Très intéressant Grand 8 (RSR) de ce matin, même si on ne peut que regretter qu’il n’ait pas été consacré à un Premier Mai particulier au regard de la crise économique et que le titre était douteux dans le contexte sanitaire actuel (« La fusionnite aigüe, un nouveau virus… hautement contagieux! »), son sujet portait sur les questions de fusion de communes ou de canton à la suite de la publication de François Cherix, auteur de « La question romande. Enquête sur une Suisse romande entre attentisme et projets », Editions Favre, 2009 et également du dernier projet de collaboration entre Vaud et Genève.
Je vous invite à l’écouter attentivement et notamment les propos du Professeur Dafflon, le «pape» des fusions communales du canton de Fribourg. Il y met en évidence le pas redoutable qui passe de la convergence sur la nécessité de se regrouper au moment où la décision concernant la fusion doit être prise et il nous dit:
«On peut avoir des sondages dans lesquels qui marquent leur intention d’être ensemble. Lorsqu’ils doivent décider c’est une autre problématique.»
Il cite ensuite un certain nombre de chiffres concernant quatre cantons engagés dans des démarches similaires de fusion de communes durant ces 25 à 30 dernières années:
– la canton de Fribourg avait le projet de passer de 284 communes à 98 et il en reste 168;
– le canton de Vaud comptait passer de 381 communes à 107, il en reste à 375;
– le canton du Jura comptait passer de 83 à 29 communes, il en reste à 64;
– le canton du Tessin comptait passer de 247 à 100 communes, il en est à 181.
Pour le professeur Dafflon, les obstacles et les résistances ne sont pas techniques, mais sont identitaires et sociétals. Alors faut-il arrêter d’en parler? Point du tout pour le professeur Dafflon:
«Si les fous du roi, les chamalas du Duc de Gruyère que nous sommes ne font pas ses projections-là, personne ne le fera.»
L’émission du Grand 8: [display_podcast]
Pour ma part, évidemment, c’est la question des fusions de communes qui m’intéresse plus particulièrement alors que la Conférence des syndics de la Riviera a mandaté en 2008 l’IDHEAP pour conduire une pré-étude sur l’intérêt ou non d’une fusion des 10 communes (70’000 habitants) de l’ancien district de Vevey. Pour la suite, je ne peux à ce sujet que vous donner rendez-vous au mois de juin.
Concernant ma position personnelle, je milite vivement pour que la démarche d’une fusion des 10 communes de la Riviera vaudoise soit engagée, associe très rapidement sa population et que chacun (municipalité, municipaux, conseillers communaux, partis, groupements, etc.) se positionne clairement sur l’objectif à terme de la fusion à laquelle j’adhère. J’y reviendrai prochainement.
Dernièrement également, une séance des municipaux socialistes vaudois comportait un point sur le sujet et revenait sur quelques derniers exemples de fusion avortée alors qu’au mois de mai les communes du Lavaux tenteront une deuxième fois la fusion.
A l’issue de cette séance, je retiens concernant les fusions de commune qui ont réussi les éléments suivants:
– comme le professeur Dafflon au Grand 8, je constate que les fusions qui ont abouti sont rares;
– c’est jusqu’à présent des fusions à très peu de communes (généralement deux);
– elles connaissaient soit des problèmes financiers importants, soit des problèmes tout aussi important de personnel politique (manque de personnes).
De manière plus diffuse, je pense aussi que les projecteurs vaudois sont certainement trop tournés vers ces démarches de fusion à plusieurs communes telle celle des communes du Lavaux. Il y a une attente trop grande de pouvoir dire « enfin » dans un domaine alors que les questions identitaires ne dominent que trop au moment où les électeurs doivent prendre la décision finale.
Par ailleurs, les processus sont longs (3 à 5 ans) alors que la campagne de votation et l’émergence souvent diffuse des opposants ne se concrétise que 2 à 3 semaines avant le scrutin. Cela implique que le chemin parcouru par les autorités politiques doit être parcouru au même rythme par les citoyens concernés. Sans pour autant, il faut le préciser, être un gage de succès. Cependant, ne pas le faire conduit à un échec assuré.
Alors action!