C’est un des feuilletons de l’été. Et même du printemps.
Le début ? La nouvelle gamme des produits Cailler, made in Nelly Wenger. La décision de Denner de ne pas accepter les nouveaux prix a donné le signal d’une remise en cause de la stratégie des chocolats Cailler. Et derrière une attaque à l’égard de Nestlé Suisse. Du jamais vu.
Aujourd’hui ?
D’abord, c’est un blog (Nestlé Suisse Real News) laissant la parole à tous ceux qui ont des choses à dire sur Nestlé et sa politique d’entreprise. Avec en première ligne, Cailler et sa directrice Nelly Wenger.
C’est aussi, après Une Voix pour la Boillat, un nouvel exemple de l’utilisation de nouveaux moyens de lutte des travailleurs à l’égard la politique menée par une entreprise.
Dans le cas de Nestlé, c’est aussi la mise en évidence d’un changement de politique de management qui passe très mal. En effet, avant l’arrivée de Nelly Wenger, la politique d’entreprise de Nestlé Suisse se basait principalement sur la promotion interne des collaborateurs; une politique grandement paternaliste [en tout cas au niveau de Nestlé Suisse] et une marque, Cailler, positionnée sur le marché bas de gamme du chocolat. Le choix de Nelly Wenger ne pouvait se comprendre que comme une volonté de la direction de changer radicalement de cap au niveau du management. Nelly Wenger est non seulement une personne extérieure à l’entreprise, mais également extérieure à ce domaine industriel. De plus, partout où elle est passée, elle a instauré un management du conflit et de l’affrontement. On est soit avec elle, soit contre elle.
Aujourd’hui, c’est un énorme problème communicationnel pour une multinationale qui ne parvient pas à prendre en compte les nouvelles règle de la communication à l’ère d’internet (à lire l’analyse d’Olivier Tripet : Affaire Nestlé: ça bouge. Un peu). D’où plusieurs interrogations pour les entreprises sur leur manière de gérer la communication et celle de leurs collaborateurs. Surtout en temps de crise.
C’est enfin une leçon sur la démocratie et l’entreprise.
Plusieurs signaux marquent la volonté des entreprises de verrouiller l’expression de leurs employés au travers de blogs personnels ou non. Le journal Le Temps y consacre d’ailleurs un article «Même sur un blog, un salarié n’a pas le droit de critiquer son patron»; au travers de cet interview de Marianne Favre Moreillon, présentée comme une spécialiste en droit du travail, ce journal de la doxa du libéralisme suisse-romand donne ainsi clairement le ton à ses lecteurs.
Par ailleurs, hier, une dépêche de l’AFP (Voir le compte-rendu de Webcitoyen : Une blogueuse licenciée par son entreprise pour « faute grave ») nous apprenait qu’une employée venait d’être licenciée par son entreprise en raison de la tenue d’un blog personnel. Pourtant ce blog personnel ne parlait pas de la vie de l’entreprise et le nom de cette dernière n’était même pas cité dans le blog en question.
Si, dans ce dernier cas, la réaction de l’entreprise dépasse toutes bornes et l’élémentaire séparation entre vie professionnelle et vie privée, il est intéressant d’observer les confusions existant entre entreprise et démocratie. En effet, beaucoup de personnes s’offusquent de la volonté des entreprises de contrôler, voire de limiter, la prise de parole de leurs employés à l’égard de la politique et la vie de l’entreprise qui les emploie. Pourtant, l’entreprise n’est nullement —sous sa forme actuelle— une institution démocratique et l »employé n’y jouit nullement ni de l’entier de ces droits civiques, ni surtout de sa liberté d’expression. Ni hier, ni aujourd’hui. Il y a là, me semble-t-il, une confusion extrême entre le mode de fonctionnement de l’entreprise et celui des sociétés démocratiques.
