Simultanément à la campagne des communales vaudoises, une équipe de copains ont lancé une initiative intéressante : combler un vide dans l’information locale veysanne. Ils ont alors lancé en ligne Superlocal — Vevey.
En effet, depuis la disparition du journal La Presse Riviera, avalé par Edipresse et son journal 24Heures, la substance d’une information de proximité tend à se réduire comme peau de chagrin. La nouvelle version de 24Heures en 4 éditions est loin de répondre à un type d’informations, certes souvent très terre à terre, mais fondamentale.
D’ailleurs, le Nord vaudois et Yverdon, victime eux aussi d’Edipresse, voient déjà l’arrivée d’un nouveau journal bi-hebdomadaire. Pour sa part, Le Régional, journal gratuit hebdomadaire, s’est développé du côté de Vevey et de la Riviera, apportant de la fraîcheur et une information locale aux enquêtes fouillées. Ainsi, Le Régional a-t-il couvert la question du surcoût des abattoirs de Clarens ou le découvert des remontées mécaniques des Pléiades ainsi que les frasques du désormais futur ancien syndic de Vevey tels que 24Heures ne le fera jamais.
Cependant, si Superlocal – Vevey peut aussi prendre pied dans le débat politique local, il propose surtout un ensemble d’information très basique et proche de la vie quotidienne des gens (bonnes adresses, commerces, histoire locale, people). Avec un ton parfois décalé intéressant.
D’autre part, s’agissant d’un blog collectif, la démarche est également intéressante sous cet angle. D’ailleurs, Superlocal – Vevey cherche à étoffer son équipe.
Dans le domaine de la presse locale, les coût d’investissements pour un journal traditionnel et à parution régulière rendent extrêmement difficile le lancement de nouveaux journaux. La reprise par Edipresse de La Presse – Riviera-Chablais marque une tendance lourde à la concentration des entreprises de presse traditionnelle.
Dès lors, il s’agit d’inventer de nouvelles formes de publication pour l’information locale. A ce titre, le support média (internet) choisit par Superlocal – Vevey mérite une attention particulière. Les coûts de production sont faibles; les plate-forme de l’open source offre des solutions solides et adaptables en fonction des besoins (Superlocal utilise WordPress). Le rythme de parution s’adapte à la production des informations et non l’inverse. Le travail collectif permet de constituer une rédaction retrouvant pleinement l’intérêt du chroniqueur et du pigiste. Les lecteurs peuvent interagir, via les commentaires.
Enfin, leur concept est déclinable et leur site peut tout-à-fait devenir un portail d’informations locales. Après Superlocal – Vevey, il est possible de générer une déclinaison Superlocal – Montreux, Superlocal – Riviera, etc. C’est tout le mal que je leur souhaite.
A suivre…
bravo lyonel pour le nouveau desgin du site et la référence à mon propre blog ;-).
une petite remarque en passant. j’ai lu dans le journal le Courrier (repris d’un papier de la liberté) qu’en effet Edipresse se fait « concurrencer » par un nouveau journal dans le nord du canton de Vaud. or, surprise, si l’on s’aventure sur le site Internet de 24 Heures, on découvre qu’au moment où débarque ce nouveau journal, Edipresse lance un blog local!
l’apparition de ce blog m’inspire quelques éléments de réflexion:
(1.) je pense que tu as vu juste s’agissant de l’intérêt à publier l’information locale sur d’autres supports que le papier de grand papa (notamment les coûts, mais surtout la capture d’un nouveau public, les « jeunes »).
(2.) la direction d’Edipresse l’a vu aussi et l’on peut croire que l’expérience yverdonnoise relève du galop d’essai… à qui le tour ensuite: la région riveria/chablais?
(3.) la démarche journalistique et la qualité du rendu dans ce blog yverdonnois est assez faible. comment dès lors interprêter le fait que la profession (corporation…) des journalistes (chez Edipresse et ailleurs) ne s’inquiète pas plus d’une opération qui risque de leur coûter leur peau?
