Hier soir avait lieu le vernissage de l’exposition temporaire « Le jeu discret de la bourgeoisie. Deux siècles de culture ludique européenne » qui a lieu du 10 octobre au 22 février 2009 au Musée suisse du Jeu. A cette occasion, en tant que président de son Conseil de fondation, j’ai prononcé le discours suivant:
Mesdames et Messieurs les invités, Chers Amis,
C’est avec un immense plaisir que je vous souhaite la bienvenue en mon nom et surtout au nom du Conseil de Fondation du Musée suisse du Jeu au vernissage de l’exposition “Le jeu discret de la bourgeoisie. Deux siècles de culture ludique européenne”, mise sur pied par les collaborateurs/trices du Musée suisse du Jeu.
Un double ou un triple plaisir devrai-je dire.
Le premier plaisir réside dans l’événement premier qui a permis cette exposition: l’achat d’une importante collection de jeux appartenant jusqu’alors à la famille Fontanet. Un achat qui n’aurait pu voir le jour
– sans la renommée dont dispose aujourd’hui, grâce au labeur quotidien de nos collaborateurs, le Musée suisse du Jeu,
– sans l’opiniâtreté de notre directeur, Ulrich Schädler, transformé parfois pour l’occasion en démarcheur,
– sans la bienveillance de la famille Fontanet qui a su nous faire confiance et être patiente
– et, enfin, sans le soutien de sponsors qui nous ont permis de financer cet achat.
A tous ceux-ci je leur fait part de ma gratitude et de mes remerciements et je vous prie de bien vouloir en faire de même par vos applaudissements.
Le deuxième plaisir, c’est celui de pouvoir mettre une première fois en valeur une partie de la collection et d’en vous en faire profiter au travers d’une exposition qui, j’en suis sûr, vous ravira. Et comme vous n’en serez pas encore rassasiés, non seulement vous pourrez revenir, mais vous pourrez également participez à l’une des animations mises sur pied pendant la durée de l’exposition. Parmi celles-ci, j’en retiens plus particulièrement une, car elle joue sur la complémentarité et le développement des relations de notre musée avec des partenaires boélands: il s’agit des deux soirées d’initiation au bridge (et autres jeux de la bourgeoisie), organisées au Domaine de la Doges, dans une demeure qui vous enchantera et vous plongera l’espace d’une soirée dans un fascinant voyage au 19e siècle.
Mon troisième plaisir est un plaisir plus personnel et intellectuel et il est en relation avec le sujet même de cette exposition. En effet, le thème de l’exposition ouvre un nouveau champ de recherche et d’observation de cette sociabilité bourgeoise du 19e siècle qui joue alors à des jeux plus discrets que ceux qui s’étalent ces derniers temps dans la presse à la rubrique économique.
Jeune étudiant, je découvrais cet univers constitutif de la Suisse moderne, soit la réelle celle qui est à distinguer de la Suisse mythique en carton pâte inscrite dans nos livres d’histoire scolaire, lors d’un cours dispensé alors par le professeur Hans-Ulrich Jost. A cette occasion, j’y découvrais d’une part une vraie jubilation à faire de l’histoire suisse et, d’autre part, la manière dont la bourgeoisie inscrivait sa marque dans l’espace urbain helvétique en un enchaînement de nouveaux espaces sociaux tels que la promenade généralement érigée en lieu et place des remparts urbains, le Musée d’histoire naturelle et son jardin botanique, la bibliothèque et le théâtre municipal ou un casino transformé en lieu public.
Telle Alice au Pays des Merveilles nous traversons maintenant le miroir pour y observer une partie du décor qui, elle, n’était pas offerte au public. Malicieusement, cette exposition s’installe au sein du dernier espace urbain aristocratique de notre commune que la société bourgeoise tente au 18e et 19e siècle tout à la fois de supplanter et parfois d’imiter.
En investissant ce château devenu musée, c’est évidemment un monde mis à distance qui entre ici et, à la démarche de l’archéologue-muséographe, il convient certainement d’y associer la démarche de l’anthropologue ou de l’ethnologue pour, au-delà de la simple beauté des objets présentés, comprendre ce monde désormais disparu, car les élites d’aujourd’hui à la discrétion tant des espaces-privés que de celle de leurs richesses préfèrent désormais le clinquant des pages people de nos quotidiens dans un bling-bling assourdissant.
Autre temp, autres moeurs dit-on. Chaque époque est unique et plus que la recherche de la nostalgie, je vous invite plutôt à vous immerger dans la compréhension de cet univers-là.
Il me reste à vous remercier de votre présence et à vous souhaiter une excellente soirée.
Lyonel Kaufmann dit
Nouveau billet: Le jeu discret de la bourgeoisie (Musée suisse du Jeu) http://tinyurl.com/438awc