Depuis la Révolution industrielle, la question se pose concernant l’innovation technologique de sa capacité de nuisance, principalement par rapport à l’emploi. Des conflits violents opposèrent même patrons et employés lors de l’introduction de machines. Jusqu’à présent, le réponse était généralement un «non» franc et direct, mais les choses sont peut-être en train de changer. C’est la discussion qu’engage un article de Slate.
Dans les années 1811-1812, un conflit industriel violent opposa employeurs et manufacturiers lors de l’introduction de métiers à tisser dans le West Riding, le Lancashire du sud, le Leicestershire et le Derbyshire. La lutte des membres de ce mouvement clandestin, appelés luddites ou luddistes, s’est caractérisée par le « bris de machines » et donna lieu à la création du terme de «luddisme» pour caractériser ce type de conflit. Le terme trouve son origine dans le nom d’un ouvrier anglais, John ou Ned Ludd (parfois appelé « Captain Ludd », « King Ludd » ou « General Ludd »), qui aurait détruit deux métiers à tisser en 1780. En fait, on ignore s’il a véritablement existé. Mais des lettres signées de ce nom ont été envoyées en 1811, menaçant les patrons de l’industrie textile de sabotage (fr.wikipedia.org).
Pour d’autres, l’innovation est un remède au marasme économique. Pour ceux-ci,
Certes, l’automatisation rend obsolètes certains emplois humains peu qualifiés, mais elle introduit aussi de nouvelles catégories d’emplois qui le sont à l’extrême, des ingénieurs aux gestionnaires d’équipement en passant par le secteur de la banque et du blogging. Son principal effet est d’augmenter la productivité, ce qui est supposé relever le niveau des revenus et stimuler la demande de nouveaux produits et services.
Cependant, depuis les années 1970, le capital a pris le dessus sur le travail (http://www.newrepublic.com/article/117429/capital-twenty-first-century-thomas-piketty-reviewed).
Aussi important peut-être, le XXIe siècle est témoin de l’avènement d’appareils bien plus intelligents, capables d’accomplir des tâches dont on pensait autrefois qu’elles ne pourraient jamais être automatisées.
Les logiciels d’aujourd’hui peuvent répondre à vos appels, organiser votre agenda, vous vendre des chaussures, vous conseiller un film et vous adresser des publicités ciblées. Les logiciels de demain diagnostiqueront vos maladies, écriront les articles de vos journaux et iront jusqu’à conduire votre voiture.
Ainsi même les professions intellectuelles hautement qualifiées risquent de se voir remplacer par des machines. Que se passerait-il également si ces appareils s’auto-entretenaient faisant disparaître les emplois autrefois créés pour accompagner leur arrivée ? Quels emplois humains resterait-il encore ?
Tout cela a ramené le concept keynésien de «chômage technologique» au centre des discussions des économistes. Le 6 août dernier, Pew Research et Elon University ont publié un rapport intitulé «AI, Robotics, and the Future of Jobs» [Intelligence artificielle, robotique et avenir des métiers]. 1 900 économistes, spécialistes de la recherche opérationnelle, analystes et autres théoriciens se sont vus poser une grande question: «Les applications d’intelligence artificielle automatisées et interconnectées et les appareils robotiques auront-ils fait disparaître davantage d’emplois qu’ils n’en auront créé d’ici 2015?»
Les résultats ? 48% des personnes interrogées estime que les logiciels intelligents détruiront davantage d’emplois qu’ils n’en pourront créer. L’autre moitié prédit exactement le contraire. Jamais le sujet n’a autant divisé la corporation…
Source : Et si l’innovation technologique nuisait à la société humaine ? | Slate.fr
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