Dans sa Chronique Education de ce jour, Philippe Watrelot rend compte de l’évolution des manifestations et des (sur)réactions policières et évoque à juste titre de stratégie du pourrissement de la part du gouvernement et du président de la République. Depuis son arrivée du pouvoir, Nicolas Sarkozy s’est, dans les relations avec les partenaires sociaux et plus particulièrement des syndicats, toujours inspiré des méthodes de Margareth Tachtcher. Aujourd’hui, bien loin de prendre ses responsabilités de chef d’Etat, il est prêt à tout pour pourrir la situation, faire ainsi peur aux bourgeois et jouer son va-tout pour se faire réélire.
En 2007, j’évoquais déjà la référence à Margaret Tatcher lors de la réforme des régimes spéciaux de retraite ((Grève en France : Sarkozy à la poursuite de Tatcher?)). Aujourd’hui, Philippe Watrelot perçoit, dans l’attitude de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement une stratégie du pourrissement concernant les manifestations de ces derniers jours:
Blocus, poubelles incendiées, voitures retournées, violences, vols et agressions, usage des lacrymogènes pour disperser, arrestations,… C’est ce que j’ai pu voir ce matin dans le lycée dans lequel je travaille. Et dans ce lycée de banlieue, le mouvement social nous rappelait plus les émeutes urbaines de 2005 que les manifestations organisées contre le CPE de 2006. Si les jeunes sont entrés dans la mobilisation, il ne faut pas oublier que ce que l’on appelle trop rapidement ‘les jeunes’ n’est pas un bloc homogène. Parmi eux, il y a des situations très différentes et la grève est aussi le prétexte à l’expression d’une violence et d’un malaise auquel il n’a jamais été répondu depuis la crise des banlieues.
Dans bon nombre de lycées, on a vu des situations très complexes et tendues. Des lycéens très motivés et d’autres qui le sont moins se trouvent confrontés à des ‘casseurs’. C’est une situation extrêmement complexe à gérer pour les chefs d’établissements (qui sont laissés sans consignes claires par le ministère) et aussi, convenons-en, pour les forces de l’ordre. Si Vendredi, le ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux, a envoyé à tous les préfets un télégramme pour éviter toute escalade et ‘limiter l’usage de la force au strict nécessaire’, on peut aussi penser qu’après les provocations et la répression, cela peut passer pour une stratégie du pourrissement. C’est, en tout cas, une évolution dont il faut tenir compte du côté des manifestants. Il serait vraiment dommage que le mouvement social soit affecté par ces dérives. Et n’oublions pas que cette tension est aussi et surtout le résultat d’un durcissement du discours gouvernemental et d’un refus du dialogue social. Le vrai blocage est là…
Chronique Éducation: Revue de presse du lundi 18 octobre 2010.
Casser du syndicat en refusant tout dialogue social telle était la «politique» ((Mot galvaudé en l’occurence)) poursuivie en son temps par Margaret Tatcher à l’égard des syndicats de mineurs britanniques. Nicolas Sarkozy en est ainsi un digne émule. Si la novlangue veut nous faire croire que le concept de lutte des classes est passé de mode, N. Sarkozy l’applique avec toute la rigueur nécessaire pour briser ses adversaires. Son intention n’est nullement concentrée sur le règlement de la question des retraites et le mensuel économiques Alternatives Economiques le souligne ((Et le mensuel fait lui aussi le rapprochement avec la Dame de Fer britannique: «Alternatives économiques est né il y a trente ans, en 1980, en réaction au slogan: There is no alternative, « TINA », de Margaret Thatcher, première ministre ultralibérale du Royaume-Uni. Notre projet était alors, et il l’est encore, de montrer que dans une situation donnée, il existe au contraire toujours des alternatives. Trente ans après les choses ont beaucoup changé, mais Nicolas Sarkozy nous refait le coup du TINA : pour les retraites, il n’y aurait pas d’autre choix que d’avaler la potion amère préparée par le bon docteur Woerth.»))
Ce qui pose problème ce sont les choix particuliers effectués par le gouvernement. Ils sont probablement les plus injustes qu’on puisse imaginer. La hausse de l’âge minimal de départ de 60 à 62 ans revient à s’en prendre en priorité à ceux qui ont commencé à travailler tôt : celui qui a démarré à 18 ans devra cotiser 44 ans contre 41,5 ans pour les autres. Alors que ce sont souvent eux qui occupent les métiers les plus pénibles… Quant au passage de 65 à 67 ans de l’âge de départ en retraite sans décote, il va toucher tous celles et ceux qui ont eu des carrières incomplètes pour cause d’arrêt momentané… Ils sont déjà très nombreux mais le seront encore plus dans le futur compte tenu de la précarisation du marché du travail. Enfin le refus de véritablement prendre en compte la pénibilité des tâches pénalise tous ceux, très nombreux là aussi, qui ont porté des charges lourdes, travaillé au chaud, au froid, dans le bruit ou encore de nuit…
Retraites : l’autisme n’est pas une bonne politique….
Le pourrissement sarkozien, assimilable à de l’autisme pour Alternatives Economiques, ne peut que provoquer des affrontements majeurs. ((D’autant plus, comme nous le rappelle Alternatives Economiques, que le président Sarkozy revient sur la promesse du candidat Sarkozy promettant, il y a trois ans, de ne pas toucher à la retraite à 60 ans.)) Pour la plus grande joie du pyromane Sarkozy. Ainsi, loin de penser aux prochaines générations, N. Sarkozy a surtout les yeux fixés sur les moyens de s’assurer sa prochaine réélection.