Aujourd’hui je pense que le terme de Krach 2008 pour la crise des subprimes déclenchées à l’été 2007 n’est pas un terme trop fort. Ces prochains temps montreront clairement qui de Keynes ou de Friedman et qui de Roosevelt ou de Hoover servira d’inspiration à nos gouvernements et plus particulièrement à nos banques centrales.
Mais, en préambule, notre petite revue de presse internationale du jour est très éclairante du climat ambiant. Un peu partout la peur de la récession prédomine dans le public. Enfin, le fait que le public craigne la récession a toutes les composantes d’anticipation auto-réalisantes… à moins que les responsables politiques et économiques jouent juste (ce dont personnellement je doute fort).
a) Une dépêche de l’ATS titre : Nouveau recul du moral des consommateurs en juillet en Suisse
Pour la deuxième fois consécutive, le moral des consommateurs s’est encore dégradé en Suisse. L’indice du climat de consommation, désormais négatif, a plongé à -17 points en juillet, contre +2 points en avril.
[…] Alors qu’elle était encore positive en avril, l’appréciation de la situation économique des ménages sur les douze derniers mois a chuté à -25 points en juillet. Cette valeur était encore positive en avril (+2).
[…] De même, les attentes portant sur le développement futur de ce même budget ont été revues à la baisse à -9 points, contre +7 en avril.
http://www.edicom.ch/fr/news/economie/nouveau-recul-du-moral-des-consommateurs-en-juillet-en-suisse_1184-5670405
b) Le Guardian nous apprend que La peur de la récession gagne la Grande-Bretagne
Mervyn King, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, a dressé un tableau pessimiste pour l’économie britannique. Le quotidien The Guardian s’intéresse aux implications du gouvernement en Grande-Bretagne. « Si les salaires continuent de stagner, toutes les raisons seront réunies pour baisser le taux directeur. La Banque [d’Angleterre] reste nerveuse mais pense en tout cas que cela l’aidera à faire face à son dilemme [du risque d’inflation en raison des baisses du taux directeur]. Les ministres n’ont pas cette chance. … En particulier, Gordon Brown qui doit s’inquiéter désormais de voir les électeurs tourner le dos encore plus brutalement à celui qui leur a fait croire autrefois qu’il avait réussi à supprimer le boom et la faillite. »<
» article intégral (lien externe, anglais)
c) En France : «Les chiffres ne sont pas bons» reconnaît Christine Lagarde
Pour la ministre de l’Economie, « les chiffres ne sont pas bons ». « Ce qui est important, c’est de se demander ce qu’il va se passer dans les mois qui viennent » (Reuters)
Le PIB a reculé de 0,3% au 2e trimestre 2008, selon l’Insee, ce qui n’était pas arrivé depuis 2002. La ministre de l’Economie invoque le contexte international.
Ce sont des « chiffres auxquels on s’attendait et qui ne sont pas bons », a de son côté commenté la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, sur France Inter.
Elle a notamment justifié ces mauvais chiffres par le contexte international morose, citant « les augmentations du cours des matières premières, l’affaiblissement du dollar » et « l’inflation ». « Il serait totalement inexact de parler de récession » a estimé la ministre.
Christine Lagarde a par ailleurs estimé qu’il fallait s’attendre à « moins de créations d’emplois en 2008 » qu’en 2007.
Source: http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/345122.FR.php?rss=true&xtor=RSS-450
d) Wall Street ouvre en baisse après le bond de l’inflation au plus haut en 17 ans
La Bourse de New York a ouvert en baisse jeudi après l’annonce d’un bond de l’inflation en juillet, ressortie au plus haut depuis 17 ans: le Dow Jones perdait 0,50% et le Nasdaq 0,41%.
Vers 13H40 GMT, le Dow Jones Industrial Average (DJIA) cédait 58,21 points, à 11.474,75 points, et l’indice Nasdaq, à forte composante technologique, 9,92 points à 2.418,70 points.
L’indice élargi Standard & Poor’s 500 lâchait 7,67 points à 1.278,16 points (-0,60%).
Les prix à la consommation ont augmenté de 0,8% par rapport à juin, soit deux fois plus que les attentes des marchés, tandis que l’indice de base (hors alimentation et énergie) a progressé de 0,3%, bien plus que prévu également.
Sur un an, l’inflation a bondi de 5,6%, ce qui est la progression la plus importante depuis janvier 1991. L’indice de base a progressé de 2,5%, soit la hausse la plus marquée depuis février 2007.
Ce rapport était très attendu parce que les investisseurs redoutent que les ménages limitent leurs dépenses superflues, en raison de la flambée des prix de l’énergie et des denrées agricoles. Or la consommation compte pour plus de deux-tiers de l’activité économique aux Etats-Unis.
Le marché de l’emploi a également envoyé un message négatif: les demandes hebdomadaires d’allocation chômage ont baissé de seulement 10.000 la semaine dernière, alors que les analystes tablaient sur un recul de 24.000.
Source: http://www.edicom.ch/fr/news/economie/wall-street-ouvre-en-baisse-apres-le-bond-de-l-inflation-au-plus-haut-en-17-ans_1184-5670641
La récession est un doux euphémisme pour ne pas parler de crise économique et ne pas trop renvoyer aux images des années 1930. Or, l’état des indicateurs cités ci-dessus sont clairement orientés «crises»
- baisse des indicateurs boursiers;
- recul des PIB (donc de la production);
- forte tendance inflationniste;
- baisse de la consommation des ménages;
- incertitude sur le marché de l’emploi.
La théorie monétaire stricte des banques centrales voudraient que les moyens soient mis dans la lutte contre l’inflation en digne représentant du néo-libéralisme. Cependant, une telle mesure donnera un mauvais signe en direction des ménages et de leur consommation. Une baisse de la consommation accentuera la baisse du PIB.
Cette dernière décennie, les salariés en Suisse comme ailleurs ont vu leurs revenus stagnés, voire régressé. Les syndicats demande des augmentations de salaires en sus de la compensation du renchérissement. Non seulement pour compenser le manque à gagner de ces dernières années, mais aussi pour soutenir la consommation en période de crise. Les syndicats préconisent donc une politique keynésienne.
La volonté des différents ministres et intervenants dans les différents pays cherchant à minimiser la situation indique clairement que les politiques gouvernementales et monétaires suivront le dogme néo-libéral. Dans la situation actuelle, ils seront également les dignes descendants du président Hoover. Et nous trinquerons…
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