Le 27 septembre prochain, les électeurs et électrices vaudoises auront à choisir entre le modèle de l’initiative pour la police unique du syndicat des gendarmes vaudois et le modèle de la police coordonnée, proposé par le Conseil d’Etat et les communes et qui entrera en vigueur dès 2011 si l’intiative est rejetée. Mon éclairage et ma prise de position.
Ce dernier week-end, au hasard d’une rencontre, Madame Sylvie Winkler, municipale de la sécurité lors de la précédente législature, m’évoquait les discussions ubuesques et kafkaiennes échangées avec les responsables de la police cantonale lors des séances du comité de pilotage de Police 2000 concernant la Riviera. Ainsi, dans une séance, ces responsables cantonaux juraient la main sur le coeur faire des actions préventives et se soucier de police de proximité alors que le journal d’intervention pour La Tour-de-Peilz se résumait sur la semaine écoulée de l’époque à une présence d’une patrouille pour une durée de 5 minutes à 6 heures du matin à la gare.
Cette anecdote est à l’image de la distance qui n’a cessé d’exister entre la vision cantonale et les attentes locales tant des municipalités de la Riviera que de leurs conseils et de nos concitoyens et concitoyennes en matière de sécurité.
Pour développer une police qui corresponde aux attentes de la population, les Municipalités et les Conseils communaux de la Riviera ont pris en 2005, puis en 2006 la sage décision, d’une part, de mettre fin à l’expérience douloureuse de Police 2000 et, d’autre part, de réaliser l’association de commune Sécurité Riviera. Depuis le calme est revenu et les interpellations au Conseil de La Tour-de-Peilz ont cessé*.
Depuis également Police Riviera sert de référence et de modèle dans les réformes entreprises ou projetées par les différentes polices municipales. C’est ainsi que la Police de l’Ouest lausannois s’en est inspirée et a été créée en 2008. Le contre-projet indirect du Conseil d’Etat instaurant une police coordonnée se base également sur le modèle Riviera pour définir les contours des futures polices municipales et redonnera à Police Riviera l’autorisation d’enregistrement de toutes les plaintes, autorisation mesquinement retirée au terme de Police 2000 par le commandant de la police cantonale.
A l’inverse, en cas d’acceptation de l’initiative, Police Riviera sera démantelée. Cela marquera la fin de l’approche multidisciplinaire de la sécurité de proximité qui associe actuellement les cellules d’intervention de Police Riviera avec les autres cellules de l’organisation telles la police du commerce ou les assistants de police.
A ceci s’ajoute encore le flou le plus total concernant le coût d’une police unique pour notre commune alors que le cadre financier de la convention canton-communes est connu et maîtrisé. En effet, les deux points d’impôts rétrocédés par le canton aux communes nous permettront de faire face à l’augmentation des nouvelles tâches octroyées. En outre, l’expérience en matière de l’évolution des charges cantonales répercutées sur les communes ne plaide guère en faveur du modèle de la police unique.
Enfin, si nous discutons ces derniers temps au niveau régional de caisse de pension à propos des VMCV, nous ne serons guère déçus par les discussions que nous aurons et du prix que nous aurons à payer concernant le transfert de nos agents au canton. Pour nos dix communes, le montant à payer pourrait s’élever jusqu’à 21 des 80 millions estimés pour la CIP (Caisse Intercommunale de Pension). De plus, des dégâts collatéraux pourraient affecter l’ensemble des employés communaux assurés par cette caisse, voire l’existence même de cette caisse de pension.
Dès lors, soucieuse de défendre au mieux les intérêts financiers de la commune et d’assurer aux citoyen-ne-s de notre région une police de proximité digne de ce nom ainsi que par respect envers les engagements pris, le travail accompli au quotidien par les hommes et les femmes de Sécurité Riviera, la Municipalité incorpore de La Tour-de-Peilz s’est engagée dans le comité de soutien du NON à la police unique. Je vous invite donc à en faire de même et à glisser dans votre enveloppe un NON tout aussi résolu.
Lyonel Kaufmann
Municipal en charge du dicastère de la Sécurité et des Affaires culturelles.
La Tour-de-Peilz, le 10 septembre 2009
* Le cas échéant, je vous invite à consulter les procès-verbaux des séances de 2003, 2004 et 2005 du Conseil communal et à prendre connaissance des nombreuses questions et interpellations que les conseillers communaux avaient déposées à La Tour-de-Peilz concernant Police 2000 ainsi que des communications municipales de cette période.
Prolongements: si vous avez manqué les épisodes précédents, j’ai déjà publié sur le sujet en 2008-2009:
- Polices vaudoises: l’âge de raison? qui présentait la convention signée par le canton et les communes, convention qui s’oppose aujourd’hui, dans la mesure où les initiants n’ont pas privilégié une sortie par le haut, à l’intiative prônant la police unique;
- Quelle police pour les Vaudois-e-s? qui présentait les enjeux en terme de sécurité et plus particulièrement de proximité pour le canton et les communes.