
Dorothea Lange, Mère migrante (Migrant Mother), 1936
Marcel Gauchet: «Le communisme rendait fou, le néolibéralisme rend stupide» (vendredi 30 janvier 2009)
Intervenant lors d’une conférence à l’école des Hautes études en sciences sociales (Ehess) sur le thème « la crise financière : une approche politique », Marcel Gauchet est revenu sur la portée politique de la crise actuelle. Le site Marianne.fr a rendu compte de ses propos. Morceaux choisis:
- les responsables actuels ne veulent fondamentalement rien changer: «il est d’ailleurs assez clair que la plupart des responsables de toutes obédiences attendent que cela passe et sont bien décidés à recommencer comme par devant dès que l’orage sera passé, après quelques concessions inévitables mais limitées sur le chapitre de la fameuse régulation».
- Une crise qui remet en question la philosophie de la construction européenne: « La crise met manifestement en question toute la philosophie de la construction européenne telle qu’elle s’est redéfinie dans les années 80. L’urgence, le travail de pompier où en sont les dirigeants politiques impliquent de passer par d’autres canaux. Cette crise met en échec toute la philosophie de la gouvernance dont se gargarisait nos élites. Nous n’en sommes qu’au tout début d’une remise en question globale ».
- La politique est l’otage des financiers: « Il faut tordre le coup à un canard journalistique: «cette crise marquerait un retour du politique ! Il n’y a aucun retour du politique. Le politique a été pris en otage par les financiers qui sont venus lui mettre le marché en main : on saute tous ou vous faites quelque chose. Et ce quelqu’en soit le prix. On voit que le prix augmente tous les jours…Nous avons assisté à un appel au secours désespéré du politique, cela n’a rien à voir à un retour du politique».
- Un moment idéologique intense: «nous sommes dans un moment idéologique intense dont la mise en place de cette économie financière globale a été l’un des vecteurs efficaces. Mais aussi un entraîneur idéologique. Cette idéologie a l’étrange propriété de ne pas se prendre pour telle car elle est très largement partagée et qu’elle entretient un rapport direct avec la pratique économique qui en dissimule les rouages. […] Nous sommes passés du régime idéologique de la folie au régime idéologique de la bêtise ! Le communisme rendait fou, mais le néolibéralisme rend stupide ! ».
Marcel Gauchet: «Le communisme rendait fou, le néolibéralisme rend stupide»
Hans-Rudolph Merz : la méthode Coué (mercredi 7 janvier 2008)
Mardi soir, Hans-Rudolph Merz était en direct à la messe télévisuelle du soir des Romands: le Téléjournal. Il était interrogé tant en sa qualité de Président de la Confédération qu’en sa qualité de ministre des finances. Darius Rochebin et Alain Hertig l’ont interrogé sur les mesures prises par le Conseil fédéral pour prévenir/lutter contre la crise économique. Darius Rochebin a débuté:
– Le 1er janvier, vous avez dit «ayez confiance». Est-ce que vous y croyiez vraiment?
– Oui, vraiment, j’y crois. Car la Suisse a surmonté beaucoup de crises.
Les deux présentateurs ont par la suite insisté
« mais les mesures prises ne sont-elles pas insuffisantes en comparaison avec celles prises par les gouvernements voisins. »
A chaque fois, Hans-Rudolph Merz a répondu que non, que la situation était sous contrôle et que nous faisions mieux que nos voisins.
Vous pouvez visionner l’entier de l’entretien sur tsrinfo.ch.
Ce jeudi matin, la lecture des dépêches d’agence nous apprenait que le chômage avait atteint la barre des 3% en augmentation sur un mois de 0.3%. (Le taux de chômage a grimpé à 3% en décembre (2,7% en novembre), soit 11’110 chômeurs de plus)
C’est beau la méthode Coué… Cependant si Hans-Rudolph Merz se réfère à l’histoire, peut-être aurait-il pu préciser que lors de la crise des années trente, la Suisse a certes été touchée plus tard par cette crise, mais qu’elle a duré chez nous plus longtemps que chez nos voisins…
Post-scriptum: il n’y a pas encore, à ma connaissance d’image-symbole de la crise actuelle, d’où le choix pour illustrer cet article de la désormais célèbre photo de Dorothea Lange qui forme une de ses images-symboles de la crise de 1929. Pour rappel, Dorothea Lange (26 mai 1895 – 11 octobre 1965) est une photographe américaine dont les travaux les plus connus ont été réalisés pendant la Grande Dépression dans le cadre d’une mission confiée par la Farm Security Administration (FSA, Administration d’assurance paysanne). Voir sa biographie sur Wikipedia ainsi que l’article relatif à la photo Mother Migrant.
Marcel Gauchet: «Le communisme rendait fou, le néolibéralisme rend stupide» (vendredi 30 janvier 2009) http://tinyurl.com/b23nzb