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politis.ch

Regard sur la politique par Lyonel Kaufmann, socialiste boéland*

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Lyonel Kaufmann

novembre 24, 2010 by Lyonel Kaufmann 7 commentaires

«Potiche» : comédie de boulevard ou critique sociale ?

Suffit-il de deux répliques et d’une coupe de cheveu à la Bernard Thibault de Gérard Depardieu pour que l’adaptation cinématographique d’une pièce de boulevard soit hissée au rang de critique sociale de l’hyperprésident Nicolas S. et permette de dresser un tableau de comparaison entre celui-ci et la présidence de Valéry Giscard d’Estaing?
Dans Potiche de François Ozon, actuellement en salles, Fabrice Luchini incarne un patron giscardien —le film se déroule en 1978— qui, séquestré par ses ouvriers, lance un «Casse-toi pov’ con» très sarkozyen. Pour sa part, Gérard Depardieu, interprète un député-maire communiste et ancien amant de Catherine Deneuve, la femme de Fabrice Luchini. Il a la coupe de Bernard Thibault le secrétaire général de la CGT:
depardieu_potiche.jpg

Gérard Depardieu dans «Potiche» de François Ozon

BERNARD_THIBAULT.jpg

Le «modèle» Bernard Thibault, secrétaire de la CGT
Dans ses interviews, le réalisateur François Ozon ne cache pas sa volonté d’entrechoquer les années Giscard avec l’actualité récente et notamment lorsqu’on l’interroge sur l’origine de son film:

L’élément déclencheur a été ma rencontre avec les producteurs Eric et Nicolas Altmayer. Ils voulaient faire un film sur Nicolas Sarkozy. Moi, je n’en avais pas vraiment envie, ou alors sur Cécilia…
Mais la fin des années soixante-dix a bien des ressemblances avec la nôtre. Il y avait de fortes tensions sociales, des séquestrations de patrons, un président, Giscard d’Estaing, qui voulait moderniser la politique. La différence, c’est que le Parti communiste était alors à 20 %… L’idée, c’était de garder un ton de comédie, avec un petit quelque chose de plus… (Cinéma François Ozon : « Une énorme violence sociale… »)

La réunion de Catherine Deneuve et Gérard Depardieu permet alors à Ozon de reformer le couple de la bourgeoise et du prolo des films de Truffaut. (Dans Le Dernier métro par exemple) Et, le rapport à l’actualité concernant la coupe de Gérard Depardieu est également assumé par François Ozon:

Objectivement, [Gérard Depardieu] m’a surpris ! Il existe vraiment dans le personnage de Babin, le député-maire PC, mais aussi un type transi d’amour, prêt à abandonner la Révolution pour un amour de jeunesse. Il a même accepté une coiffure à la Bernard Thibault. (Cinéma François Ozon : « Une énorme violence sociale… »)

A partir de ces éléments-là, pour Slate.fr, le rapprochement entre Nicolas S. et Valéry Giscard d’Estaing et les deux époques ne s’arrête pas à ce récent écho cinématographique. Et ce rapprochement donne lieu à une interrogation : Rupture, style, impopularité, affaires… Et si Nicolas Sarkozy était le nouveau Giscard? (Nicolas Sarkozy, un Giscard destin?)
Mais peut-on hisser un cinéma de boulevard au rang de critique sociale? Et François Ozon en intellectuel du dépassement du capitalisme ? Lui-même ne va pas si loin et, au final, la seule porte ouverte au changement porte sur la place des femmes dans la société:

Dans le théâtre de boulevard, on joue avec toutes les transgressions possibles – sociales, familiales, affectives, politiques – mais à la fin, tout le monde retombe toujours sur ses pattes. Les bourgeois ont envie de rire et de se faire peur, mais à condition que tout finisse par rentrer dans l’ordre. Dans mon adaptation, j’ai essayé que les choses bougent et se transforment vraiment : Suzanne trouve finalement une réelle place en tant que femme dans la société, l’ordre patriarcal est véritablement bafoué et le fils est vraisemblablement incestueux… (Entretien avec François Ozon)

De plus, certaines clés manquent au spectateur moyen pour s’engager plus loin dans la critique sociale tant du giscardisme que du sarkozysme. Pour autant également que François Ozon les ait également insérées délibérément. Ainsi à la fin du film, alors que Suzanne (Catherine Deneuve) gagne l’élection à l’Assemblée nationale au détriment du député communiste Babin (Gérard Depardieu), cette dernière entonne un « C’est beau la vie »:

