La diffusion sur Internet de la bande-annonce du film “Chez nous”, qui sort en salles le 22 février, a provoqué la colère de plusieurs dirigeants du Front national. Le film évoque la percée du parti d’extrême droite dans le Nord de la France.
Une simple bande-annonce peut provoquer les foudres d’un parti politique. C’est le cas depuis ce week-end, après la découverte par plusieurs cadres du Front national des premières images du nouveau long métrage de Lucas Belvaux, Chez nous, dont la sortie en salles est prévue le 22 février 2017.
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À l’ère de la post-vérité | Dossier The Conversation
Le Brexit ? Vous n’y pensez pas ! Donald Trump président ? Vous voulez rire ! En 2016, ces deux événements qui paraissaient proprement inconcevables ont bien eu lieu, provoquant une onde de choc qui continue de se propager en cette fin d’année. Et que va nous réserver l’année 2017, avec les élections à venir dans notre pays et en Allemagne, durement frappés par le terrorisme?
Passé l’effet de surprise et la stupeur, les auteurs de The Conversation se sont attelés à l’analyse de ces bouleversements qui présentent un point commun : le rejet d’une forme de rationalité et de modération, la volonté de jeter avec les élites les faits bruts. Une rupture que certains ont résumé par l’expression de « post-vérité ».

La « post-vérité », mot de l’année pour l’Université d’Oxford. Ron Mader/Flickr, CC BY-SA
Le Dossier :
- Post-vérité, la raison du plus fou Charles Hadji, Université Grenoble Alpes
À l’ère de la « post-vérité », les affabulations semblent avoir plus de poids que la réalité. Mais peut-être y a-t-il, dans la « post-vérité », des alertes à percevoir, et des enseignements à méditer.
- Le choc Trump : pourquoi nous sommes « après la vérité » Claude Poissenot, Université de Lorraine
Face à la défiance à l’égard des élites et des institutions, il est indispensable d’expliquer à nos contemporains en quoi ils doivent leur autonomie à la reconnaissance de droits universels. - 9 novembre 2016, le jour où le XXIᵉ siècle a commencé Nicolas Tenzer, Sciences Po – USPC
Nous entrons dans une nouvelle ère dont nous ne connaissons ni les fins ni la fin. Elle n’est pas maîtrisable, même par les créatures qu’elle fait naître. - Comment la gauche libérale a inventé la « post-vérité » Andrew Calcutt, University of East London
Le succès de la « post-vérité » n’a rien à voir avec le Brexit ni avec Donald Trump. On le doit plutôt aux universitaires et aux journalistes, qui ont popularisé le relativisme. - Brexit, tous coupables ! Arnaud Mercier, Université Paris II Panthéon-Assas
L’avenir de l’Union européenne se trouve dans une forme inédite de fédéralisme coordinateur et protecteur, à inventer par des dirigeants qui auraient la trempe d’hommes d’État visionnaires. - Donald Trump et l’immigration en cinq questions Marie-Cécile Naves, Université Paris Ouest Nanterre La Défense – Université Paris Lumières
Adepte de la provocation permanente, le candidat républicain en a fait l’un de ses chevaux de bataille. À coups de statistiques fantasques et de discours à l’emporte-pièce. Mais avec un certain écho.
“Coup d’Etat législatif” en Caroline du Nord
Donald Trump occupe tant les esprits que les événements actuels en Caroline du Nord, où un gouverneur élu le 8 novembre se voit dépossédé de ses prérogatives par les Républicains du Sénat de Charleston, passent presque inaperçus.
Le candidat sortant républicain, Pat McCrory, est à l’origine du projet de loi stupide interdisant aux transsexuels d’utiliser les toilettes de leur choix, et de mesures entravant le vote noir, comme Les Inrocks l’ont raconté le jour du scrutin. Après l’élection du démocrate Roy Cooper, le sénat républicain s’est réuni en séance exceptionnelle pour voter en urgence des lois limitant ses pouvoirs. C’est pratiquement comme si l’élection était annulée. Une mise en pratique glaçante du jusqu’au-boutisme républicain, de la logique de parti dépassant tout autre priorité, y compris le respect de la chose votée : un “coup d’Etat législatif”, estiment plus simplement Mark Joseph Stern de Slate.com, qui compare la situation à un pays instable et en proie aux coups d’Etats autoritaires, comme le Venezuela.
“Les citoyens de Caroline du Nord ont fait un choix clair : élire un gouverneur démocrate, explique de son côté Paul Krugman. Le Sénat républicain n’a pas ouvertement annulé les résultats – pas cette fois – mais il a très efficacement déshabillé le gouverneur de ses pouvoirs, s’assurant que la volonté de l’électeur ne compterait pas. Ajoutez à ça les efforts de décourager les minorités de voter, et vous avez le potentiel de fabriquer de facto un pays gouverné par un parti unique : un pays qui maintient une fiction de démocratie.” Ce n’est pas un gauchiste échevelé qui s’exprime : c’est un prix Nobel d’économie.
