Alors que le débat européen paraissait mort et enterré et qu’on se frottait la panse d’un «il n’y en a point comme nous», celui-ci s’inscrit de nouveau au coeur de notre agenda politique et certainement des prochaines élections fédérales. Décodeur.
«Ce n’est pas une option pour moi. Cela entraînerait une hausse des coûts en Suisse, une hausse de la TVA et établirait un lien avec l’Union européenne. Je n’en veux pas»
Ces propos de Johann Schneider-Ammann ((LeTemps.ch | Euro: un taux plancher est en discussion)) au sujet du rattachement du franc à l’euro réclamé par la gauche ne manquent pas de piquant alors que le cours de l’euro s’établissait au taux de 1,06 frs à la clôture ce lundi.
On constate donc que la fixation d’un cours du francs suisse par rapport à l’euro est une question autant politique qu’économique. La proposition de fixer un objectif de cours de change dans une fourchette de 1 fr 20 à 1 fr 30 est notamment à examiner à la lumière des questions de la politique européenne de la Suisse.
L’incapacité de Johann Scheider-Ammann à envisager un ancrage du francs suisse à l’euro s’explique aussi par sa vision de nos relations européennes. Ancrer le franc à l’euro, comme il l’était ne l’oublions pas pendant longtemps à l’égard du Deutschmark, c’est admettre que notre futur ne peut s’inscrire qu’avec l’Union européenne, que notre destin est lié à celle-ci. Il y a là une barrière mentale qui, sans conteste, influera sur les décisions de Johann Scheider-Ammannen en matière de politique économique. Cela est regrettable tant économiquement que politiquement puisqu’elles participeront au déni d’Europe dont l’UDC s’est faite le champion.
Pourtant notre dépendance à l’égard de l’Europe que certains veulent à tout prix ne pas voir revient à grande vitesse ces derniers jours. C’est ainsi que le dernier Matin Dimanche évoquait la volonté de certaines entreprises de payer les salaires de leurs employés suisses en euros. ((Des salaires en euros aussi pour les Suisses | Le Matin Dimanche, 6 août 2011)) Pour sa part, la branche hôtelière souhaite un cours de l’euro spécifique pour les prix de leurs établissements.
On notera aussi que parmi les mesures prévues et à rediscuter par le Conseil fédéral, la loi sur les cartels pourrait être révisée afin d’étendre les possibilités d’intervention contre les cartels verticaux qui permettent à un producteur d’imposer en Suisse un prix de vente plus élevé qu’à l’étranger.
On peut être sûr qu’un parti comme l’UDC ne défendra guère les travailleurs, mais plus les importateurs dont certains sont des figures de proue et de gros contributeurs du parti. C’est ainsi que Walter Frey, du groupe Emil Frey leader des importateurs automobiles en Suisse avec 30% du marché, est un des principaux contributeurs de la campagne des fédérales de l’UDC suisse ((L’argent secret des partis politiques | Politikblog, 20 mai 2011)) et l’un de ses vice-présidents.
Sur ces questions gênantes, leur récente initiative sur l’immigration détournera-t-elle longtemps les électeurs des véritables questions et enjeux qui se posent concernant ce parti ainsi qu’à nos relations avec l’Union européenne?
Nota bene : dans le carde des élections fédérales, nous utiliserons l’abréviation EF2011 pour des articles en lien avec ce sujet. Je prends ainsi le mot-clé utilisé par la rubrique multimédia de la RSR pour les fédérales 2011 et son journal politique quotidien : #EF2011, le quotidien politique : http://paper.li/RSRinfo/1308736596
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