Comment expliquer cette confusion ? C’est peut-être la conséquence imprévue d’un certain discours qui tente de faire de l’entreprise le modèle idéal du fonctionnement de la société et de nos systèmes démocratiques. L’efficience de l’entreprise serait un modèle absolu pour le citoyen, l’initiative publique et l’Etat. La gestion, la manière de gérer et celle de prendre les décisions de l’entreprise devraient notamment être adoptées par les institutions démocratiques, car l’entreprise serait le monde de l’efficience et de la prise de décision rapide, qualités indispensables en cette ère de la mondialisation. Par ailleurs, le patron d’entreprise serait le dirigeant politique idéal. A l’extrême limite, l’entreprise remplacerait l’Agora. Ceci en omettant d’indiquer que, dans le monde de l’entreprise, l’employé-citoyen doit se plier aux décisions prises par les actionnaires et les dirigeants et qu’au mieux il est consulté et informé. Autrement il a le devoir de se taire.
Aujourd’hui, l’entreprise est ainsi devenue notre dernière utopie sociétale. Puissent, en quelque sorte, les derniers événements en date, remettre quelque peu les pendules à l’heure. Et même plus. Plutôt que de faire de la société une super entreprise, il conviendrait de démocratiser l’économie et donc les entreprises. Nous retrouverions ainsi des idéaux véritablement utopiques, mais oh combien nécessaires dans le réajustement des rapports entre le capital et le travail.
Pour prolonger la réflexion, il est possible de consulter le programme économique du PS Suisse adopté à Délémont en juin 2006 et en lire sa présentation par Jean-Noël Rey qui n’a rien d’un dangereux marxiste utopiste.
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lyonel.kaufmann dit
Je partage une grande partie du commentaire d’Olie (http://b-spirit.com/blogollie/?p=1681). Evidemment le cas de la petite anglaise est extrême. Pas sûr pourtant qu’en Angleterre elle obtienne gain de cause (mais je l’espère) !
J’apprécie ta description du phénomène. Epiphénomène ou changement de fond, telle me semble être la question. Surtout si l’on ne souhaite pas sortir du cadre de la société capitaliste. C’est tout le dilemne du réformisme (et donc des socialistes dont je fais partie), me semble-t-il. J’ai pas de réponse d’ailleurs, ni de solution toute faite.
Je serai très heureux que le modèle strictement hiérarchique soit véritablement remis en cause notamment par les consomm-acteurs. Les cas d’école ne forment pas (encore?) cependant une vague de fond.
Enfin, la démocratie économique ce n’est pas (forcément) la guerre. Ce n’est pas non plus la fin de toute hiérarchie. Par contre, c’est dire que la richesse créée par l’entreprise n’est pas le seul fruit des capitaux investis, mais également celui du travail fourni par les employés (ou travailleurs). Et que donc les employés (et pas seulement les tops managers via leurs stocks options) sont aussi des partenaires lors de certaines prises de décision (au-delà du choix de la couleur du papier wc, laissé à la décision des commissions du personnel). Je signale juste que ce système fonctionnne, par exemple, en Allemagne qui voit des représentants des travailleurs sièger au Conseil d’administration de leur entreprise. C’est aussi un modèle qui (existe/) a existé via les coopératives ouvrières (tel la Coop) ou agricoles, via un utopisme économique et social et une nécessité souvent de survie.
Il y a là comme une autocensure de la part des employés qui fait le jeu de société comme Dixon Wilson (ou de journaux comme Le Temps).
Dubois dit
DUBOIS Thierry Pralong, le 16/09/2008
Les Daguets 42 600 Pralong
Tel : 04 77 97 11 38 Journaliste
Affaire: Dubois Thierry / NESTLE PURINA PETCARE
– Plainte au pénal et au prud’homme contre la société Nestlé Purina Petcare.
Depuis 4 ans, nous sommes 4 personnes à nous battre en justice contre la société Nestlé Purina Petcare pour faire reconnaître nos droits et les abus dont nous avons été victimes. Depuis 4 ans, nous avons été convoqués 10 fois au prud’homme de Montbrison et subit 3 décisions de radiations (alors que c’est interdit lorsque c’est en attente de statuer) et attendu plus de 2 ans la réponse au pénal. Il nous a fallu attendre 4 ans, malgré de multiples relances pour avoir les éléments du dossier de la partie adverse et nous attendons toujours leur conclusion, ainsi que celle du procureur de Montbrison sur l’avis de classement sans suite du 14 mars 2007 des plaintes au pénal. Il faut ajouter qu’il nous a été impossible de pouvoir avoir un juge d’instruction pour lancer cette affaire ( réponse évoquée « c’est un dossier délicat et politique » ). La gendarmerie de Montbrison n’a pas voulu prendre la plainte au pénal de Madame METAIL pour le suicide et le harcèlement moral qu’a subi son mari.
