Fragments discontinus de crise. Ecrits du bord de l’écran.
En 2008, je publiais mes premiers propos de crise et en 2010, je titrais dans un billet 1932 et 2010 : l’An III de la crise… En 2013, nous sommes donc en l’an VI de la crise. En 1935, il restait 4 ans avant que la Deuxième guerre mondiale ne débute.
En 1935, le cercle vicieux de la crise est à l’oeuvre: moins d’activité engendre moins de revenus, ce qui tend à comprimer la demande, donc l’activité. Ainsi, en France, le revenu national a baissé de 10% environ en francs constants entre 1930 et 1934, contre 20 à 25% en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, et 30% en Allemagne. Les effets de la crise sur le budget des Etats sont parfaitement chiffrables: tandis que les recettes publiques baissent chaque année, les dépenses s’accroissent, en raison du poids croissant des emprunts qui servent à combler l’écart entre les deux grandeurs.
Au niveau de la politique monétaires, les «dévaluateurs» (faire baisser la valeur de sa monnaie nationale) s’opposent aux «déflateurs» (faire baisser les prix). Avec la crise des années 19303, les dévaluations compétitives des grands pays industriels tendent à refiler la crise aux pays plus attachés à la stabilité monétaire. En 1935, la déflation frappa de manière générale la consommation en Suisse, dans la mesure où les consommateurs reportaient le plus longtemps possible leurs achats en escomptant une baisse des prix. La Dévaluation – intervenue tardivement le 26 septembre 1936 – vint infléchir la tendance déflationniste, elle rendit les entreprises suisses à nouveau plus concurrentielles.
En ce début 2013, les mauvaises nouvelles nous viennent de l’Organisation mondiale du travail (OIT). Ses prévisions n’augurent rien de bon puisque celles prévoient que pour la première fois le nombre de sans-emploi dans le monde dépassera les 200 millions.
Après une reprise de l’emploi en 2010, les places de travail disponibles ont à nouveau plongé en 2012 pour atteindre les 197 millions d’individus (+ 4,2 millions), soit 5,9% de la population active. Parmi les gens qui ont perdu leur travail en 2012, le quart d’entre eux vivaient dans les pays post-industrialisés. Les trois quarts de ces nouveaux chômeurs vivaient dans des pays en développement. Tous les continents sont touchés.
De plus, le chômage augmente malgré une remontée de la croissance de la production et l’OIT ne prévoit aucune amélioration à l’horizon 2017. En outre, lorsque de nouveaux emplois sont créés, ils sont devenus inaccessibles pour les chômeurs de longue durée. Pour leur part, les jeunes sont également particulièrement touchés par le chômage. Selon l’OIT,
«73,8 millions de jeunes sont au chômage dans le monde, et le ralentissement de l’activité économique va probablement pousser un autre demi-million de jeunes vers le chômage d’ici 2014».
La crise a fait apparaître un nouveau phénomène, relève l’OIT, celui des jeunes qui connaissent le chômage de longue durée, «dès leur arrivée sur le marché du travail».
Au rang des principaux coupables de cette péjoration de l’emploi mondial, l’OIT pointe les programmes d’austérité. Dans sa conférence de presse, le directeur de l’OIT, Guy Ryder, pointe également «les incohérences politiques», en «particulier dans la zone euro, avec une approche au coup par coup des problèmes», incohérences qui ont eu des répercussions sur les décisions liées à l’investissement, ce qui a ralenti la croissance d’emplois.
Depuis lors, la situation du chômage en Espagne vient confirmer la tendance. Au quatrième trimestre 2012, le taux de chômage s’affichait à 26%, contre 25% au trimestre précédent. Le chômage touche 5,97 millions de personnes. Ce taux représente plus du double de la moyenne de l’Union européenne. Parmi les chômeurs, les jeunes sont la population la plus touchée: 60% des Espagnols de moins de 25 ans pointaient au chômage durant le dernier trimestre 2012.
En France, celle-ci a connu en décembre sa 20e hausse consécutive du taux de chômage. 2012 aura été la deuxième pire année de l’histoire sur le front du chômage. Comment s’étonner dès lors qu’un Français sur deux considère aujourd’hui que «le déclin de la France est inéluctable» et que trois sur cinq voient dans la mondialisation «une menace pour la France». Par ailleurs, 87 % des sondés sont d’accord pour dire que l’«on a besoin d’un vrai chef en France pour remettre de l’ordre». Comme l’indique Michel Winock
«Les ingrédients du populisme sont là et dépassent l’électorat de Marine Le Pen.»
Contrairement aux années 1930, cette fois-ci le national-populisme autoritaire se retrouve seul face au modèle libéral. A moins qu’une véritable révolution sociale n’émerge.
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