Source : Les Inrocks
Peut-on répondre à la désinformation ? | InternetActu.net
Depuis l’élection de Trump, la question de la propagation de fausses informations semble révéler d’une véritable crise de confiance dans notre système médiatique et politique. Après avoir présenté les éléments de cette crise de confiance dans deux articles, Hubert Guillaud détaille les solutions concrètes envisagées. Un article des plus intéressants et instructifs à lire.
De partout, les esprits s’agitent pour tenter de trouver des réponses. Eli Pariser, celui qui a imaginé le concept de « bulles de filtres » tant mis en question ces dernières semaines, a ouvert un Google Doc pour recueillir des solutions. Le document fait désormais plus de 100 pages et Nicky Woolf, pour le Guardian, a tenté d’en faire la synthèse.
Des solutions… concrètes ?
Les solutions relèvent de trois grandes catégories synthétise-t-il : faire vérifier l’information par des éditeurs humains, avoir recours au crowdsourcing (c’est-à-dire à la foule des internautes pour classer le bon grain de l’ivraie en permettant à des gens d’avoir un statut de vérificateur par exemple), ou trouver des solutions techniques ou algorithmiques. L’article du Guardian liste une petite quinzaine de solutions, avec les arguments en leur faveur et en leur défaveur. Elles vont de la labellisation des médias ou des publications, à la séparation des informations de leur partage ou commentaire, en passant par l’ajout de marqueurs sur les fausses informations ou les articles qui posent problème, ou consiste encore à ajouter un temps d’attente avant tout partage pour diminuer la viralité de la propagation des informations. D’autres solutions proposent des partenariats avec des sites de vérifications d’information comme Snopes ou de lier des informations à leurs contre-informations. D’autres proposent d’ajouter un classement de réputation des gens selon ce qu’ils partagent. D’autres encore de labéliser les informations par des couleurs ou de bannir ceux qui publient de la désinformation. Autant de solutions qui ont toutes des avantages et des défauts, notamment et avant tout parce que la désinformation n’est pas toujours clairement établie. D’autres solutions proposent encore des solutions distribuées de fact-checking, comme de prendre en compte le classement de fiabilité des sites selon un système proche du Page Rank, l’algorithme de Google qui calcule la popularité d’une page web.
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Lawrence Lessig : "La segmentation du monde que provoque Internet est dévastatrice pour la démocratie"
Pour le professeur de droit à Harvard et penseur du net, il y a urgence à reconstruire des espaces communs de discussion. L'exemple d'écriture de la Constitution islandaise réalisée par crowdsourcing devrait, pour lui, être étendue largement.

Lawrence Lessig, professeur de droit à Harvard, penseur d’Internet et initiateur de la licence Creative commons• Crédits : Chip Somodevilla – AFP
Depuis quelques mois vous êtes installé en Islande. Le pays a notamment expérimenté une nouvelle manière de réécrire sa Constitution. Qu’est-ce qui vous intéresse dans le processus politique à l’oeuvre là-bas ?
Les Islandais ont répondu à la crise financière de 2008 en lançant un projet incroyable de nouvelle Constitution «crowdsourcée»,élaborée par les citoyens. A la première étape, mille personnes sélectionnées par tirage au sort ont travaillé sur ce que devaient être les valeurs du texte. Ensuite, 25 personnes sélectionnées pour former une Assemblée ont passé quatre mois à écrire. C’est à peu près le temps qu’il a fallu aux Américains pour rédiger leur Constitution, mais la différence ici, c’est que chaque semaine ils ont posté leurs ébauches sur Facebook. Il y avait des retours et commentaires des personnes en Islande mais aussi à travers le monde entier. Cette dynamique a produit, au final, une très belle Constitution, approuvée par les deux tiers de la population.
De mon point de vue, on a là tous les éléments dont une démocratie citoyenne a besoin : un échantillon représentatif de la population qui donne des informations sur lesquelles délibérer ; des experts pour aider à mener un travail sérieux et qui n’étaient pas des “insiders”. Il y avait aussi une règle très intéressante : chaque décision devait être prise par consensus, sans vote. Il n’était donc pas possible de juste créer des camps : il fallait travailler avec les gens, obtenir de la compréhension, des compromis. Et le texte a été approuvé à une très large majorité – pas comme le Brexit où 52 % suffisent à ce que la Grande-Bretagne saute de la falaise.
Ce qui m’intéresse, c’est de réfléchir à la façon dont on pourrait reproduire ce type de processus dans d’autres démocraties à travers le monde.
(…)
J’aimerais vraiment que ce qui s’est passé en Islande puisse se développer autour de cette question : comment rendre à nouveau la démocratie véritablement représentative ?
Source : Lawrence Lessig : "La segmentation du monde que provoque Internet est dévastatrice pour la démocratie" | France culture