Après un an de présidence français sarkoziste, je rédigeais un billet intitulé Putain un an! Autopsie d’une débâcle annoncée. A la veille du premier tour de l’élection française 2012, le constat peut être multiplié par 5 et la campagne de 2012 confirme l’échec d’un quinquennat. Quelque soit le résultat de ce prochain dimanche, l’anti-sarkozysme forme le premier parti politique de France.
Comme je l’indiquais dès l’élection de Nicolas Sarkozy, son élection était le résultat d’un malentendu. En effet, si le candidat Sarkozy disait vouloir et incarner l’esprit de réforme, de changement pour la France, la radiographie de ses électeurs démontrait des motivations de vote à l’opposé. Un électorat âgé, crispé sur les questions de sécurité et à sécuriser sur les questions de retraite.
«C’est donc essentiellement la France qui ne se lève plus pour aller travailler qui trouve que les autres ne le font pas assez et qui fait pencher la balance…» (Les jeunes avec Ségolène Royal, les vieux avec Nicolas Sarkozy – 7 mai 2007)
Au delà des mots où Nicolas Sarkozy a dit une chose et son contraire, c’est sur une série de question telle la laïcité ou l’histoire que Nicolas Sarkozy a montré son vrai visage. C’est celui non pas d’un libéral, mais d’un réactionnaire que n’aurait pas renié Charles Maurras et l’Action française. En 2008, j’en citais quelques exemples:
- Le sermon frelaté du Chanoine Sarkozy au Vatican – 2 janvier 2008
- La droite française attaque les manuels d’histoire-géographie – 21 janvier 2008
- Nicolas Sarkozy et l’école : le retour au phonographe à grand-papa – 22 février 2008
Pire encore, ses frasques matrimoniales ont détourné une partie de son électorat droitier tenant de l’ordre moral et du conservatisme.
En une année, à force de vouloir plaire à tout le monde, Nicolas Sarkozy avait donc réussi à se mettre, une fois ou l’autre, chacun à dos. Comme Georges W. Bush en son temps, mais sans avoir l’opportunité d’avoir son 11 septembre pour retourner la situation en sa faveur. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé avec la crise économique et européenne. Cependant, la mayonnaise (ou les ficelles) ne prend pas. D’ailleurs, il joue toute sa campagne en espérant que l’anti-sarkozysme ne suffise pas à le faire battre et sur l’image «après moi le déluge» à propos de la crise économique qu’il ambitionne de transformer en lutte de civilisation. ((En cela aussi il se rapproche de son modèle Georges W. Bush))
S’ajoute encore, le concernant, toute une série d’affaires et de casseroles qui font passer l’affaire des diamants de Bokassa pour une aimable gaminerie de cour d’école.
Plus grave cependant, l’échec de la parole sarkozienne à se transformer en actes conformes à celle-ci plombe également la campagne présidentielle actuelle. A tel point que les projets globaux des candidats restent atones et que la campagne est transformée en référendum pour ou contre Nicolas Sarkozy. Tant le président que ses adversaires, pour des raisons différentes, jouent sur ce registre. Nicolas Sarkozy se raccroche à l’exemple de la réélection de Georges W. Bush. François Hollande, son principal adversaire, s’appuie sur la vague anti-syrkozyste autant que l’échec de la parole sarkozienne le retient de développer un vrai projet.
Dans tous les cas, le prochain président de la République française risque fort de se retrouver encore plus rapidement que Nicolas Sarkozy dans une impasse. Si c’est Nicolas Sarkozy, son élection ne résoudra pas le problème de l’anti-sarkozsyme, majoritaire en France, et les blocages ne manqueront pas. Si c’est un de ses adversaires, celui-ci ne sera pas tant élu sur son programme que par anti-sarkozysme. Les risques de blocage n’en seront donc pas moindre.
A demain…
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