C’est une stratégie de l’émiettement ou de la banalisation auxquels nous assistons concernant l’emploi du taser par les différentes polices suisses.
Dernier épisode en date, la déclaration de Mme Jacqueline de Quattro, conseillère d’Etat vaudoise en charge de la Sécurité, de sa volonté d’équiper prochainement, et dans un premier temps, les membres du Détachement action rapide et dissuasion, le DARD (De Quattro veut le pistolet électrique | 24 Heures du 27 février 2009).
Cependant, il ne faut pas se leurrer. Malgré les cautèles, il s’agit d’habituer progressivement le citoyen lambda à la présence de cette chaise électrique de poche dans l’arsenal de base du policier.
Aujourd’hui la dangerosité de l’outil ne fait guère de doute, l’inventaire par Amnesty des cas de décès dans lequel le taser joue directement ou indirectement un rôle sont dûment répertoriés et leur total est passé de 230 à fin 2006 à près de 300 en septembre 2007 (L’expérience américaine, Amnesty international).
Alors que la lobotomie et les électrochocs ont été progressivement exclus des traitements psychiatriques qu’est-ce qui peut bien pousser le traitement par électronarcose de citoyens non armés? Est-ce comme le sous-entend l’article de 24Heures parce que la violence des citoyens à l’égard des policiers augmente? Rien à voir puisque les policiers sont alors outillés dans ces cas-là soit de spray au poivre, soit de bâton tactique.
Alors n’assiste-t-on pas plutôt à un phénomène de brutalisation civile de la société, à une banalisation de la violence, à la dissolution des droits élémentaires de toute personne interpellée? On pourrait penser que j’exagère. Et pourtant
Si la criminalisation sociétale et la déshumanisation de l’individu est aujourd’hui centrée sur les réfugiés ou les étrangers, premières populations en Suisse auxquelles le taser est destiné depuis 2007 (A l’heure du Taser…), les développements actuels invitent à considérer que cette criminalisation s’étendra progressivement à des franges de plus en plus larges de la population (Débats électriques en vue sur l’utilisation des Taser à Lausanne | 24Heures du 5 février 2009).
Loin de diminuer les phénomènes de violence dans l’espace public constatés notamment à l’égard des forces de l’ordre, le taser ne fera que les augmenter et se déclinera jusqu’aux actes les plus banals du travail policier: contrôles routiers, sorties de lieux publics, personnes sous l’influence de l’alcool, interventions domiciliaires lors de conflits familiaux ou de dénonciation pour non-respect des règles usuelles de tranquillité, etc.
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