(4.) superlocal.ch est une idée intéressante, mais elle ne s’inscrit pas, selon moi, dans une démarche journalistique au sens strict (croisement et vérification des sources, confusion entre commentaires et faits, etc.). en effet, les billets que j’ai lu reste très courts, se basent sur une seule source, mélangenent agréablement le commentaires et les faits et les photos ne délivrent que peu d’informations aptes à compléter le propos du billet. ceci ne veut pas dire que je m’oppose à cette démarche, au contraire. mais elle ne se confond pas avec une pratique journalistique.
Hello Dominique,
Merci pour les compliments relativement à la maquette. 🙂
Concernant la « maquette » du site, je me suis rendu compte que j’était une sorte d’ours malpoli. En effet, j’en avais oublié de mettre en évidence des blogs de confrères qui, eux, n’ont pas manqué de me référencé sur leur site (dont politique.bleublog.ch). Sûrement une part de la surprise devant un début de visibilité sur le net.
D’autre part, après une première remise en forme du site dans la perspectives des communales et qui mélangeait plusieurs style d’interface, je disposais d’un peu de temps pour unifier l’ensemble et passer entièrement à WordPress (http://wordpress.org).
De plus, le thème proposé par Ainslie Johnson me plaît beaucoup et je l’ai largement adopté pour mes autres sites dont http://histoire.lyonelkaufmann.ch
J’espère juste que cela ne sera pas comme dans la « grande » presse où chaque changement de maquette masque la perte de substance des informations publiées. 😉
Je rédige un autre commentaire pour les intéressantes remarques de la suite de ton commentaire.
Il n’y a pas grand chose qui échappe à Dominique dans le cadre de l’information romande.
En effet, avec le même hasard que lors de l’arrivée de 20Minutes en Suisse romande, 24Heures publie un blog du Nord vaudois au moment où un concurrent arrive !
Dans la mesure où aucun concurrent ne s’annonce pour Riviera/Chablais, je doute de l’arrivée d’un blog Riviera.
J’ajouterai que, contrairement à d’autres blogs de presse, ce ne sont pas les « grandes » plumes du journal qui rédige un blog dans leur propre journal. De méchantes langues diront que comme il n’y a bientôt plus de grandes plumes à 24Heures…
Autrement la corporation des journalistes (romands) est en crise. Elle n’a jamais été très revendicatrice d’ailleurs, mais là elle atteint le fond. De plus, contrairement à l’idée répandue que les journalistes seraient de gauche, les journalistes sont plus conformes qu’il n’y paraît et épouses fortement le point de vue de leur employeur-patron.
Relativement à la droitisation de la presse, je te renvoie à la note 1 de mon billet « Après l’udc, les Verts nouvelle coqueluche des médias » [ https://www.politis.ch/carnets/?p=44 ]
L’arrivée de Tibère Adler, celle des nouveaux médias, celle des gratuits ainsi que la forte concentration du secteur a, à mon avis, fini de lobotomiser les rédactions et les journalistes.
Ce d’autant que les journalistes sont regroupés majoritairemetn au sein d’une association purement corporative alors que Comedia n’est que peu implanté chez les journalistes depuis sa création.
La seule rédaction un peu combative est celle de la Tribune de Genève.
A suivre…
Dominique a raison relativement au positionnement de Superlocal.
Cependant, la consommation de l’information change.
Je me suis rendu compte que j’avais commenté le résultat des élections italiennes [Gouvernement Prodi : https://www.politis.ch/carnets/?p=48 ] uniquement à partir d’extrait de deux blogs. Or, cette information était également présente, certainement plus diluée, dans des articles de la presse écrite traditionnelle.
Alors ?
Premièrement, je pense qu’une partie des lecteurs/intenautes préfère une information se posant clairement comme subjective et non pas faussement informative.
Deuxièmement, il y a aussi un changement dans la manière de consommer l’information. Les billets sont courts, subjectifs de telle sorte que le lecteur puisse réagir. La nouvelle manière de diffuser l’information passe par l’interactivité générée par les commentaires. Une partie des lecteurs se veut acteur et dans une mesure qui n’a plus rien à voir avec le courrier des lecteurs. Et pour le meilleur comme le pire.
