Jean-Pierre Vernant en 2003 (Sipa)
« le vrai courage, c’est, au-dedans de soi, de ne pas céder, ne pas plier, ne pas renoncer. Etre le grain de sable que les plus lourds engins, écrasant tout sur leur passage, ne réussissent pas à briser ». Jean-Pierre Vernant (1914-2007)
En ce temps-là, on ne mégotait pas son engagement anti-fascite et on appelait un chat un chat. Alors que le spectre d’une nouvelle présence de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de la Présidentielle française et qu’une deuxième élection de Christoph Blocher au Conseil fédéral n’est pas qu’une vue de l’esprit, il est bon de s’en souvenir et de se décomplexer devant les nouvelles figures de l’immonde.
Ainsi que le prouve la citation mise en exergue et comme avec Pierre Vidal-Naquet ou Marc Bloch, Jean-Pierre Vernant symbolisait la figure de l’historien engagé dans la Cité. Comme le rappelle, le journal Le Monde dans son hommage à Jean-Pierre Vernant, ce dernier était un antimilitariste engagé dans la Résistance avec son frère sitôt ou presque l’armistice signé (Un antimilitariste en Résistance). D’autant plus remarquable que militant communiste, il ne suit pas les ordres de Moscou qui alors a signé un pacte de non-agression avec Hitler (pacte gemano-soviétique). Ainsi à partir dès la fin de 1940, Jean-Pierre Vernant sonde les milieux toulousains pour organiser la résistance et, à partir de 1942, Le Monde nous apprend que
« Tout en exerçant son métier d’enseignant, il organise coups de main, sabotages et transports d’armes. […] Au printemps 1944, il dirige les Forces françaises de l’intérieur au niveau départemental. Après le 6 juin, il prend le maquis et prépare, en liaison avec Serge Ravanel, la libération de Toulouse. Le 19 août, il y entre à la tête de ses hommes. Fin septembre, il est chef FFI de la région R4. » (Jean-Pierre Vernant, grand résistant et helléniste, est mort – Le Monde – 10.01.2007)
Déjà l’été passé avait eu le mauvais goût de nous priver de deux autres historiens fortement engagé politiquement : Pierre Vidal-Naquet et Jacques Ozouf. Mais avec la disparition de Jean-Pierre Vernant, c’est également un autre grand historien helleniste qui, après Pierre-Vidal Naquet, nous quitte. En y associant M. I. Finley, ce trio a profondément revisité l’histoire de la Grèce ancienne post 1945. Il la dépoussière et Jean-Pierre Vernant en s’intéressant aux mythes et Dieux grecs (Mythe et pensée chez les Grecs en 1965) se donne comme programme:
« de se faire grec au-dedans de soi »
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