Municipal de la Sécurité et de gauche, les différentes réponses des municipalités de Lausanne et de Genève aux «initiateurs» de Botellón n’ont pas manqué de m’interpeller. Qu’en est-il après la diffusion ce soir d’Infrarouge à la TSR? Pour m’aider dans ma tâche, tout en visionnant l’émission j’ai publié cinq messages sur mon compte twitter qui m’ont servi de fil rouge à la rédaction de ce billet.
Je regarde Infrarouge (TSR) sur le Botellón en buvant une bière…
Petite provocation pour commencer. Il est tard, je rentre de la bibliothèque où j’ai travaillé jusqu’à la fermeture, puis je suis rentré et je suis vanné. Je me mets devant la télé pour décompresser et j’ai pris une bière. Je ne sais même pas encore que le sujet d’Infrarouge est consacré au Botellón. En plus normalement, je fuis devant Infrarouge et aux débats ring de boxe. Mais bon, il y a Marc Vuilleumier que j’apprécie et le sujet m’interpelle en tant que municipal de la Sécurité: qu’aurai-je fait si un tel événement était prévu dans la région?
Bon, pour terminer ce préambule un peu long, je trouve que l’émission pour une fois n’était pas caricaturale (Oscar Freysinger est hospitalisé, cela a dû faciliter les choses!). Des avis certes différents, mais chacun est respectueux des autres.
Je suis interpellé par la volonté des initiateurs de Botellón de refuser toute structure et toute responsabilité.
Depuis une année, je me familiarise avec les nouvelles habitudes des gens dans leur consommation d’alcool et donc pas forcément uniquement celle des jeunes qui nous sont présentés ce soir. La pratique consistant à se «charger» en début de soirée dans des lieux publics et avant d’aller festoyer ailleurs m’est connue. Cette pratique est favorisée par plusieurs facteurs non exhaustifs:
• le prix élevé de l’alcool dans les établissements publics, principalement les bars et discothèques;
• prix élevé en comparaison au prix de l’alcool dans les magasins (surtout depuis l’abandon des taxes spécifiques sur les alcools forts;
• la possibilité certainement qu’offre les plus âgés de procurer de l’alcool au plus jeunes (quoiqu’il ne soit guère difficile pour des jeunes de moins de 16 ans de se procurer de l’alcool, expérience faite sur la Riviera ce printemps);
• certains producteurs ciblent très clairement et précisément les jeunes;
• le côté tendance.
Là, je découvre très concrètement l’attitude de ceux qui ne veulent pas s’appeler «organisateur», mais »initiateurs» des Botellón. Ils sont loin d’être naïfs, connaissent le poids des mots et l’arme de la sémantique en choisissant le terme d’«initiateur» et en refusant celui d’«organisateur». Ce sont des antithèses parfaites des trotskistes!
Il y a là un refus de vouloir se laisser récupérer en les confrontants et en leur donnant des responsabilités. On est loin de l’auto-gestion et de toute forme d’organisation. L’outil ultime, Facebook, est le seul principe organisateur.
En même temps, comment en rester à ce stade lorsqu’une manifestation est prévue avec plus de 400 personnes qui ont confirmé leur venue et près de 6’000 en tout susceptible de venir. On ne peut pas dire que c’est simplement une question de faire confiance aux jeunes, qu’ils sont responsables, etc. Toute manifestation de cette ampleur, pour des jeunes ou des adultes, nécessite de dépasser le stade premier de la non-organisation. En quoi les jeunes échapperaient-ils aux demandes formulées à tout en chacun? Brièvement je me dis que le mouvement ouvrier, les syndicats et les partis de gauche auraient peut-être dû adopter la même attitude, plutôt que de chercher à se montrer pragmatiques, responsables, raisonnables. Alors le Botellón comme mouvement révolutionnaire qui s’ignore?
Jeunes, alcool, Facebook (réseaux sociaux, internet). Botellón, no responsabilité = cocktail détonant…
Tout me semble rassemblé pour faire peur au citoyen lambda. Surtout s’il est déconnecté d’internet… Et cela rajoute une couche sur des formes de méfiance à l’égard du réseau. Je suis sûr que certains donnent là raison à la Chine et à son contrôle totalitaire de la toîle.
Ahrgh Botellón (et pas botélon). Je suis définitivement has been
Petit détour sur Google pour vérifier l’orthographe du Botellón. Et hop petit passage aussi du côté de Botellón – Wikipédia. L’article est très ébauché, l’accent est principalement mis sur l’Espagne, l’alcool et la biture. Pas très original, mais contredit très largement les propos des «initiateurs» cherchant à minimiser la place et le rôle de l’alcool dans ces manifestations.
