Avec ses discours racistes et xénophobes, Trump, une fois élu, jouerait le rôle de catalyseur de désinhibition. Les inhibitions sociales, incarnées par la loi, sont les règles qui nous permettent de vivre ensemble sans (trop) nous taper dessus. Dans le contrat social qui nous lie, l’accord tacite est que nous abandonnons la loi du plus fort qui caractérise l’état de nature pour nous soumettre à des lois, les mêmes pour tous, dont les institutions et les chefs d’État sont les garants politiques et moraux. Avec ce contrat social, tous les hommes abdiquent leur liberté naturelle et acceptent une aliénation partagée par tous de la même manière qui leur permet d’exercer une autre forme de liberté. Lorsque les institutions et les autorités dirigeantes tiennent un discours qui laisse entendre que l’égalité garantie par le contrat social n’est pas forcément valable entre les hommes, le contrat est rompu. Concrètement, cela se traduit par une autorisation tacite de laisser libre cours aux pulsions agressives. Comme le dit Jacques Généreux dans L’autre société, «chez les humains, la régulation de l’agressivité n’est pas génétique, mais sociale: elle consiste en rites et habitudes transmis par l’éducation. Les comportements violents et antisociaux manifestent donc une défaillance dans l’apprentissage de la limite et de la loi; ils peuvent aussi résulter ou être aggravés par une défaillance de la culture, des conventions et des institutions énonçant et légitimant les interdits».
http://www.slate.fr/story/125295/trump-pas-plus-grave-probleme-amerique
“USA Today” n’avait jamais pris position – avant Trump
Dessin de Sondron paru dans L’Avenir, Belgique
Election après élection, USA Today s’est toujours gardé de prendre position pour un candidat. Mais cette fois, les éditorialistes du journal sont tombés d’accord : il faut à tout prix éviter une présidence Trump.
L’équipe d’éditorialistes d’USA Today, aux origines diverses, présente des points de vue également divers et compte “des membres conservateurs, modérés, progressifs et libertariens”, de sorte qu’elle “ne peut généralement se mettre d’accord sur un candidat, de toute façon”.
Mais, cette année, le choix ne se pose pas entre les candidats compétents de chacun des deux grands partis, qui auraient des différences idéologiques significatives. Cette année, l’un des candidats, le républicain Donald Trump, est, de l’avis unanime de l’équipe éditoriale, inapte au poste de président.”
Lire la suite : “USA Today” n’avait jamais pris position – avant Trump | Courrier international
L’éditorial d’USA Today : http://www.usatoday.com/story/opinion/2016/09/29/dont-vote-for-donald-trump-editorial-board-editorials-debates/91295020/
Qui vote pour l'AfD qui a devancé la CDU lors des élections régionales du Land de Mecklembourg-Poméranie occidentale?
À un an des prochaines législatives, Angela Merkel voit son parti, la CDU, être devancé par la droite populiste de l’AfD dans son fief de Mecklembourg-Poméranie occidentale, Land de l’ancienne Allemagne de l’Est coincé entre la mer Baltique et la Pologne. Qui vote pour ce parti ?
L’AfD s’implante partout en Allemagne. Plus à l’est qu’à l’ouest, certes. Dans les nouveaux Länder issus de la RDA, elle tend à supplanter la gauche radicale héritière du Parti communiste en tant que formation «tribunitienne». Elle n’aspire pas (pas encore) à participer au pouvoir, d’ailleurs personne ne songe à s’allier avec elle. C’est un parti protestataire qui profite de toutes les frustrations et tous les ressentiments… Elle prend des voix à tous les autres partis tout en profitant de la quasi-disparition du NPD, le parti néonazi, représenté depuis dix ans au Landtag de Schwering, éliminé lors de ce dernier scrutin. Elle est particulièrement représentée chez les ouvriers et les chômeurs, et dans la tranche d’âge de 30 à 65 ans. Une des caractéristiques de tous les partis populistes de droite en Europe.
Source : Lien
Les societes de Trump endettées de 650 millions
Les sociétés de Donald Trump ont un endettement cumulé d’au moins 650 millions de dollars, soit plus du double du montant annoncé par le candidat républicain dans le cadre de sa campagne, rapporte samedi le New York Times.
Parmi les créanciers de l’empire Trump figurent une des principales banques de Chine – pays que le candidat présente régulièrement comme l’ennemi commercial à soumettre – ainsi que Goldman Sachs, la célèbre banque d’affaires que Trump accuse d’avoir favorisé sa rivale Hillary Clinton.
Source : Les sociétés de Trump endettées de 650 millions | La Presse
Salman Rushdie : “Je ne veux plus être l’écrivain à la fatwa”
Avec Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits, Salman Rushdie s’empare d’un récit fantastique et l’entraîne vers une fable politique, interrogeant notre civilisation partagée entre la rationalité et les déviances pseudo-religieuses. Rencontre à New York.

© Frankie & Nikki pour Les Inrockuptibles
Vous écrivez que c’est la peur et l’envie qui poussent les hommes à se tourner vers la religion. Que pensez-vous de la résurgence du religieux aujourd’hui ?
C’est l’une des plus grandes surprises de ma vie. Quand j’étais étudiant à Cambridge dans les années 1960, personne n’y pensait. Le marxisme, le féminisme, le Vietnam, la marijuana étaient des sujets de conversation, mais pas la religion. Bref, on pensait que la religion s’était retirée de la vie publique, et j’ai vraiment cru que j’allais grandir dans ce monde-là.
Le retour de la religion a à voir avec des choses différentes : ce qui arrive en Iran n’est pas la même chose que ce qui arrive en Arabie Saoudite ou au Pakistan, même si c’est lié. C’est en partie dû à la géopolitique. On peut se demander : et si l’Occident n’avait pas destitué le shah, aurait-on eu Khomeiny ? Et si Blair et Bush n’avaient pas menti au sujet des armes en Irak, et s’ils ne nous avaient pas amenés à faire une guerre qui dure encore ?
Sauf que ça ne sert à rien de s’interroger sur ce qui n’a pas existé. Dans la vraie vie, j’évite ce genre de questions. Mais dans mon livre, notre époque devient le “temps des étrangetés”, car c’est exactement ce nous traversons : le monde devient étrange pour nombre d’entre nous. Il change non seulement très vite, mais aussi radicalement.
…
Dans votre livre, vous rappelez que l’islam peut produire de très belles choses, comme des contes, mais aussi de la philosophie…
Je ne suis pas un fan de religion, à commencer par l’islam, et j’ai de bonnes raisons pour cela. Si j’ai mis en scène le personnage d’Ibn Rushd, qui deviendra le philosophe Averroès, c’est parce qu’il aura plus d’influence pour l’Occident que pour l’islam.
Il s’est toujours défini comme croyant et pratiquant, mais c’était un esprit éclairé, qui a essayé, il y a plus de huit siècles, d’y intégrer les idées d’Aristote, c’est-à-dire du rationnel, de la raison. Mais ce qui s’est produit au XIIe siècle, c’est que l’interprétation obscure, régressive de l’islam a triomphé d’une autre, progressiste. Je pense que ça commence vraiment là.
Source : Les Inrocks – Salman Rushdie : “Je ne veux plus être l’écrivain à la fatwa”