Ainsi que le relate le journal 24Heures (Widmer-Schlumpf affiche la taille patron – 6 mai 2008) de ce jour, plus de 1000 personnes sont venus écouter et ovationner Mme la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf à Dorigny-Lausanne où elle était invitée par Philippe Leuba (joli coup de pub pour ce dernier au passage).
Un vrai succès populaire oui, un succès populiste non pour Mme Widmer-Schlumpf. Et c’est bien là toute la différence entre une femme ou un homme d’Etat et un chef de bande venu pour vampiriser à son profit le pouvoir.
Toute la différence aussi qui explique, mieux que toutes les théories du complot, les raisons de l’éviction du chef de bande du Conseil fédéral en décembre 2007.
Toute la différence également entre une UDC conservatrice —car sans surprise, Mme Widmer-Schlmpf a démontré hier par ses propos qu’elle était en tout point une conseillère fédérale de la droite (très) conservatrice— et une UDC nauséabonde —celle qui produit des affiches de campagne dignes des partis fascistes des années 1930— aux tendances internes eugénistes et totalitaires.
Toute la différence encore entre une population qui à 70% n’a pas voté en 2007 pour l’Unique Blocher Partei et un parti qui, parce qu’il atteint 30% de l’électorat, estime incarner à lui tout seul la Suisse et a des prétentions politique hégémoniques et non-démocratiques.
Toute la différence enfin qui explique la haine et le ressentiment de l’éconduit de décembre et de sa clique. Plus que tout, pour l’éconduit, il y a cette insupportable éviction par une femme et une femme rayonnante, taille patron authentique, qui désormais le pousse vers l’ombre.
Et si dans le fond ce n’était pas cette ombre qui désormais le recouvrira petit à petit qui expliquait cet acharnement, cette furreur, voire cette haine, du tribun zurichois et de sa faction à l’égard de Mme Widmer-Schlumpf?
Chronique du règne de Nicolas 1er
J’ai appris à connaître et à apprécier Patrick Rambaud au travers de sa chronique du règne de Napoléon Bonaparte et plus particulièrement de son livre La Bataille. Mais Patrick Rambaud est également un pasticheur et un pamphlétaire de talent. Sa dernière livraison revient sur les huit premiers mois du règne de Sarkozy Ier et c’est décapant. Promis, juré.
Un extrait (p. 28):
« Notre Impérieux Souverain n’utilisait pas les menteries ordinaires qui tissent une politique: au lieu de promettre, il affirmait, et en affirmant des choses différentes aux différents groupes auxquels il s’adressait, il pratiquait un brouillage fort déconcertant. Avant même qu’elle fût mise en oeuvre, une affirmation contraire venait recouvrir la première, qui en était oubliée avant que des malotrus pussent la contester, s’en moquer ou s’en indigner. »
Ce billet fait écho au billet (Putain un an! Autopsie d’une débâcle annoncée).
Voir aussi mon précédent billet sur le livre.
Putain un an! Autopsie d'une débâcle annoncée
4 mai 2007 – 4 mai 2008: un an déjà de Nicolas Sarkozy Président pour un résultat attendu: les Français n’en veulent déjà plus!
Mais pourquoi un tel résultat attendu?
