Si c’est le silence qui a contribué à inciter Grass à parler, la voie de la condamnation s’avère moins facile. L’hypocrisie est toujours laide, mais la laideur n’est pas moins importante que la beauté dans la littérature. Le crime de Grass est d’avoir trahi ceux dont il s’était fait le porte-parole. Pour ceux qui ont eu la chance de ne pas avoir à compter sur ses services, il reste un écrivain aussi puissant et intéressant qu’autrefois ».
(Guy Damman, journaliste au Guardian (Royaume-Uni)
Quel angle prendre relativement à l’aveu de l’écrivain allemand Günter Grass d’avoir servi dans les Waffen SS pendant la Deuxième guerre mondiale?
Qui plus est lorsque cet écrivain est notamment prix Nobel de littérature?
Quel est le poids de la faute, comment l’expier ?
Je ne sais. Par contre, l’affaire illustre le poids des choses et plus particulièrement du poids du secret. Plus le secret est tu ou caché, plus il est difficile d’en sortir, d’en parler. Le temps n’arrange rien à l’affaire. Intellectuel connu ou non.
Et celui-là de secret, il était bien vieux, bien tu, bien lourd.
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Je trouve l’analyse de Damman très justement dite. Cela me fait penser à un article que j’ai lu récemment sur largeur.comau sujet de l’écrivain hongrois Péter Esterházy. Celui-ci, en préparant un livre sur son illustre famille découvre que son père, qu’il vénérait, était en fait un « pion » manipulé par la police politique hongroise dès les lendemains de l’insurrection ratée de 1956. Dans ce cas, le « coupable » est certes mort, mais le poids du secret est toujours présent et pèse aujourd’hui sur sa déscendance. D’où la question que l’on peut se poser.
N’est.-il pas préférable, parfois, que les secrets partent avec leur(s) détenteur(s)?
Visiblement, Günter Grass n’a pas supporté cette hypothèse et a préféré être libre de ce poids, qu’il transfère maintenant sur les épaules de ses admirateurs.
sur Günter Grass lire le dossier de La Gazette de Berlin :
http://www.lagazettedeberlin.de/3131.0.html