Le rythme trépidant auquel s’y accomplirent les changements de nos modes de vie, fait cruellement défaut à notre époque.
Le livre de R. J. Gordon nous apporte la démonstration que le monde développé est déjà entré, depuis une génération, dans la « longue stagnation ». Ce faisant, il nous invite à changer de perspective sur notre présent : le buzz qui entoure les nouvelles technologies nous masque les dynamiques souterraines actuelles. L’auteur reprend et généralise le fameux « kitchen test » de Paul Krugman, qui montre que nous exagérons à tort l’importance des nouveautés les plus récentes. À y regarder de près, une cuisine-type du début du 21e siècle partage en réalité beaucoup plus de traits avec une cuisine des années 1950 que cette dernière avec une cuisine du début du 20e siècle.
L’ouvrage est organisé en trois parties. Il adopte, dans les deux premières parties, une division chronologique : les chapitres s’y répondent pour examiner les progrès réalisés dans les différents domaines qui déterminent la qualité de vie de l’Américain ordinaire (nourriture, logement, transports, communications, santé, conditions de travail et maîtrise des risques de la vie). Une troisième partie rassemble les enseignements de l’étude chronologique et examine les options politiques susceptibles d’atténuer l’incidence des puissants « vents contraires » qui ralentissent la croissance actuelle. Mais qu’on ne s’y trompe pas, il n’y a pas de remède miracle et rien ne pourra faire qu’une énième révolution industrielle vienne égaler la puissance transformatrice des deux précédentes – pas même la révolution numérique.
Lire le compte-rendu : Produire jusqu’à l’épuisement – La Vie des idées

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janvier 25, 2017 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Pourquoi Poutine est notre allié ? : Anatomie d'une passion française

Il existe en France un courant pro russe qui transcende les partis politiques, allant de  l’extrême-droite à l’extrême-gauche, en passant par la droite souverainiste et la gauche jacobine : tous souhaitent un rapprochement avec Moscou, et un éloignement de l’Union Européenne et de l’OTAN. Quatre justifications sont régulièrement avancées : Poutine serait un « vrai » et « grand » dirigeant par rapport à la classe politique européenne actuelle ; les « valeurs » russes seraient proches des valeurs françaises et justifieraient un rapprochement ; il serait ainsi dans « l’intérêt » de la France de se rapprocher de la Russie ; et enfin, les Russes ne seraient pas pires (et même certainement mieux) que les Américains.
Ce livre étudie chacun de ces motifs en les remettant en contexte dans une perspective  historique et politique. Il offre ainsi au lecteur intéressé une grille d’analyse intellectuelle permettant de se faire sa propre opinion sur la validité et l’intérêt de ces arguments.  
L'auteur, Olivier Schmitt, est professeur de science politique au centre d’études sur la guerre de l’université du Sud-Danemark, et secrétaire général de l’Association pour les Études sur la Guerre et la Stratégie (AEGES). Ses travaux portent sur les conflits armés contemporains, les théories des relations internationales et les politiques de défense en Europe. Il a reçu plusieurs prix nationaux et internationaux pour ses travaux de recherche (prix Alexander George, prix Patricia Weitsman, prix du Conseil Supérieur pour la Formation et la Recherche Stratégique) et a récemment codirigé avec Joseph Henrotin et Stéphane Taillat l’ouvrage Guerre et Stratégie. Approches, Concepts, publié aux Presses Universitaires de France en 2015.

Pourquoi Poutine est notre allié ?

132 pages – format  10×19 cm – 9,90 € TTC en France
ISBN 978-2-36774-083-6
Diffusion : CED CEDIF – Distribution : Les Belles Lettres DD
Parution le 16 janvier 2017 en version papier et numérique, dans toutes les bonnes librairies et sur internet.

Pourquoi Poutine est notre allié ? | Hikari Editions

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janvier 22, 2017 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Trump : Une «présidence Snapchat» ?

Depuis sa campagne, pendant la transition et probablement pendant sa présidence, Donald Trump rompt avec les codes habituels de la communication politique. Le blog "An 2000" de Vincent Glad nous propose differentes pistes d'analyse interessantes de son utilisation des médias sociaux.

La parole présidentielle n’est plus destinée à être fixée dans le marbre, mais se perd aussitôt dans le flux, une fois que la prochaine vague médiatique a déferlé. Le New York Times parle ainsi d’une «présidence Snapchat»: «[Les déclarations de Trump] devraient probablement être traitées moins comme des propos politiques et plus comme des Snaps. Ils existent pour attirer l’attention sur le moment, puis ils disparaissent».
Ce mode de prise de parole dans l’instantané du flux permet une autre caractéristique du trumpisme: le droit fondamental à la contradiction, puisque rien n’est jamais vraiment gravé. En ce sens, Trump, qui a bien compris comment fonctionne les réseaux sociaux (un contenu n’est pertinent que sur le moment, dans son contexte de publication) tue dans l’oeuf le fact-checking journalistique qui se borne à considérer que la parole politique est d’or et qu’elle ne peut être contredite ultérieurement.

Au final, l'article presente Trump comme étant lui-même un média :

Avec Trump, «le medium n’est pas seulement le message, c’est aussi le bureau», écrit joliment la Columbia Journalism Review. Le bureau d’un futur président des Etats-Unis.

Et il s'inspire, entouré de Steve Bannon, ancien rédacteur en chef de Breitbart.com, devenu chief strategist à ses côtés à la Maison-Blanche, de la stratégie mise au point par la Russie :

Les Russes ont Russia Today pour mener la guerre médiatique à l’international, Trump a son compte Twitter pour le seul champ de bataille qui l’intéresse: les Etats-Unis.

L'article en conclut qu'il reste maintenant à savoir si Trump pourra continuer à tweeter ainsi en étant à la Maison-Blanche. Il semble penser que oui.
Source : C'est quoi son PUTAIN DE DÉLIRE à Trump sur Twitter ?!!!!!!

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