C’est déjà et bien sûr le grand écart entre les promesses du candidat et la politique mise en oeuvre depuis. La démagogie a ses limites et Nicolas Sarkozy les a atteintes très rapidement. La vidéo ci-dessous les énumère (Source: Mouvement des Jeunes socialistes de Meurthe et Moselle):
Mais c’est aussi le résultat d’un malentendu: les raisons pour lesquelles une majorité de Français avait voté pour lui. Si le candidat disait vouloir et incarner l’esprit de réforme, de changement pour la France, la radiographie de ses électeurs démontraient des motivations de vote à l’opposé. Un électorat âgé, crispé sur les questions de sécurité et à sécuriser sur les questions de retraite. Comme je le disais dès le 7 mai:
«C’est donc essentiellement la France qui ne se lève plus pour aller travailler qui trouve que les autres ne le font pas assez et qui fait pencher la balance…» (Les jeunes avec Ségolène Royal, les vieux avec Nicolas Sarkozy – 7 mai 2007)
Ce hiatus se retrouvait d’ailleurs lors des législatives (Villes symbole de modernité – UMP symbole de ruralité – 19 juin 200)
Puis, sur une série de question telle la laïcité ou l’histoire, Nicolas Sarkozy a montré son vrai visage: celui non pas d’un libéral, mais d’un réactionnaire que n’aurait pas renié Charles Maurras et l’Action française:
- Le sermon frelaté du Chanoine Sarkozy au Vatican – 2 janvier 2008
- La droite française attaque les manuels d’histoire-géographie – 21 janvier 2008
- Nicolas Sarkozy et l’école : le retour au phonographe à grand-papa – 22 février 2008
Sur le plan économique et non moral, ce dernier point n’est pas sans importance puisque Nicolas Sarkozy finit même par décevoir au sein des instances patronales…
Enfin ses frasques matrimoniales ont fini de détourner de lui l’électorat de droite tenant de l’ordre moral et du conservatisme.
Ainsi à force de vouloir plaire à tout le monde, Nicolas Sarkozy en une année a réussi à se mettre, une fois ou l’autre, chacun à dos. Elu par 53% des électeurs, les sondages le montrent aujourd’hui au fond du trou et ils ne sont que 28% a être satisfait de sa politique et que 30% à penser qu’il terminera son mandat sans crise majeure alors que 62% pensent qu’une grave crise éclatera d’ici la fin de son mandat et que 55% ne souhaitent pas qu’il se représente en 2012 (Source: Lait d’Beu).
Courez au 40e Anniversaire du Blonay-Chamby!
Hier avait lieu la journée officielle du 40e anniversaire du Blonay-Chamby, musée vivant du chemin de fer de préférence à vapeur. Lancé en 1968, non pas avec des pavés, mais avec l’enthousiasme de bénévoles, dont un bon nombre de cheminots, ce musée est tout simplement remarquable et un petit miracle.
Profitez donc de ce week-end de l’Ascension ou de celui de Pentecôte pour profiter des festivités de ce 40e anniversaire. Ainsi aujourd’hui, vous aurez l’occasion d’admirer la parade de 7 locomotives à vapeur dont certaines sont sur place uniquement pour l’occasion. Voici le programme des festivités.
Pour vous mettre l’eau à la bouche, si besoin était encore, voici un diaporama de photos prises lors de cette journée officielle:
La longue traîne des primaires démocrates: bénéfique ou non?
Voilà mon premier billet publié suite à une première info publiée sur mon twitter:
Sondage: 67% des démocrates pensent que la longueur de la campagne ne fait pas de tort au parti, voire qu’elle lui est bénéfique.
Et qui a suscité la réponse suivante:
@lyonelkaufmann et toi tu en penses quoi? c’est bénéfique ou non? D’après moi c’est terriblement contre-productif…
Mais voilà, ma réponse sera publiée ici, car elle fait plus de 140 caractères… N’empêche la vitesse de diffusion/réaction a été fulgurante sur twitter et incomparablement plus réactive par rapport à la publication de n’importe lequel de mes billets sur politis… Bon mon avis maintenant.
En préambule, il me faut replacer cette question en fonction de la situation dans laquelle se trouve les démocrates. Depuis janvier, il y a deux candidats qui n’arrivent pas à faire la différence définitivement et que les électeurs démocrates non plus n’arrivent pas à départager. Plus embêtant chacun de ces candidats clive l’électorat:
- d’un côté, Hillary Clinton attire les électeurs plutôt âgés et les cols bleus, soit les représentants des classes moyennes fortement touché par la crise industrielle américaine et fragilisé par la concurrence internationale;
- de l’autre côté, Barack Obama attire lui l’électorat des jeunes et celui des Noirs.
