Il est 8h15, le 6 août 1945 à Hiroshima lorsqu’à 600 mètres d’altitude explose une bombe de 4,5 tonnes, longue de 4,30 m et d’un diamètre de 76 cm. A l’éclair foudroyant succède une boule de feu d’un kilomètre de diamètre, puis une terrible onde de choc. En quelques secondes, une gigantesque colonne de fumée s’élève jusqu’à 12 000 mètres d’altitude. Au sol, une ville entière a cessé d’exister; 75 000 personnes meurent sur le coup, 50 000 autres disparaîtront dans les semaines suivantes.
Quand, le 8 août 1945, Albert Camus, dans un éditorial de Combat, constate qu’«il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques», il se fait, sans le savoir, l’écho de l’effroi du général américain Thomas Farrell, qui, sidéré par l’explosion du 16 juillet au Nouveau-Mexique, évoqua «un coup de tonnerre […] qui nous révéla que nous étions de petits êtres blasphémateurs qui avaient osé toucher aux forces jusqu’alors réservées au Tout-Puissant». Ce que Kenneth Bainbridge, directeur du test, avait commenté de façon nettement moins littéraire: «A partir de maintenant, nous sommes tous des fils de pute.»
Source : http://www.letemps.ch/Page/Uuid/e9a532bc-3b96-11e5-9458-9f31f164eeae
Image : Des travailleurs japonais des raids aériens transportent une victime après l’explosion d’Hiroshima, le 6 août 1945. Archives via Reuters.
A lire :
Journal d’Hiroshima. De Michihiko Hachiya. Traduit par Simon Duran. Editions Tallandier, 2015.
Extrait :
2007-2012 : Accroissement de l'écart capital-travail en Suisse
Dans une de ses nouvelles du jour, RTS info titre «Les inégalités de salaire on un peu diminué en Suisse entre 2007 et 2012». Ce titre illustre la manière dont il est possible de masquer l’essentiel de l’information. Dans le cas présent, le fait que l’écart entre le capital et le travail s’est accru en Suisse entre 2007 et 2012.
Ainsi en lisant vraiment la nouvelle, on apprend que si le cinquième de la population la moins payée est passée de 1,6% à 1,5% des revenus soit une très très légère diminution, le cinquième le mieux rémunéré croit lui de 0.8% soit une évolution bien plus significative.
Plus significativement encore, dans cette fourchette-là, ce sont les détenteurs de capital, c’est-à-dire les rentiers ou les héritiers, qui touchent les «dividendes» de cette croissance au détriment des salariés ! En effet, la nouvelle indique également que
«Les millionnaires qui doivent leur prospérité à leur fortune sont nettement plus nombreux, approchant les 250’000, soit un gain de plus de 10% entre 2007 et 2011.»
L’article précise encore que
«Le nombre de millionnaires qui génèrent leur richesse via leur rémunération a reflué de 1,1% à 5701.»
Un titre plus juste consisterait à titrer : «L’écart capital-travail s’est accru en Suisse entre 2007 et 2012».
Pour finir, cerise sur le gâteau, il faut souligner également que «la classe moyenne a vu sa part du total baisser de 0,7 unité, alors que son taux dans la population ne reculait que de 0,3 point». Cependant, dans la mesure où les impôts sur la fortune sont bas en Suisse et non progressifs contrairement à l’impôt sur les revenus, la classe moyenne portera toujours plus le poids, en proportion, de l’effort fiscal. C’est un des autres effets de l’accroissement de l’écart entre les revenus du capital et ceux du travail !
Nous vivons vraiment dans le «Meilleur des Mondes».
La source de l’info : http://www.rts.ch/info/economie/6981526-les-inegalites-de-salaires-ont-un-peu-diminue-en-suisse-entre-2007-et-2012.html?rts_source=rss_t
1er août : Allocution du syndic
Avec Nicoletta Mariolini, déléguée fédérale au plurilinguisme et oratrice du 1er août à La Tour-de-Peilz
Lors de la partie officielle du 1er août à La Tour-de-Peilz, le discours du syndic présente l’orateur du jour choisi par la municipalité. En ce 1er août 2015, l’oratrice était Nicoletta Mariolini, déléguée fédérale au plurilinguisme. Voici donc mon texte de présentation. J’en profite pour vous souhaitez une excellente journée.
Chers invités,
Chers amis,
A mon tour de vous saluer et de vous souhaiter la bienvenue à l’occasion de la Fête nationale.
Après Mme Burgener, ancienne syndique de Thalwil, l’année dernière, nous souhaitions inviter un ou une représentante du Tessin. Ce canton à la fois si proche de nous dans ses origines latines et si lointain dans certaines des problématiques qu’il a à affronter, notamment s’agissant de ses relations avec le voisin italien.
C’est ainsi que nous avons contacté Nicoletta Mariolini qui a d’autant plus rapidement répondu à notre sollicitation que la commune de La Tour-de-Peilz ne lui est pas étrangère, elle qui a passé plusieurs années à Lausanne.
Mme Mariolini travaille et vit entre Berne et Lugano. Son activité professionnelle est unique en Suisse puisque, en 2013, elle a été nommée, par le Conseil fédéral, à la fonction de déléguée fédérale au plurilinguisme.
Après une première activité professionnelle dans le milieu bancaire et un séjour à l’étranger, Nicoletta Mariolini a obtenu une licence en sciences économiques à l’Université de Lausanne. Elle s’est spécialisée en économie de la santé et a décroché un master en médiation sociale à l’Université Cattolica de Milan.