Suffisait-il de parler de limonade et pic-nic plutôt que Botellón pour qu’il n’y ait pas de problème, pas de polémique, pas de médiatisation?
Question à première vue pertinente de la part d’un des «initiateurs». En même temps, largement faussée, car
– je ne connais pas beaucoup de pic-nic spontané de 400, 2000 à 6000 personnes et qui se déroulerait sans un minimum d’organisation, voire sans une demande d’autorisation pour manifestation;
– c’est pas par hasard que l’initiateur a utilisé le terme de Botellón sur FaceBook et pas celui de pic-nic.
Par contre, effectivement, cela peut expliquer la caisse de résonance médiatique.
Je suis d’accord avec Marc Vuilleumier pour considérer le phénomène du Bottelón comme symptôme d’un hyperlibéralisme ambiant…
En définitive, cette volonté de se défausser de la responsabilité de l’événement en prétextant qu’on ne peut s’engager pour autrui par rapport à une non-organisation d’événement n’est pas loin d’être une forme de paroxysme du libéralisme. Une liberté individuelle totale et une intelligence collective auto-structurante, mais non constitutive de lien social ou de solidarité, comparable à la main invisible du marché, servent de concept philosophique de base au Botellón —auquel il faut y associer le jeunisme qui fait que Pierre Maudet à trente ans est déjà vieux (dessin de Mix&Remix). Il y a une forme de rapprochement à faire avec Wikipedia, puisqu’il y aussi l’idée d’une intelligence auto-régulatrice dans la construction du savoir (mais avec une forme de responsabilité éditoriale collective).
Après-coup et réflexion faite, plus que l’hyperlibéralisme, ce qui définit mieux le mouvement, c’est les Libertariens et le Libertarianisme (http://fr.wikipedia.org/wiki/Libertarianisme). La lecture de l’article m’apprend d’ailleurs que Jim Wales (http://fr.wikipedia.org/wiki/Jimmy_Wales), fondateur de Wikipedia, se situe dans cette mouvance. Ca tombe bien, non?
@lyonelkaufmann après 5 tweets, le sujet du bottéllon mérite certainement un billet de blog 😉
Merci à mon correspondant alors que je twitterisais pensant ne pas avoir le temps de rédiger un billet. Prouvant par là-même que bloguer et twitteriser peuvent être des activités complémentaires, mais qu’elles poursuivent des finalités de communication fort différentes.
D’autant que je n’ai pas épuisé le sujet ou le questionnement y relatif. Alors en vrac quelques considérations:
• Auparavant les débordements ou les expériences vécues par la jeunesse, et notamment celles en lien avec l’alcool, se déroulait sous la houlette d’acteurs valorisés socialement (société de jeunesse, choeur, fanfare, clubs sportifs) et d’activités ritualisées (giron, fêtes campagnardes, bal de campagne). Or, ces institutions sont en recul ou disparaissent: il faut encore ajouter le phénomène de la rurbanisation qui «anonymise« les individus. Sans nul doute que ces éléments désécurisent ou insécurisent tant les jeunes que certains adultes.
• Quel est le rapport que nous entretenons avec l’espace public? Quelle considération en avons-nous? Quel sens à l’intérêt commun? (Vous voyez je ne stigmatise pas les jeunes sur ce point)
• Quel est notre rapport à l’alcool, plus particulièrement à l’alcool chez les jeunes?
• L’autorité peut-elle tout à la fois préconiser, développer des campagnes diverses de prévention relativement à l’alcool chez les jeunes et simultanément autoriser la tenue d’événements comme le Botellón? Où commence l’hypocrisie en ce domaine?
• Les initiateurs ont beaucoup mis l’aspect et le rôle festif de l’alcool chez les jeunes. En même temps, les études relatives à la violence chez les jeunes, si elles montrent que celle-ci n’est pas fondamentalement en augmentation, montrent également un fort taux de corrélation entre les actes les plus violents et la consommation d’alcool chez les jeunes. Dès lors, mon attitude concernant ce type de manifestation implique que l’autorité ne cède ni à l’angélisme, ni à la stigmatisation. Dès lors, l’attitude des initiateurs ne peut se défausser entièrement de la question de leur responsabilité dans la publication d’un tel événement sur Facebook ou sur un autre réseau social.