Quelque soit le choix définitif du Parti démocrate, il faudra que le ticket réussisse à récupérer l’électorat du perdant de la primaire. Quelque soit la longueur de la campagne. En même temps, les primaires doivent permettre de mobiliser un maximum d’électeurs potentiels. L’art consistant ensuite à les garder mobilisés pour la générale. L’équation est ici simple: combien de temps et jusqu’à où le ressentiment des supporters du candidat-e défait-e subsistera-t-il? La question est difficile actuellement à trancher, car évidemment les supporters sont en pleines mobilisation pour leur candidat-e et ne saurait être en mesure d’accepter la défaite de son poulain et les sondages reflètent cet état d’esprit en montrant un fort pourcentage de désaffection si leur favori n’est pas choisi.
Le dilemme existe aussi en fonction de deux catégories d’électeurs qui pourraient faire la différence en novembre en faveur du candidat-e démocrate. A nouveau, chacun des candidats attire une de ces catégories: les cols bleus pour Hillary Clinton, les jeunes pour Barack Obama. Ici, l’équation est : lequel de ces électorats est le plus volatile. Dans la configuration actuelle et par rapport à la dernière présidentielle américaine, il paraît plus dangereux pour le parti démocrate de s’aliéner l’électorat col bleu, car il ira de toute façon voter… Actuellement, il apparaît que le vote de l’Indiana est crucial tant pour Hillary Clinton que pour Barack Obama. Pour ce dernier, après ses gaffes à leur égard qui l’ont très largement desservi en Pennsylvanie, si cette désaffection persiste, elle sera un obstacle quasiment infranchissable pour l’élection générale de novembre puisque à cette désaffection s’ajoutera à la frange de l’électorat blanc qui ne votera jamais pour un candidat noir. L’électorat jeune ne pourra pas à lui seul compenser cette double désaffection, mais une seule oui.
Si les deux candidats n’arrivent pas à faire la différence, c’est aussi parce que le dilemme des électeurs est le résultat de la spécificité des deux candidats: une femme et un Noir. Qui de la misogynie ou du racisme est le plus fortement ancré dans l’électorat? Sous cet angle, la longueur de la campagne permet, à mon avis, de mieux jauger cette attitude de l’électorat. Jusqu’à récemment, ce dernier paraissait être plus misogyne que raciste, mais il me semble qu’imperceptiblement plus la campagne avance et plus elle joue contre Barack Obama. Si cette tendance se confirmait, elle serait très gênante, car elle ne pourra qu’augmenter d’ici novembre.
Enfin, je suis d’avis qu’il n’est pas si négatif que les attaques se produisent pendant les primaires et entre candidats démocrates. Je sais que cela peut paraître curieux et aller en contre-sens des analystes actuels. Pourtant je tiens à mettre en évidence deux éléments:
- comment penser que le candidat qui ne pourrait résister que difficilement à ces attaques durant les primaires pourrait mieux le faire en novembre face au candidat et à la campagne républicaine?
- plus ces éléments-là sont mis en avant durant les primaires, plus il sera difficile aux républicains d’amener de nouvelles choses dans un style de campagne qui est extrêmement mobile et fluide ce qui nécessite d’amener constamment de la matière nouvelle qui plus est face à un-e candidat-e qui aura déjà su s’en sortir.
Par contre, dans les faits, plus la campagne traîne plus elle joue en défaveur de Barack Obama, car il perd toute la fraîcheur, la nouveauté et le sentiment d’un nouveau style politique qu’il incarne depuis le début de la campagne. Mais peut-on dire pour autant que ce qui joue en défaveur de Barack Obama joue automatiquement en défaveur du parti démocrate? Certainement que oui pour les supporters d’Obama, évidemment non pour les supporters d’Hillary Clinton…