C’est un vrai parcours du combattant et nous sommes en face d’un mur. Il est difficilement concevable, de voir avec quelle facilité la société Nestlé Purina Petcare peut faire des reports et bloquer toute recherche de la vérité.
Sur des faits aussi graves que : le harcèlement moral allant dans certains cas jusqu’aux suicides (3 personnes), intimidation, menaces et chantages, non respect du contrat de travail (intérimaire, CDD et CDI), création de faux, non respect de la sécurité sur le site, chantage à la recherche d’emploi et création d’entreprise, détournement d’argent ; nous avons l’impression qu’il nous est interdit de nous défendre et de demander que justice soit faite contre une multinationale comme Nestlé, qui semble au de là des lois, et de la justice . En effet, dans le cadre de recherche d’emploi, les futurs employeurs sont influencées systématiquement en notre défaveur, un plaignant a été exproprié de façon radicale (par une personne ayant été impliqué directement dans la société).
Nous continuons à subir des pressions énormes pour que nous cédions à nos demandes juridiques, mais aussi professionnelles voir personnelles. Il est impensable de pouvoir prétendre à que justice soit faite, lorsque en même temps, les accusés se permettent de vous bloquer sur toutes vos démarches et mène une guerre d’usure, tel un siége. Et la justice ne fait rien, elle semble indifférente à ces pratiques.
Les pressions sont faites sur la recherche d’un emploi avec contact de votre futur employeur, des pressions sur des possibilités de prêt bancaire pour l’achat d’une maison, une expropriation de votre bien, des pressions sur vos avocats (menaces), des pressions sur des associations qui défendent les particuliers, des pressions sur la création de votre entreprise ( avec des contacts fournisseurs et clients).
Est-il possible de prétendre avoir un jugement cohérent face à autant d’acharnement et de chantage ? Et, il faut ajouter à cela des pressions sur les témoins de l’affaire qui risquent de perdre leur travail, s’ils ne changent pas la version des faits. La justice est bien vite pressée de refermer le dossier.
Dans celui-ci, l’inspection du travail de St Etienne ne comprend pas pourquoi les plaintes au pénal non pas abouties ( incohérence des dossiers) !! L’ANPE s’étonne qu’une personne avec un tel CV ne trouve pas d’emploi…..
Notre avocate a relancé plusieurs fois la demande auprès du procureur, sans aucun succès. Si notre dossier est vide, nos plaintes non justifiées, pourquoi cette affaire prend donc autant de temps, pourquoi la partie adverse s’acharne donc autant contre nous, il parait évident que certaines choses dérangent…..
Ce qui est clair par contre, c’est qu’on laisse pourrir la situation et on donne le temps à la partie adverse de nous détruire et de cacher tous les éléments du dossier. Le harcèlement moral continue de plus belle avec l’indifférence de la justice. D’autant plus que ce n’est pas le seul contentieux que Nestlé a en date d’aujourd’hui.
S’il faut plus de 5 ans pour juger un licenciement abusif, comment font financièrement les familles pour tenir pendant cette durée ? C’est tout simplement impossible, et on se trouve dans une autre forme de chantage. Il est donc impossible de se défendre en France. De plus, nous constatons que le dossier est instruit à décharge, et que l’on recherche tout ce qui peut être compromettant à l’encontre des plaignants avec des écoutes téléphoniques et des pressions sur tous les besoins élémentaires.
J’ai personnellement construit un dossier, où des témoignages sous serment, des preuves écrites (ex : e-mail), contrats, documents licites …… , soit près de 400 pages .
Faut-il attendre 10 ans, ou 20 ans pour connaître la vérité sur des dossiers avec des preuves aussi évidentes ?
Je demande des éclaircissements sur ce dossier, et si un jour il pourra être traiter convenablement par notre justice.
Nous devons passer le 2 mars 2009 à 14h30 au prud’homme de Montbrison, s’il n’y a pas encore de report injustifié. Il est clair, que nous sommes bien loin des comparutions immédiates.
Nous nous demandons, qui peut faire contre poids face au multinationale comme Nestlé ?
Je reste à votre disposition pour des informations complémentaires dont vous auriez besoin. Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.
Thierry DUBOIS