PS: ce billet retarde encore la publication de mon deuxième volet sur l’Histoire suisse: Sans la France, la Suisse aurait-elle pu voir le jour? Patience…
"I am Hillary Clinton and I do not approve that message"
Dimanche 24 août 2008, très rapidement après la désignation de Joe Biden comme colistier de Barack Obama, John McCain faisait paraître cette publicité où il s’interrogeait sur le fait qu’Hillary Clinton n’ait pas été désignée pour accompagner Barack Obama sur le ticket démocrate et insinuait que c’était parce que Hillary Clinton avait dit des vérités dérangeantes concernant le candidat démocrate:
Lundi 25 août 2008, Hillary Clinton a répondu sur son espace youtube* à John McCain:
« Now I understand that the McCain campaign is running ads trying to divide us and let me state what I think about their tactics and these ads: I am Hillary Clinton and I do not approve that message. »
Ainsi avec son annonce, il se pourrait bien que John McCain ait rendu un fier service à Barack Obama, car une des dernières inconnues dans le camp démocrate résidait dans l’attitude qu’allait adopter Hillary Clinton lors de la convention et dans la campagne de l’élection de novembre. Désormais cette incertitude semble levée et l’opiniâtreté d’Hillary Clinton dans les primaires démocrates pour triompher de Barack Obama a toutes les chances de se reporter contre John McCain.
* et a immédiatement répercuté la publication de sa vidéo, via son Twitter.
Obama : my American Prayer
Alors que Barack Obama choisissait son colistier en la personne de Joe Biden, Dave Stewart (ex-Eurythmics) composait une nouvelle ode à la gloire du candidat démocrate et réunissait une brochette de personnalités du show-biz pour l’interpréter dont Forest Whitaker, Macy Gray, Whoopi Goldberg, Cyndi Lauper, Herbie Hancock, Joan Baez et… Pamela Anderson. Voici le résultat:
A noter la référence appuyée à Martin Luther King.
Pour revenir à la désignation du colistier et à la stratégie marketing, centrée sur le web, de Barack Obama, je vous conseille l’intéressante lecture de Guillemette Faure sur Rue89: Un biiip à 2 heures du matin… Ca doit être Barack.
Bon dimanche!
La peur de la récession gagne la Suisse et l'Europe
Aujourd’hui je pense que le terme de Krach 2008 pour la crise des subprimes déclenchées à l’été 2007 n’est pas un terme trop fort. Ces prochains temps montreront clairement qui de Keynes ou de Friedman et qui de Roosevelt ou de Hoover servira d’inspiration à nos gouvernements et plus particulièrement à nos banques centrales.
Mais, en préambule, notre petite revue de presse internationale du jour est très éclairante du climat ambiant. Un peu partout la peur de la récession prédomine dans le public. Enfin, le fait que le public craigne la récession a toutes les composantes d’anticipation auto-réalisantes… à moins que les responsables politiques et économiques jouent juste (ce dont personnellement je doute fort).
a) Une dépêche de l’ATS titre : Nouveau recul du moral des consommateurs en juillet en Suisse
Pour la deuxième fois consécutive, le moral des consommateurs s’est encore dégradé en Suisse. L’indice du climat de consommation, désormais négatif, a plongé à -17 points en juillet, contre +2 points en avril.
[…] Alors qu’elle était encore positive en avril, l’appréciation de la situation économique des ménages sur les douze derniers mois a chuté à -25 points en juillet. Cette valeur était encore positive en avril (+2).
[…] De même, les attentes portant sur le développement futur de ce même budget ont été revues à la baisse à -9 points, contre +7 en avril.
http://www.edicom.ch/fr/news/economie/nouveau-recul-du-moral-des-consommateurs-en-juillet-en-suisse_1184-5670405
b) Le Guardian nous apprend que La peur de la récession gagne la Grande-Bretagne
Mervyn King, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, a dressé un tableau pessimiste pour l’économie britannique. Le quotidien The Guardian s’intéresse aux implications du gouvernement en Grande-Bretagne. « Si les salaires continuent de stagner, toutes les raisons seront réunies pour baisser le taux directeur. La Banque [d’Angleterre] reste nerveuse mais pense en tout cas que cela l’aidera à faire face à son dilemme [du risque d’inflation en raison des baisses du taux directeur]. Les ministres n’ont pas cette chance. … En particulier, Gordon Brown qui doit s’inquiéter désormais de voir les électeurs tourner le dos encore plus brutalement à celui qui leur a fait croire autrefois qu’il avait réussi à supprimer le boom et la faillite. »<
» article intégral (lien externe, anglais)
c) En France : «Les chiffres ne sont pas bons» reconnaît Christine Lagarde
Pour la ministre de l’Economie, « les chiffres ne sont pas bons ». « Ce qui est important, c’est de se demander ce qu’il va se passer dans les mois qui viennent » (Reuters)
Le PIB a reculé de 0,3% au 2e trimestre 2008, selon l’Insee, ce qui n’était pas arrivé depuis 2002. La ministre de l’Economie invoque le contexte international.