« C’est beau la vie », la chanson chantée par Suzanne à la fin du film, a été écrite par Jean Ferrat dans les années 60 pour Isabelle Aubret, qui avait survécu à un grave accident de voiture. L’utiliser dans un cadre plus politique, à la fin du meeting, me semblait lui donner une autre dimension, après avoir suivi le parcours de Suzanne et son émancipation. (Entretien avec François Ozon)

Mais c’est passer à côté d’une réalité plus sombre de ces années Giscard concernant Isabelle Aubret. En effet, dans ses années-là et jusqu’à l’arrivée de François Mitterand en 1981, cette dernière est boycottée par les médias en raison de ses amitiés d’extrême-gauche:

Mais on ne la voit jamais à la télé et ses amitiés d’extrême gauche font d’elle une artiste boycottée par les médias et en particulier par les producteurs des émissions de variétés les plus populaires du moment. (Isabelle Aubret. RFI)


Quel est alors le sens de faire interpréter cette chanson par une (grande) bourgeoise qui vient juste d’être élue sous l’étiquette « indépendante de droite » en battant un élu communiste?
Pour finir, la critique sociale portée par «Potiche» en prend un sacré coup lorsque la réalité de l’automne 2010 rattrape le film. On y voit alors un Gérard Depardieu débarrassé de sa coupe syndicale et taclant, depuis Abou Dhabi dans les Emirats arabes unis où il présente le film, son «modèle»:

Ce qui se passe aujourd’hui en France est ridicule. Il s’agit d’une manipulation de la part des syndicats. (Retraites: le mouvement de protestation est « ridicule », pour Depardieu)

En 2010, le député-maire communiste Babin a viré pour le moins sarkoziste et sa marionnette se fait prendre à partie sur son scooter dans les manifestations parisiennes par des délégués syndicaux CGT. (Depardieu dans le défilé parisien… malgré lui) En ce sens, le film de François Ozon retrouve son genre: celui du théâtre de boulevard…

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novembre 23, 2010 by Lyonel Kaufmann 5 commentaires

Il y a vingt ans: Dürrenmatt comparait la Suisse à une prison

Rüschlikon, le 22 novembre 1990: Un discours mémorable du dramaturge suisse à l’occasion de la remise du prix Gottlieb Duttweiler à Václav Havel. Trois semaines après son étonnant discours, Friedrich Dürrenmatt décédait. C’est un testament qu’il vaut la peine de relire que nous propose Domaine public.

«Si bien qu’à votre grotesque tragique, on peut comparer aussi le grotesque suisse: il s’agit d’une prison, assez différente évidemment de celles où l’on vous a jeté, cher Havel, une prison où les Suisses se sont réfugiés». Et le dramaturge d’enchaîner avec une vaste description déroutante de Suisses qui sont tous prisonniers, mais également tous gardiens, afin qu’ils se sentent tout de même libres. Lire la suite… >>

via Domaine Public | Articles

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novembre 14, 2010 by Lyonel Kaufmann 1 commentaire

Les Brèves de la semaine écoulée

Chaque semaine, les Brèves de la semaine font office de petit zinc de mon actualité politique (nouvelles, brèves) de la semaine écoulée. Elles regroupent les conversations de politis.ch sur Twitter, des extraits de publications ou images retranscrites sur Tumblr. et mes lectures trouvées sur la toîle, commentées et conservées sur Delicious. Certains éléments donnent lieu ensuite à des billets en bonne et due forme ici, d’autres non. Bonne lecture.

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Je publie: Les Brèves de la semaine écoulée – Chaque semaine, les Brèves de la semaine font office de petit zinc de … http://ht.ly/19QwlV [PolitisCh]
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novembre 7, 2010 by Lyonel Kaufmann 1 commentaire

Les Brèves de la semaine écoulée

Chaque semaine, les Brèves de la semaine font office de petit zinc de mon actualité politique (nouvelles, brèves) de la semaine écoulée. Elles regroupent les conversations de politis.ch sur Twitter, des extraits de publications ou images retranscrites sur Tumblr. et mes lectures trouvées sur la toîle, commentées et conservées sur Delicious. Certains éléments donnent lieu ensuite à des billets en bonne et due forme ici, d’autres non. Bonne lecture.

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novembre 4, 2010 by Lyonel Kaufmann 2 commentaires

Barack Obama : une raclée justifiée?

