« Dans certaines de ces petites villes, en Pennsylvanie, comme dans beaucoup de petites villes du Midwest, les emplois sont partis il y a vingt-cinq ans, et rien ne les a remplacés. Elles ont chuté sous le gouvernement Clinton et sous le gouvernement Bush. Les gouvernements successifs ont dit que ces villes allaient se régénérer, et cela ne s’est pas produit. Alors, il n’est pas surprenant que ces gens deviennent aigris, qu’ils s’accrochent aux armes, à la religion, ou bien à l’antipathie pour ceux qui ne sont pas comme eux, à des sentiments anti-immigrés ou anti-commerce, comme moyens d’expliquer leur frustration. »
Ces propos tenus par Barack Obama, lors d’une réunion privée de collecte de fonds, à Sans Francisco, le 6 avril dernier, ont été enregistrés par une participante, puis ont été publiés sur le site conservateur du Huffington Post (http://www.huffingtonpost.com/). La reportrice/rapporteuse Mayhill Fowler se dit « journaliste citoyenne », se raconte au Los Angeles Times (http://www.latimes.com/) et affirme ne pas s’être cachée pour enregistrer le candidat, bien que la rencontre ait été « fermée à la presse ». Depuis, des enregistrements audio et vidéo ont essaimé largement sur Internet.
Tant John McCain qu’Hillary Clinton s’en sont emparés pour s’attaquer au candidat Obama. Pour certains, cette sortie d’Obama pourrait lui coûter l’investiture démocrate. Dans une semaine, les primaires auront lieu en Pennsylvanie et le temps est trop court pour réparer (si possible) les dommages, De plus, l’enjeu majeur pour les deux candidats démocrates consiste à convaincre les superdélégués qui, dans tous les cas de figure, décideront du choix du candidat-e démocrate puisqu’aucun des deux n’atteindra sans eux la majorité nécessaire.
Ainsi, autant le succès de Barack Obama que son éventuelle chute seront largement dus à l’utilisation de l’Internet et de la manière dont l’information désormais se construit à l’aide des différents médias en ligne. Une nouvelle fois, l’«affaire» démarre sur le net avant de se développer dans les médias plus traditionnels. Jusqu’au 6 avril, Barack Obama a largement bénéficié de sa parfaite maîtrise de ces nouveaux outils, y compris pour mobiliser et récolter des fonds. Avec le 6 avril, il a rejoint Nicolas Sarkozy et son «pauvre con».
PS: cet événement irait dans le sens de l’affirmation faite début mars par Samule Popkin, professeur de Sciences politiques et ancien consultant pour la campagne de Bill Clinton pour qui la campagne allait se jouer sur un coup de poker.
Lyonel Kaufmann dit
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