Ce sont des « chiffres auxquels on s’attendait et qui ne sont pas bons », a de son côté commenté la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, sur France Inter.
Elle a notamment justifié ces mauvais chiffres par le contexte international morose, citant « les augmentations du cours des matières premières, l’affaiblissement du dollar » et « l’inflation ». « Il serait totalement inexact de parler de récession » a estimé la ministre.
Christine Lagarde a par ailleurs estimé qu’il fallait s’attendre à « moins de créations d’emplois en 2008 » qu’en 2007.
Source: http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/345122.FR.php?rss=true&xtor=RSS-450
d) Wall Street ouvre en baisse après le bond de l’inflation au plus haut en 17 ans
La Bourse de New York a ouvert en baisse jeudi après l’annonce d’un bond de l’inflation en juillet, ressortie au plus haut depuis 17 ans: le Dow Jones perdait 0,50% et le Nasdaq 0,41%.
Vers 13H40 GMT, le Dow Jones Industrial Average (DJIA) cédait 58,21 points, à 11.474,75 points, et l’indice Nasdaq, à forte composante technologique, 9,92 points à 2.418,70 points.
L’indice élargi Standard & Poor’s 500 lâchait 7,67 points à 1.278,16 points (-0,60%).
Les prix à la consommation ont augmenté de 0,8% par rapport à juin, soit deux fois plus que les attentes des marchés, tandis que l’indice de base (hors alimentation et énergie) a progressé de 0,3%, bien plus que prévu également.
Sur un an, l’inflation a bondi de 5,6%, ce qui est la progression la plus importante depuis janvier 1991. L’indice de base a progressé de 2,5%, soit la hausse la plus marquée depuis février 2007.
Ce rapport était très attendu parce que les investisseurs redoutent que les ménages limitent leurs dépenses superflues, en raison de la flambée des prix de l’énergie et des denrées agricoles. Or la consommation compte pour plus de deux-tiers de l’activité économique aux Etats-Unis.
Le marché de l’emploi a également envoyé un message négatif: les demandes hebdomadaires d’allocation chômage ont baissé de seulement 10.000 la semaine dernière, alors que les analystes tablaient sur un recul de 24.000.
Source: http://www.edicom.ch/fr/news/economie/wall-street-ouvre-en-baisse-apres-le-bond-de-l-inflation-au-plus-haut-en-17-ans_1184-5670641
La récession est un doux euphémisme pour ne pas parler de crise économique et ne pas trop renvoyer aux images des années 1930. Or, l’état des indicateurs cités ci-dessus sont clairement orientés «crises»
- baisse des indicateurs boursiers;
- recul des PIB (donc de la production);
- forte tendance inflationniste;
- baisse de la consommation des ménages;
- incertitude sur le marché de l’emploi.
La théorie monétaire stricte des banques centrales voudraient que les moyens soient mis dans la lutte contre l’inflation en digne représentant du néo-libéralisme. Cependant, une telle mesure donnera un mauvais signe en direction des ménages et de leur consommation. Une baisse de la consommation accentuera la baisse du PIB.
Cette dernière décennie, les salariés en Suisse comme ailleurs ont vu leurs revenus stagnés, voire régressé. Les syndicats demande des augmentations de salaires en sus de la compensation du renchérissement. Non seulement pour compenser le manque à gagner de ces dernières années, mais aussi pour soutenir la consommation en période de crise. Les syndicats préconisent donc une politique keynésienne.
La volonté des différents ministres et intervenants dans les différents pays cherchant à minimiser la situation indique clairement que les politiques gouvernementales et monétaires suivront le dogme néo-libéral. Dans la situation actuelle, ils seront également les dignes descendants du président Hoover. Et nous trinquerons…
Série de l'été : Twitter et la politique
Libération d’aujourd’hui s’intéresse à l’utilisation de l’outil Twitter par les hommes politiques… et n’oublie pas les tartes à la crème d’usage.
J’ai déjà eu l’occasion de vous entretenir sur politis.ch de l’utilisation de Twitter en politique, plus particulièrement en rapport avec la campagne présidentielle américaine. Dans la torpeur de l’été où il convient pour les journalistes d’une part de jouer à se faire peur (« et si les hommes politiques se passaient des journaux et des journalistes pour communiquer? »), d’autre part d’enquêter sur la manière dont les politiques communiquent à l’ère de l’Internet, Libération titre « Twitter, la nouvelle arme des politiques » puisque les blogs et les politiques cela a déjà été fait les derniers étés, fait un détour par l’utilisation de Twitter par Barack Obama (« Obama tisse sa victoire sur la Toile »), et interviewe ensuite à ce sujet Dominique Wolton («Trop d’interactivité risque d’accentuer l’agitation politique»).
