Rien ne m’agace plus que cette volonté de nous faire croire que seuls les Européens «profitent» des accords bilatéraux sur la libre-circulation des personnes. Rien n’est plus faux et encore plus faux que je ne le pensais.
Sait-on seulement que les Suisses expatriés dans l’Union européenne représentent l’équivalent des deux-tiers de la population du canton de Vaud? [1]
Sait-on seulement qu’entre 2004 et 2007, le nombre de Suisses résidant dans l’Union européenne est passé de 388’000 personnes (sur 623’000 Suisses expatriés) à 415’000 (sur 668’000 Suisses expatriés)? [1] Ainsi donc à plus de 90%, la croissance de Suisses expatriés dans le monde est due à leur établissement dans l’Union européenne.
Sait-on seulement que des Européens ou des Suisses, en pourcentage de la population, ce sont les Suisses qui «profitent» le plus de ces accords? Et pas d’un petit bout, 25 fois plus! Ainsi, en 2006, c’est l’équivalent de 5% de la population suisse qui était établie dans l’Union européenne contre seulement 0,2% de la population de l’Union européenne en Suisse. [2]
Ainsi donc la fermeture des frontières -résultant de la non-reconduction des accords bilatéraux sur la libre-circulation- pénaliserait en premier lieu la libre-circulation des Suisses. Etonnant, non?
Notes:
[1] Source: Département fédéral des affaires étrangères, Service des Suisses de l’étranger (Schweizer im Ausland)
[2] Source: Europäische Kommission: La libre circulation des personnes
Brèves de la semaine du 2009-02-01
- Bolivie: nouvelle Constitution acceptée http://twurl.nl/djq1l5 Quel parcours que celui d’Evo Morales. Et bien plus fort que celui d’Obama. #
- La Boillat déjà 3 ans… . Depuis le capitalisme prédateur a généralisé l’étendue de son cynisme et de son incompétence http://twurl.nl/7x7q6l #
- Un résultat: 59-0. soit le résultat du vote du Sénat de l’Illinois qui a destitué Rob Blagojevich. #
- Marcel Gauchet: «Le communisme rendait fou, le néolibéralisme rend stupide» (vendredi 30 janvier 2009) http://tinyurl.com/b23nzb #
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Crisis? What Crisis?

Dorothea Lange, Mère migrante (Migrant Mother), 1936
Marcel Gauchet: «Le communisme rendait fou, le néolibéralisme rend stupide» (vendredi 30 janvier 2009)
Intervenant lors d’une conférence à l’école des Hautes études en sciences sociales (Ehess) sur le thème « la crise financière : une approche politique », Marcel Gauchet est revenu sur la portée politique de la crise actuelle. Le site Marianne.fr a rendu compte de ses propos. Morceaux choisis:
- les responsables actuels ne veulent fondamentalement rien changer: «il est d’ailleurs assez clair que la plupart des responsables de toutes obédiences attendent que cela passe et sont bien décidés à recommencer comme par devant dès que l’orage sera passé, après quelques concessions inévitables mais limitées sur le chapitre de la fameuse régulation».
- Une crise qui remet en question la philosophie de la construction européenne: « La crise met manifestement en question toute la philosophie de la construction européenne telle qu’elle s’est redéfinie dans les années 80. L’urgence, le travail de pompier où en sont les dirigeants politiques impliquent de passer par d’autres canaux. Cette crise met en échec toute la philosophie de la gouvernance dont se gargarisait nos élites. Nous n’en sommes qu’au tout début d’une remise en question globale ».
- La politique est l’otage des financiers: « Il faut tordre le coup à un canard journalistique: «cette crise marquerait un retour du politique ! Il n’y a aucun retour du politique. Le politique a été pris en otage par les financiers qui sont venus lui mettre le marché en main : on saute tous ou vous faites quelque chose. Et ce quelqu’en soit le prix. On voit que le prix augmente tous les jours…Nous avons assisté à un appel au secours désespéré du politique, cela n’a rien à voir à un retour du politique».