A ce titre, lire le billet suivant : Des médias traditionnels de plus en plus ouverts à la participation des lecteurs http://danielleattias.typepad.com/medias/2006/02/des_mdias_tradi.html
Le même blog cite en outre un article de la revue Le Débat qui indique que le mouvement des blogs irait dans le sens d’une polarisation des mentalités. La citation est de Christian Vandendorpe, professeur de l’Université d’Ottawa [Internet dans « Le Débat » : http://danielleattias.typepad.com/medias/2006/03/internet_dans_l.html
Comme je l’indiquais dans un commentaire posté sur LittleReporter :
Pour le reste, les médias traditionnels seront partenaires et concurrencés par des démarches du type wikio :http://lyonelkaufmann.ch/archives/100
Les liens entre presse traditionnelle, presse on-line, contributeurs de blogs ou de site s’effacent dans ce type de dispositif. « L’intelligence » collective -comme avec Wikipedia, jouant le rôle de régulateur relativement à la qualité de l’information.
Et elle jouera un rôle sur les acteurs qui deviendront « leaders » dans le paysage médiatique romand. [ http://littlereporter.blogspot.com/2006/04/nouvelle-presse-dopinion-nouvelles.html ]
Enfin, le mélange de l’information et du commentaire est aujourd’hui largement à l’oeuvre au sein de la presse traditionnelle elle-même. Pour moi, cette pratique a été initiée très largement par Jacques Pilet tant avec le lancement de L’Hebdo que du Nouveau Quotidien.
merci de tes commentaires, 3 pour 1 envoyé, c’est un bon rapport d’efficacité :). merci aussi pour les références de mme attias que je connaissais pas.
pas besoin d’être un grand connaisseur de la presse romande pour dégotter la bannière « blog yverdon » qui vous arrive sur le pif lorsque l’on passe sur le site de 24H. je m’étonne qu’aucun média n’en n’a parlé jusqu’ici. à la fois parce que ce blog débarque quand la concurrence arrive, mais aussi parce qu’avec la mode des « blogs journalistiques » (comme le bondy blog de l’hebdo) un journaliste aurait dû rebondir sur cette info. il y a des silences évocateurs.
sur le fait que les journalistes sont ou ne sont pas de gauche, se droitisent ou non, etc. je trouve ces considérations un peu trop générales à mon goût. on ne peut mettre un signe d’équivalence entre eric hoesli et le premier pigiste venu de morat nord. je crois que le vrai problème est un conformisme de bon aloi des rédactions romandes et cela n’est pas dû à l’adéquation d’esprit entre journalistes et éditeurs. il y a le mode de fonctionnement des médias qui est en cause. difficile en effet d’être dans les marges si son travail se confine à suivre entre 3 ou 4 séances de rédaction par jour pour recopier finalement un communiqué de presse… sans compter sur le fait que ces mêmes journalistes ont des parcours sociaux (formation, classe sociale, etc.) assez identiques. il y a quelques années encore, le fait d’être universitaire n’est pas une quasi-condition pour être journaliste. aujourd’hui, c’est la norme.
il y a donc un appel au conformisme qui dépasse le seul clivage droite-gauche. impossible, par exemple, pour un journaliste du Temps ou de 24H de pointer les risques (ou non) d’une hégémonie de la majorité de gauche à Lausanne. tout le monde s’est en vite contenté et on est passé au sujet suivant. il y a quelques années, la TdG tirait chaque jour ou presque à boulets rouges sur la majorité monocolore du conseil d’Etat genevois. et là, force est de reconnaître qu’un philippe barraud de commentaires.com n’a pas tout tort lorsqu’il dénonce le conformisme des médias, même si je ne partage pas tous ses avis.
quant à savoir s’il y a une « droitisation » de la presse romande cela supposerait qu’elle a été autre chose qu’à droit… là encore, j’ai rarement vu la presse romande parler de « régime d’accumulation du capital » pour dire des gros mots. plus certainement, il y a un mouvement qui veut que l’attachement de la presse à un organe partisan comme il y a vingt ans encore, cède sa place à un attachement à un pouvoir économique. ce qui ne veut pas dire de « droite », si l’on prend par exemple le cas de la liberté à fribourg qui est également dans les mains d’un seul éditeur mais qui me semble difficile de ranger sous l’étiquette « de droite ».
bref, tout affaire de nuance!
OK avec Dominique pour éviter les simplifications.
Par contre, au niveau de la politique éditoriale, je maintiens la barre fortement mise à droite de la part des journaux « made in » Edipresse.