Pour certains, le rachat d’Instagram par Facebook fait craindre l’apparition d’une nouvelle bulle internet. Mais ce rachat n’est-il pas plutôt l’illustration d’une forme d’esclavage à l’ère numérique et de la politique mercantiliste et colonisatrice du cyberspace social par les nouvelles Compagnies des Indes que sont Google ou Facebook?
Le rachat d’Instagram par Facebook marque les esprits par le montant déboursé de 1 milliard de dollars.
Ce montant joue avec une symbolique (le milliard). C’est aussi 1 milliard pour 30 millions d’utilisateurs inscrits, «vendus» au plus offrant. Tout cela pour une entreprise qui n’avait que 551 jours d’existence publique et 5 millions de clichés publiés chaque jour.
C’est aussi l’équivalent de 1,8 million de dollars de chiffre d’affaire journalier pour un service gratuit et ne gagnant rien par la publicité.
Est-ce pour autant le signe d’une nouvelle bulle internet?
En préambule, ce rachat ne concerne pas qu’internet, mais toute l’industrie du divertissement et de l’information qui se restructure sous l’impulsion du numérique. Ainsi, à titre d’exemple, Marcus Brauchli, le directeur de la rédaction du Washington Post, explique à Libération d’une part que «désormais Internet est le quotidien de référence» et présente, d’autre part, la politique en ligne du journal basée sur la gratuité qui doit lui permettre de développer sa base de lecteurs/utilisateurs. ((« Le quotidien de référence, c’est Internet »)) En elle-même, cette politique n’est guère différente de celle utilisée jusqu’à aujourd’hui par Instagram ou hier par Facebook.
N’est-ce pas plutôt l’illustration de l’existence d’un marché aux esclaves numériques?
Facebook et Google : nouvelles Compagnies des Indes ?
«L’acquisition d’Instagram pourrait valoir des dizaines de milliards de dollars si elle permet à Facebook de garder l’avantage et neutraliser Pinterest.»
Etre son propre maître ou choisir de qui nous serons l’esclave?
Dans ce contexte, pour l’internaute, il s’agit bien de maîtriser sa vie numérique et d’être son propre maître plutôt que de choisir de qui il sera l’esclave. ((Firefox ou Google Chrome: Etre son propre maître ou choisir de qui nous serons l’esclave?))
Comme je l’indiquai encore en janvier 2012 ((Le 10 applications web que j’utilise le plus))
J’ai toujours placé au centre de mes préoccupations la question de la maîtrise de cette dernière. Cette préoccupation concerne autant la question de la production de contenu, leur diffusion et leur archivage que celle de la collecte des informations, de leur mise en valeur et de leur conservation. Il en résulte que le choix d’applications Web doit notamment se faire en ayant à l’esprit leur durabilité et la possibilité qu’elles disparaissent du jour au lendemain. Dès lors, il est important soit de pouvoir dupliquer leurs données sur des espaces dont l’internaute est véritablement propriétaire, soit de pouvoir les sauvegarder sur son ordinateur. S’ajoute encore la nécessité lorsque c’est possible de privilégier le choix d’une solution OpenSource.
Si ajoute encore le fait que, du jour au lendemain, un service peut être racheté et vos données être reprises rapidement par un nouveau propriétaire que vous n’avez pas choisi.
La liberté est un bien trop précieux pour la remettre entre les mains de quiconque, fut-il même un maître bienveillant et attentionné. ((Firefox ou Google Chrome: Etre son propre maître ou choisir de qui nous serons l’esclave?))
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