Elle a ensuite collaboré avec l’Université de Lausanne et la fondation Addiction Suisse, puis avec l’AVDEMS, l’Association vaudoise d’établissements médico-sociaux.
Entre 1998 et 2004, elle retourne au Tessin où elle a été chargée de la mise en œuvre de la politique cantonale d’aide et de soins à domicile.
De 2004 à 2012, Nicoletta Mariolini a siégé au sein de l’exécutif de la ville de Lugano. Elle a été responsable du Département de l’éducation ainsi que du Département de l’intégration et de l’information sociales de la ville.
De 2007 à 2013, elle a été députée au parlement cantonal tessinois, membre de la commission de gestion et des finances.
Fille d’immigrés italien, Mme Mariolini écrit sur son site internet qu’elle est l’unique Mariolini en Suisse, au Tessin et à Lugano. Elle est l’unique Suissesse de sa famille. Elle est la première à avoir étudié.
« Cette histoire, poursuit-elle, est l’histoire de beaucoup de personnes pour les difficultés économiques, les souffrances, la migration, l’accès à la formation et au travail. Et à l’inverse, c’est l’histoire d’un petit nombre pour les occasions inattendues. Comme celle d’être élue municipale (à Lugano) ».
En tant que déléguée au plurilinguisme, Mme Mariolini veille à l’application de la loi sur les langues et soutient ainsi le Conseil fédéral et les départements dans l’accomplissement de leurs tâches. Une mission qui relève peut-être du sacerdoce, car, même si le site de la Confédération affirme que c’est à l’administration de s’adapter aux minorités linguistiques et non l’inverse, les Alémaniques restent encore et toujours largement surreprésentés au sein de cette administration.
Quoi qu’il en soit, Nicoletta Mariolini est la bonne personne pour évoquer, en ce 1er août 2015, le formidable atout que constitue le plurilinguisme pour notre pays et ses citoyens.
Chère Nicoletta, à titre plus personnel, c’est un vrai plaisir que de t’accueillir à La Tour-de-Peilz. En effet, nous avons eu la chance de nous côtoyer sur les bancs de l’Université en suivant quelques cours d’économies en commun. Quelques années plus tard, à l’occasion d’une réunion d’anciens élèves de ta volée, nous avons eu une nouvelle occasion de nous rencontrer et d’échanger fort agréablement. Par la magie des réseaux sociaux nous avons ensuite gardé contact jusqu’à ce jour.
Mme Mariolini, chère Nicoletta, je te souhaite encore la plus cordiale bienvenue parmi nous et te cède maintenant très volontiers la parole pour le discours officiel du 1er Août.
Lyonel Kaufmann,
Syndic
Euro : Une gouvernance économique aveugle
Les dirigeants de la zone euro ont imposé un accord aux conditions encore plus dures, punitif et humiliants aux Grecs. Mais la défaite d’Alexis Tsipras résonne comme une défaite pour toute la zone euro, une défaite pour les populations et une victoire pour Wolfgang Schäuble, une victoire du monde de la finance et les idéologues du libéralisme et une victoire pour tous les Eurosceptiques. Une certaine idée de l’Europe, celle d’une Europe démocratique, sociale et solidaire, est définitivement morte…
Gouvernance économique aveugle
La gouvernance économique de la zone euro – jadis tant souhaitée par les gouvernements français – existe donc bel et bien, et ne souffre aucune exception, fût-elle la plus modérée. Aussi, qui veut la remettre en cause devient un adversaire de l’euro. La diabolisation de Syriza pendant six mois l’a prouvé. Ce parti n’a jamais voulu renverser l’ordre européen, le gouvernement grec a rapidement fait de larges concessions (que l’on songe à l’accord du 20 février). Mais sa demande d’une approche plus pragmatique dans le traitement du cas grec conduisait à une remise en cause de la vérité absolue de la logique « austéritaire » décrite plus haut. Il fallait donc frapper fort pour faire cesser à l’avenir toute velléité de remise en cause de l’ordre européen établi. Il y a dans cette Europe un air de « Sainte Alliance » de 1815, révélé désormais au grand jour. Comment autrement expliquer cet acharnement face à Athènes ce week-end, cette volonté de « vengeance » ? Alexis Tsipras avait cédé sur presque tout, mais ce n’était pas assez, il fallait frapper les esprits par une humiliation supplémentaire.
– via La Tribune
A méditer : L’Europe politique en danger de mort
Dans le psycho-drame grec des derniers jours, épilogue de quatre années de tragédie aux torts largement partagés, il se rejoue le même sujet : réponse politique ou réponse comptable ?
François Hollande a eu raison – mieux vaut tard que jamais – de choisir la réponse politique et de la porter haut et fort, au risque d’un sérieux hiatus avec l’Allemagne.
Si les dirigeants européens n’étaient pas capables, dans les prochains jours, heures peut-être, de choisir une réponse politique au problème posé par la Grèce, en y ajoutant toutes les garanties nécessaires pour que les questions économiques et financières trouvent des réponses crédibles et humaines, alors cette Europe aura tourné le dos à sa propre histoire.
Et ils auront pris le risque de voir monter, au-delà de tout ce que nous connaissons aujourd’hui, les forces populistes et nationalistes qui n’attendent que ça ; avec tous les risques que cela comporte.
– Source : Rue89