Visiblement, c’est le thème à la mode et pas seulement parce que la rentrée scolaire se dessine. Ainsi, la semaine dernière, c’était la question de l’uniforme scolaire qui a notamment tenu le haut du pavé. [voir mon billet précédent].
Mais c’est pas tout.
Hier, c’est l’impayable Jacques Neyrinck sur SwissInfo qui fait son petit tour de piste en préconisant la fusion des 26 départements de l’éducation dans un département fédéral unique. C’est assez piquant que cela soit un représentant du parti de l’ancien Sonderbund qui revendique une telle fusion ! Mais je crains pour M. Neyrinck qu’un tel chemin soit encore long.
Pour le reste, Jacques Neyrinck s’insurge : il serait urgent que les élèves apprennent, car le niveau baisse. Comme à chaque génération disent de brillants penseurs. A ce titre, il est étonnant que nous ne soyons pas encore retourné à l’âge de la pierre polie à force de voir le niveau baisser à chaque génération.
Cerise sur le gâteau, tout est de la «fôôôte» à Mai 68 et aux enseignants de gauche. Sur ce dernier point, comme d’habitude, il s’agit d’un discours d’autorité qui ne s’appuie sur aucunes données sérieuses, ni sur une histoire de l’enseignement en Suisse ou sur le profil sociologique et social des enseignants. Autrement, Jacques Neyrinck constaterait notamment que l’élitisme scolaire est également largement partagé à gauche, y compris par des enseignant-e-s. Et caramba, une majorité des enseignants est culturellement à droite.
Des écoles connectées, mais pourquoi faire ?
Pour terminer ce petit tour d’horizon, je me propose de revenir à une proposition faite durant l’été par le PDC. Celui-ci a ainsi fait savoir qu’il souhaitait que d’ici 2010 les écoles soient reliées à internet pour placer la Suisse parmi les pays en pointe en matière de nouvelles technologies (Communiqué du 14 août 2006).
Le cimetière des technologies scolaires est encombré de tels investissements en technique et matériels qui ensuite dorment sur/dans les armoires de la salle de classe et prennent la poussière parce qu’on a pas investi autant, voire même le double en faveur des moyens humains [pour une brève histoire des technologies à l’école, voir Histoire des nouvelles technologies à l’école]
Si le PDC pense pouvoir s’affranchir de l’histoire, je conseille aux initiateurs de cette brillante idée de lire, par exemple et dans la multitude d’enquêtes réalisées depuis des décennies, l’article d’Infobourg publié le 22 août 2006 sous le titre « Internet en classe : beaucoup de chemin à parcourir!. »
Ils y apprendront notamment que si toutes les écoles primaires du Québec sont branchées à Internet, seuls un enseignant sur cinq utilise régulièrement les technologies de la communications (TIC) dans la classe. Très crûment, Pierre Delisle, de la Société de gestion des réseaux informatisés des commissions scolaires, met le doigt sur le problème principal : «On a doté les classes d’ordinateurs, mais on a oublié la formation des profs».
Et il ne faut pas espérer que les choses changeront avec le renouvellement du corps professoral et l’arrivée d’enseignants qui seraient plus sensibles et baignés immédiatement aux nouvelles technologies, car —ainsi que le constate Alain Houle, conseiller pédagogique en informatique à la commission scolaire de la ville de Québec— ce ne sont pas nécessairement les jeunes enseignants qui sont les plus prompts à utiliser le clavier en classe. En effet, «Les jeunes profs en ont plein les bras avec la gestion de classe et les programmes à enseigner. Ce sont souvent ceux qui ont plus d’expérience qui ont envie de travailler avec l’ordinateur».
En résumé, pour que ce plan ait un chance de réussir et de dépasser un effet de marketing politique à goût électoral, il se doit de comporter une part substantielle de financement de l’accompagnement et de la formation sur le terrain. Et surtout, ceci doit être prévu sur une longue durée; contrairement à la première expérience « Ecole sur le net » pour laquelle budgets de formation ont régulièrement passé à la moulinette des coupeurs de budgets fédéraux made in Villiger ou Merz. Pour 1/3 d’investissement technique, il conviendra d’en prévoir 2/3 pour les aspects pédagogiques.
Je suggère aussi au PDC de prendre langue avec Isabelle Chassot, leur conseillère d’Etat en charge de l’éducation dans le canton de Fribourg, plutôt qu’avec MM. Neyrinck et de Buman (initiateur de la conférence de presse sur la connections des écoles à Internet). Ce sera peut-être moins médiatique, mais gage d’un vrai succès.
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Erin06 dit
Après les caméras de surveillance dans les préaux, les uniformes à la « Mao », à présent, on veut que les écoles soient reliées entre elles par internet ! Adieu chère liberté et démocratie !
Il n’y a pas plus transparent que le réseau internet. Avec les logiciels adéquats, n’importe qui peut pister les informations consultées par un internaute. L’utilisateur d’internet est par ailleurs facilement identifiable grâce aux données personnelles stoquées par le navigateur et le système. Les données sur notre identité sont « interrogeables à distance », ainsi que le contenu du fameux fichier « magic cookie ». Ce fichier garde la trace de certains sites visités qui y inscrivent des informations afin d’identifier les utilisateurs et mémoriser leur profil.
De plus, depuis les attentats du 11 Septembre 2001, la plupart des pays occidentaux ont adopté des lois qui autorisent la surveillance de l’ensemble des communications sur Internet: les mails, mais aussi les sites visités, les pages consultées, le temps passé sur chaque site, ou encore les participations à des forums. Les informations mémorisées sont extrêmement détaillées, beaucoup plus que ne le nécessiterait la lutte contre d’éventuels terroristes. Par contre, les informations recueillies correspondent exactement à ce qui serait nécessaire pour établir le « profil » de chaque citoyen.
Après les adultes, on veut pouvoir » fliquer « » les enseignants et leurs élèves, où va-t-on ? Quant au financement, ils le trouveront, ça j’en suis sûr !