Dans un passé fort récent, la relative mansuétude de l’ensemble de la classe politique valaisanne à l’égard de Christian Varone s’expliquait largement par les calculs politiques des uns et des autres dans la perspective des prochaines élections au Conseil d’Etat valaisan. Cependant les derniers événements risquent bien de bouleverser le scénario attendu.
En effet, en fonction du système politique valaisan, Christian Varone était une pièce maîtresse permettant le maintien du statut quo gouvernemental. Du même district et de la même commune (Savièse) qu’Oskar Freysinger, Christian Varone lui faisait barrage et assurait ainsi et dans la foulée l’élection de trois PDC et d’un socialiste.
On comprend mieux alors le soutien apporté à Christian Varone par Christophe Darbellay, président du PDC suisse, et de ses propos fort peu amènes à l’égard de Pascal Couchepin. D’autant plus que Christian Varone défend des valeurs fort conservatrices compte-tenu de l’histoire du Parti radical valaisan, valeurs qui le rendent très «pdc compatible». Pour leur part et pour la plus grande partie d’entre eux, les Socialistes valaisans se taisaient. On ne sait jamais.
Pour l’UDC et Oskar Freysinger, il était fort délicat de s’opposer trop frontalement à Christian Varone. D’autant plus, suivant le verdict des tribunaux turcs, qu’Oskar Freysinger peut en profiter et rafler la mise.
A la suite des derniers événements et éléments parus dans les médias, ce dernier scénario prend aujourd’hui du poil de la bête et redonne tout son crédit à Pascal Couchepin.
En effet, en premier lieu, le report de l’audience turque au 27 novembre prochain ne manque pas de poser le PLR devant un problème important : le facteur temps. D’autant plus si le jugement n’est pas prononcé à cette date. Le cas échéant, le PLR valaisan ne disposera pas d’un temps suffisant pour changer de candidat. En effet, même si la campagne officielle ne débutera pas avant le mois de janvier, les semaines qui viennent doivent permettre de profiler son candidat. Or, non seulement Christian Varone se terre dans le silence, mais il n’est pas possible de profiler son éventuel remplaçant. Sans parler du fait que les deux autres candidats des primaires sont désormais grillés pour la générale.
En second lieu, dimanche dernier, la presse turque évoquait une visite de Christian Varone à l’ambassade turque de Berne. La veille de son investiture par le PLR valaisan, il aurait évoqué l’arrière-plan politique et les futures élections cantonales valaisannes. Il aurait tenté d’influencer l’Etat et la justice turque en indiquant qu’une décision négative à son égard bénéficierait à Oskar Freysinger, un candidat hostile à l’islam.
Un épisode qui, pour le journal 24Heures de ce jeudi, pourrait bien sonner le glas de sa carrière politique si le candidat PLR au Conseil d’Etat ne s’explique pas. Or, Christian Varone a choisi le silence… Un fait paraît cependant établi: Christian Varone s’est bel et bien rendu à l’ambassade turque à Berne la veille de sa désignation.
De plus, ainsi que l’indiquait le journal Le Temps dans son édition de mercredi, le rapport réalisé le 10 septembre par des experts du Musée d’Antalya, semble suffisamment négatif pour condamner Christian Varone. Les deux experts auraient confirmé que la pierre est bel et bien un morceau de colonne d’époque romaine et que sa sortie de Turquie est interdite. Dans une affaire similaire, en 2009, un Français, Domanick Murugan, a été condamné à un an et quinze jours de prison ainsi qu’à une amende de 3000 lires turques (1600 francs) avec mise à l’épreuve durant cinq ans pour avoir emporté une pierre dite antique.
Pendant ce temps, Oskar Freysinger joue sur du velours et capitalise en affirmant vouloir respecter la présomption d’innocence de Christian Varone et en ne voulant pas croire que ce dernier ait lancé de telles accusations contre lui.
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