- Un moment idéologique intense: «nous sommes dans un moment idéologique intense dont la mise en place de cette économie financière globale a été l’un des vecteurs efficaces. Mais aussi un entraîneur idéologique. Cette idéologie a l’étrange propriété de ne pas se prendre pour telle car elle est très largement partagée et qu’elle entretient un rapport direct avec la pratique économique qui en dissimule les rouages. […] Nous sommes passés du régime idéologique de la folie au régime idéologique de la bêtise ! Le communisme rendait fou, mais le néolibéralisme rend stupide ! ».
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Crise : la baisse de la consommation, un suicide collectif
En 1991, lors de la première guerre d’Irak, les gens, en Europe et notamment en France, s’étaient rués sur les produits de première nécessité (huile, sucre, pâtes, etc.). Comme si la guerre avait la moindre chance de toucher le continent européen ou les pays producteurs agricoles… Après coup, certains ont eu l’air malin avec leur stock. L’actuelle baisse de la consommation relève exactement de la même irrationalité : les Européens, craignant les conséquences d’une crise qu’on leur annonce à longueur de journée comme la plus catastrophique depuis 1929, diminuent leur consommation « au cas où ».
La suite: Coulisses de Bruxelles, UE
Bilatérales: Un OUI pro-européen responsable et patriotique
Décembre 1992, le refus en votation populaire sur l’Espace Economique Européen résonne durement aux oreilles des pro-européens. Ces derniers alors fondent le NOMES (Nouveau mouvement européen suisse) et leur objectif est à terme l’adhésion à l’Union européenne. Du côté de vainqueurs du scrutin populaire, ceux-ci clament et exigent le recours au seul bilatéralisme, paré de toutes les vertus, avec l’Union européenne.
Janvier 2009, ceux qui avaient prôné les bilatérales les vouent presque aux gémonies puisqu’un NON majoritaire dans l’urne équivaudrait à la liquidation des principaux accords liant la Suisse et l’Union européenne. Le résultat des bilatérales les conduirait-il à un constat d’échec relativement au refus en 1992 de l’Espace Economique Européen? S’agirait-il pour ces tenants des bilatérales de faire leur mea-culpa? De défendre dès lors l’adhésion à l’Union européenne? Non. Pire, certains, le plus sérieusement du monde, professent un accord avec l’Alena (Accord réunissant les Etats-Unis, le Canada et le Mexique) plutôt qu’avec un ensemble, l’Union européenne, qui fournit le 82% de nos importations et qui accueille le 62% de nos exportations (contre respectivement 5% et 10 % pour les USA). [Source: L’air de Bruxelles (.pdf)]. Une telle attitude conduit la Suisse à un suicide collectif.
Pour autant, le OUI, prôné le 8 février prochain par les pro-européens du NOMES, a symétriquement un côté paradoxal. En effet, depuis 1992, la volonté d’adhésion de la population suisse à l’Union européenne subit une érosion au fur et à mesure que les accords bilatéraux se sont développés. Jamais la perspective d’une adhésion n’a parue si éloignée. Logiquement, les pro-européen devraient jouer la politique du pire, car après le 8 février, en cas de refus, la question de l’adhésion pourrait retrouver rapidement toute sa vigueur.
Alors qu’en conclure?
– premièrement que l’aveuglement idéologique n’est pas forcément où on veut le voir;
– deuxièmement qu’il existe une différence fondamentale entre une attitude responsable, celle des pro-européen, et l’attitude suicidaire des autres, les anti-européens;
– enfin que l’attitude patriotique et la vraie défense de la patrie sont du ressort de ceux qui prônent l’ouverture aux autres plutôt que le réduit paranoïaque.
PS: Pour l’argumentaire du NOMES, vous pouvez consulter leur site: http://www.europa.ch/.