Après les résultats des élections du mid-term, Barack Obama en conversation téléphonique avec le républicain John Boehner, futur speaker de la Chambre des Représentants. (Official White House Photo par Pete Souza)


A la veille des élections de mi-mandat, Médiapart ((Obama: le mirage et la route parcourue article réservé aux abonnés)) soulignait que

la vraie spécificité du 44e président des États-Unis, ce sont les attentes qu’il a suscitées, chez ses électeurs, mais aussi chez tous ceux qui l’observaient depuis l’étranger. De son prédécesseur, George W. Bush, personne n’attendait rien, sauf la réédition d’une présidence modérée comme celle de son père. Il a radicalement surpris. D’Obama, on attendait tout, et peut-être même davantage. Il n’était pas «juste un autre candidat qui fait des promesses». Il était ce curieux mélange de figure historique réincarnée (Martin Luther King, John F. Kennedy, Woodrow Wilson) et de super-héros implacable dont le pouvoir consiste à soulever les enthousiasmes grâce à un slogan : «Yes we can !». C’est pour cela que, lorsqu’on examine aujourd’hui son bilan, l’amertume prime.

Considérant que la critique de droite de Barack Obama existe, mais que ses arguments ne sont pas très intéressants, Médiapart a été du côté voir de la gauche pour tenter de se faire une idée plus juste du bilan d’Obama. Au final, le journal arrive à la conclusion qu’il y a deux camps :

Ceux qui estiment qu’Obama n’était de toute manière pas ce qu’il prétendait être (un grand réformateur), ou qu’il a manqué de courage et de convictions. Et puis il y a ceux qui estiment qu’il a été aussi loin qu’il pouvait dans les conditions actuelles, et que ses réussites sont significatives.

Dans le premier camp, Ari Berman, un jeune journaliste du magazine The Nation, note qu’

Obama n’a pas réussi la transition entre faire campagne et gouverner. Au lieu de s’appuyer sur le mouvement populaire qui l’avait porté, il l’a abandonné et a choisi de s’insérer dans le jeu washingtonien traditionnel.

Au niveau concret, cela s’est traduit par la recherche constante du compromis dans ses propositions au Congrès. Pour des bénéfices maigres… Dès lors, pour Thomas Frank, auteur de Pourquoi les pauvres votent à droite, n’aurait-il pas mieux valu pour Barack Obama «Tant qu’à se faire traiter de communiste, obtenir quelque chose pour sa peine».
Dans le camp des défenseurs de l’action politique de Barack Obama, ceux-ci dressent une liste de mesures progressistes qui, selon le journaliste Nicholas Lemann, «est bien plus importante que les efforts combinés de Jimmy Carter et de Bill Clinton»: réformes de l’assurance-santé et du secteur financier, mais aussi le plan de sauvetage de l’économie, les prêts d’urgence aux banques, l’élargissement des prêts étudiants, l’augmentation du salaire minimum, l’amélioration des performances énergétiques des automobiles, l’extension des allocations-chômage, le déblocage de prêts fédéraux pour les PME, le sauvetage de l’industrie automobile, les restrictions placées sur les lobbyistes, l’interdiction pour des entreprises ayant des arriérés d’impôts d’obtenir des contrats gouvernementaux…
Cependant,

En période de crise, Barack Obama a effrayé les conservateurs modérés et les centristes avec ses projets. Il a dû reculer et, ce faisant, il a perdu son aile gauche, sans pour autant s’attirer la reconnaissance de la droite modérée.

Sans amélioration économique, les deux prochaines années de sa présidence s’annonce donc particulièrement difficile pour Barack Obama. ((La bonne santé économique a été un facteur non négligeable lors de la réélection de Bill Clinton.))
Par ailleurs, maintenant que les résultats sont connus, John Dickerson, chef du service politique de Slate.com, observait ((Etats-Unis: l’heure des éléphants)) concernant les élus démocrates que

Ceux qui ont gardé leur poste à la Chambre des représentants sont plus libéraux [au sens américain du terme] et donc moins susceptibles de s’aligner sur les nouveaux élus républicains, plus conservateurs. Après avoir constaté que les plus traditionalistes étaient passés au premier rang dans le Grand Old Party en s’affirmant haut et fort, les progressistes pourraient être tentés d’appliquer la même méthode dans le camp démocrate.

A méditer certainement pour Barack Obama comme pour les socialistes suisses tentés par le social-libéralisme…

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*boéland : surnom donné aux habitants de La Tour-de-Peilz

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