Ce regard sur l’école primaire française est, à mon avis, tout-à-fait transposable à l’école vaudoise :
«A y regarder de plus près, la querelle paraît ubuesque : les pratiques des enseignants sont plus mélangées que les modèles auxquels les idéologues tentent de les réduire pour mieux les opposer. « Liberté contre autorité, activité contre passivité, intérêt contre ennui, expression contre récitation […], ces normes engendrent surtout de la critique et de la croyance », écrit le chercheur François Jacquet-Francillon, rappelant que « nous en disputons à la manière de théologiens, indifférents à l’égard des faits ». « Instructionniste » ou « constructiviste » ? « La majorité serait plutôt rien-du-toutiste », sourit Catherine Bonnet-Huby, […].
Chacun bricole donc sa méthode, en fonction de ses convictions, de son expérience. Patricia organise sa classe comme une « ruche intellectuelle » où les enfants, circulant librement, s’entraident par groupes de cinq ou six, et où elle se voit en « tisserand » entrelaçant les « fils » qui partent d’eux. Mais elle avoue qu’il faut « une bonne dose d’énergie » et « ne pas avoir peur du débordement ». Muriel considère au contraire que « ce n’est pas aux enfants de découvrir tout seuls » et qu’ils ont besoin de silence et d’immobilité pour bien travailler. Au-delà de leurs différences, Catherine, Muriel et Patricia se targuent d’obtenir d’excellents résultats – leur réputation auprès des parents n’est plus à faire. « Il n’y a pas de bonne méthode, il y a de bons maîtres », martèle Jean Ferrier. Les dernières études sur la réussite des élèves confirment l’importance de l’« effet maître » : la relation de confiance que l’enseignant établit avec ses élèves, sa passion, son investissement. »
Dans le débat actuel sur la votation du 4 septembre, c’est une école vaudoise actuelle fantasmée par des idéologues qui nous est régulièrement proposée et non une école telle qu’elle existe au quotidien des pratiques de classe des enseignant-e-s. Cela évidemment ne facilite pas le débat sur la manière de la faire évoluer.
D’ailleurs, quelque soit le résultat de la votation, ce n’est pas en proclamant que cette école devra être ceci ou cela qui suffira à ce qu’elle soit ceci ou cela.
Reste une question : laquelle des deux options proposées est la plus apte à nous permettre de vivre ensemble ? Laquelle clive et stigmatise le moins (enseignants, parents, enfants) ? Cela apparaît essentiel dans une société démocratique.
Source : Malaise dans l’école : la bataille du primaire – Le monde bouge – Télérama.fr.
Laisser un commentaire