Certes tout n’est pas sot dans les propos tenus par les différents auteurs ou interviewés. Notamment lorsqu’il s’agit de présenter l’outil Twitter:
Pas par téléphone, ni par mail, mais grâce à Twitter («gazouillis» en français), un service auquel il accède depuis son ordinateur. Merveille de la technologie moderne, cet outil lui permet de diffuser en temps réel son agenda, ses réflexions ou ses humeurs. Il lui suffit de se connecter au site Twitter.com pour poster un court message qui sera lu dans la minute par l’ensemble de son réseau. On apprend par exemple que, le 26 mai, Benoît Hamon était à Ljubljana, et que, le 17 juin, il manifestait pour la défense des 35 heures.
«La base de Twitter, c’est de diffuser à tous ses amis ce qu’on est en train de faire à l’instant. C’est du micro-blogging», explique Frédéric Cozic, consultant en Web innovant. Concrètement, son utilisateur dispose de 140 caractères (soit la taille d’un SMS) pour dire ce qu’il souhaite. Autant dire que, avec un format aussi court, il y a de quoi être sceptique. Mais pour les spécialistes des nouveaux médias, comme Joël Ronez, les avantages de Twitter sont indéniables : «D’abord, c’est très simple à utiliser. Ensuite, cela peut s’exporter : on peut par exemple twitter depuis son téléphone portable.» Et, surtout, c’est gratuit : «Vous pouvez donner rendez-vous à mille personnes en même temps sans dépenser un seul centime.» Twitter, la nouvelle arme des politiques »
ou sur la relativité de l’apport d’un nouvel outil dans la communication ou la communication politique en particulier:
Que pensez-vous de l’engouement des dirigeants politiques pour les réseaux communautaires, les forums ou les blogs Internet ?
Il faut relativiser historiquement. Un tuyau supplémentaire, quelle que soit sa puissance ou son interactivité, ne suffit pas à changer les rapports sociaux, culturels et politiques. «Trop d’interactivité risque d’accentuer l’agitation politique»
de même que la réflexion sur le temps de la politique:
La question aujourd’hui est que le temps de la politique ne peut pas être le temps du média ou du direct. La compréhension, l’action, requièrent du temps. La société ne change pas au rythme des médias et de leurs interactions. Il faut compenser cette vitesse par la conscience aiguë que les sociétés sont lentes et complexes, surtout à l’heure de l’ouverture des unes sur les autres et du charivari provoqué par la mondialisation. Le fait de parler d’un problème ne suffit pas à le résoudre. «Trop d’interactivité risque d’accentuer l’agitation politique»
Mais les mêmes tartes à la crème que nous avons connues relativement au blogs sont également ressorties. Premièrement, ceux qui utilisent ces outils le font au détriment d’autres:
L’ennui, c’est que ce type d’activité est chronophage et ne remplace ni les médias traditionnels, ni surtout les contacts humains et sociaux, et encore moins l’action.
alors que les enquêtes relatives à l’utilisation de ces technologies montrent que celles-ci viennent s’ajouter et démultiplient les contacts sociaux dans le monde réel de leurs utilisateurs. Ceux-ci ne sont pas des agoraphobes, bien au contraire.
Deuxièmement, leur utilisation irait vers le futile, l’égo, le voyeurisme et la people:
Le public rentre dans une sorte de voyeurisme vis-à-vis des hommes politiques : il veut en savoir toujours plus tout en n’étant jamais rassuré.
Cette tarte à la crème est née avec la transposition des blogs dans la sphère politique. Dans l’opinion journaliste, les blogs étaient tous de Skyblog, centrés sur le moi le plus futile. Cela n’a effectivement pas été amélioré avec Twitter où tout le monde s’imagine que leurs utilisateurs écrivent des messages pour dire qu’ils sont aux toilettes…
Et bien sûr, les médias traditionnels sont eux exempts de ce type de reproche que sont la «peopolisation» du politique, la futilité, le manque de prise de distance, l’absence de mise en perspective.
C’est dommage, car l’interview de Dominique Wolton mérite d’être lu, car on peut facilement le lire en élargissant son analyse à l’ensemble des médias actuels et à la politique en général que ces derniers soient faits avec ou sans l’Internet, avec ou sans Twitter.