Après les résultats de la primaire républicaine du Michigan, je fais le constat d’une campagne d’une extrême réactivité et volatilité. Ainsi peut-on citer pêle-mêle:
- cinq primaires ou caucus et cinq vainqueurs différents;
- des sondés dont un tiers à 40% peuvent changer d’avis très rapidement;
- des candidat-e-s qui modifient tant leur discours que leur(s) axe(s) de campagne très rapidement eux-aussi;
- des campagnes «individualisées» par Etat en fonction de la composition sociale, économique et des préoccupations du lieu;
- une situation nationale qui évolue aussi très rapidement et les préoccupations du moment ou des prochains mois ont aussi un impact sur la modification des stratégies de campagne des candidat-e-s.
Ainsi, à titre d’exemple et chez les démocrates, le thème du changement de comportement politique, cher à Barack Obama, est passé quasi au second plan. D’abord éclipsé par la querelle soigneusement orchestrée par le camp Clinton sur la question noire et des droits civiques. Puis, lors du débat pour la primaire du Nevada, les préoccupations économiques et la question irakienne ont repris leurs droits.
Ces deux dernières questions, et plus particulièrement la première, devraient à mon avis prendre de plus en plus d’importance et les soucis de la middle class et ceux des retraités pèseront très lourd devant une récession de l’économie américaine qui se profile nettement.
Cette cristallisation des thèmes devrait aussi éclaircir la situation et stopper cette valse des vainqueurs. D’autant plus que, jusqu’à présent, les scrutins concernaient de petits Etats (à l’échelle américaine bien entendu). Le SuperTuesday mettra de l’ordre et, à l’issue de cette journée, chaque camp se retrouvera avec deux face-à-face pour ne pas dire deux duels.
Dans le contexte économique et social actuel, je penche pour un face-à-face John McCain et Mitt Romney chez les Républicains. Que feront alors les électeurs intégristes? Les électeurs indépendants ayant déjà choisi McCain.
Pour les démocrates, après le SuperTuesday, la question concernera la stratégie adoptée par John Edwards sur le moment qu’il choisira pour annoncer son désistement. S’il choisi de se désister en faveur de Barack Obama, il y aurait certainement un intérêt pour les deux candidats pour qu’il le fasse le plus tard possible, car tous les électeurs/trices qui ne se reconnaissent ni dans Barack Obama, ni dans Hillary Clinton iront probablement à la pêche et ce sera tout cela des mandats perdus pour Barack Obama lors de la convention.
Cependant, je ne partage pas l’opinion commune que le ralliement de John Edwards soit presque acquis à Barack Obama dans le prolongement du ralliement de John Kerry. D’abord parce qu’un ticket Obama/Edwards ne me paraît pas le meilleur pour Obama et les démocrates en raison d’un positionnement trop proche. Ensuite parce que la désignation d’Obama est problématique pour les ambitions présidentielles de John Edwards, barré ensuite pendant éventuellement huit ans, puis certainement en concurrence après avec des candidats plus jeunes. Enfin parce qu’il ne faut jamais, au grand jamais, sous-estimer le camp Clinton… bien que l’hypothèse d’un ticket Hillary Clinton/John Edwards soit peut probable (mais…).
De toutes les façons possibles, la situation d’Edwards ressemble passablement à celle de François Bayrou lors de la présidentielle française de 2007. Un bon résultat qu’il n’arrive pas à capitaliser ni à court terme, ni à long terme.
Globalement, chez les démocrates, les préoccupations économiques et celles concernant l’Irak jouent selon moi plutôt en faveur d’Hillary Clinton, car ces besoin de sécurité s’accordent mal avec la thématique du changement.
PS : si Obama sort vainqueur des primaires, je rêve pour ma part d’un ticket Barack Obama/Al Gore. Cela aurait une de ces gueules…
Dans l’autre situation, soit la victoire d’Hillary Clinton, il est évident qu’un ticket Hillary Clinton/Barack Obama aurait aussi de la gueule.
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