Vous y comprenez quelque chose au conflit du Proche-Orient ? Vous y apercevez le commencement d’un début de sortie du tunnel ? Pour ma part, tout à la fois, tout me paraît être le même schéma qui se reproduit à l’identique et en même temps j’y perds mes repères. Comment sortir de ces schémas destructeurs? Les Israéliens gagneront peut-être le conflit, mais pourquoi faire, pour où aller ?
J’ai l’impression d’avoir toujours vécu avec ce conflit. En 1996, j’étais encore trop jeune, mais quelque part j’y ai déjà vécu la guerre des Six-Jours. Peut-être au travers de la Guerre du Kipour?
Lors de la guerre du Kipour, je me rappelle avoir tenu fortement les pouces pour les Israéliens. Quelque part, Israël n’était pas sans incarner l’image d’Epinal de notre Réduit national de 39-45. Identification aussi à un pays de taille réduite. Connaissance déjà du génocide de la Deuxième Guerre mondiale. C’était le temps des livres de Lapierre et Collins, des figures de Moshé Dayan, de Ben Gourion ou de Golda Meir et des récits des pionniers.
Un grand espoir naît en 1978 avec Camp David et cette volonté de Sadate et Bégin de dépasser leurs préjugés pour aller de l’avant. Le tout sous l’égide d’un vendeur de cacahuètes américain. Plus tard, je reçois les images terribles de l’assassinat de Sadate. Tristesse et colère.
Puis la première intervention au Liban en 1982 a plus qu’écorné l’image d’Epinal. Cet acharnement envers les Palestiniens, les massacres de Sabra et Chatila, les victimes se transforment en bourreau. Incompréhension et désillusion. Indéniablement quelque chose s’est cassé. Plus rien ne sera comme avant dans le regard que je porterai vis-à-vis de l’Etat israélien.
Les deux Intifada n’arrangeront aucunement les affaires d’un règlement du conflit israélo-palestinien. Et ce ne sont pas les accords d’Oslo qui m’apporteront des espoirs de résolution du conflit. Pourtant, le retour d’Arafat en Cisjordanie était symboliquement extrêmement fort et potentiellement porteur d’un autre avenir possible. Mais le mal était profond y compris du côté de l’OLP.
Toutes ces années, lors de mes enseignements soit en géographie, soit en histoire, je ne manquais pas, avec mes élèves de dernière année de la scolarité obligatoire, de traiter d’un sujet sur le conflit israélo-palestinien en remontant généralement à la fin du 19e siècle. Je leur disais que s’il était sûr d’un sujet qui ferait bien l’actualité de leurs vingt prochaines années (au moins), c’était bien celui-ci. J’aurais bien voulu me tromper !
Puis, enfin, alors que le Liban semblait sortir, plus de vingt ans après, de l’ornière (du piège) dans lequel il était tombé dans les années 1970 et 1980, un nouvel épisode tragique se joue. Des images de bombardement de Beyrouth que l’on croyait oubliées refont leur apparition. D’autant plus violemment qu’à première vue la ville se retrouve en une dizaine de jours dans un état antérieur, était qui avait pris plusieurs années auparavant. Je retrouve aussi dans ces images de ville détruite, des images identiques de bombardement des villes lors de la seconde guerre mondiale. Une nouvelle fois, tout s’embrouille entre présent et passé. A nouveau, les civils trinquent au-delà du nécessaire.
Et en définitive, la même interrogation que celle figurant en première page de l’édition du Courrier International :
Je n’y trouve pas de solution miracle à en lire les articles, mais une certitude énoncée dans l’éditorial de Philippe Thureau-Dangin :
Bombarder et tuer des civils libanais ne permettra pas de contraindre le Hezbollah à désarmer. Au contraire, cela ne fait que lui redonner une légitimité. (Toujours la guerre, mais peu de politique).
J’y trouve aussi la confirmation d’une impression diffuse de ma part : Israël a une stratégie militaire, mais elle n’est assise sur aucune solution politique pour l’après. Or, la guerre ne sert à rien sans pouvoir construire la paix qui suit. Israël est donc dans une impasse.
Au-delà de ce conflit, c’est aussi tout le fiasco de la politique américaine de l’après 11 septembre 2001 qui apparaît. Rarement le monde n’aura paru aussi peu sûr. En tout cas personnellement, je le vis de cette manière-là. Et je suis sûr que nous n’avons pas encore tout vu. Malheureusement.
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