Ce qui me frappe dans cette campagne des primaires démocrates américaines, c’est l’extrême «fluidité» de la campagne. Elle est toujours en mouvement. Impossible pour un candidat de rester toujours sur la même ligne, car d’un moment à l’autre le vent peut tourner et la ligne se briser.
Pourtant, après 11 victoires de rang, Barack Obama semblait avoir trouvé une ligne de conduite que son adversaire, Hillary Clinton, tentait en vain d’ébrécher. Puis, les lignes se sont mis imperceptiblement à bouger de nouveau. Tout d’abord, l’argument que Barack Obama jouissait d’un traitement de faveur de la part des médias et des médias qui, pour se dédouaner, modifient leurs angles d’attaque. Ensuite, la vidéo présentée dans mon dernier billet « Qui sera le meilleur président à trois heures du matin? »:
Cette fois-ci, l’attaque porte d’autant mieux que, à mon avis, Barack Obama réplique via un détournement de cette même vidéo, détournement certes bien fait, mais qui entre en même temps dans le jeu et la thématique de l’adversaire. Ce faisant l’équipe de campagne d’Obama infère que cette question est légitime, qu’il doit prouver quelque chose et… il perd la main. Son style de campagne également puisque ses stratèges indiquent vouloir désormais aussi se placer sur le terrain des attaques personnelles après ses défaites de l’Ohio et du Texas. Il devient ainsi ordinaire et perd sa marque de fabrique. La pente devient savonneuse pour B. Obama. D’autant plus que, probablement, il avait axé sa campagne pour décocher ce mardi le k.o. final, car plus la campagne durera plus sa position va se fragiliser et l’effet «nouveauté» s’effilocher pour se banaliser.
De son côté, Hillary Clinton is back et reprend l’offensive. Elle a la niak:
L’objectif? dicter le tempo. Elle prend surtout en compte le fait que la campagne des primaires démocrates ne débouchera pas sur un vainqueur avant la convention du mois d’août. L’enjeu, c’est bien sûr les superdélégués, mais aussi la mise sur un seul rang du parti démocrate. Donc, la question des supporters du candidat-e non retenu comme tête de liste. Les démocrates ne pourront gagner qu’en évitant leur démobilisation. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la dernière sortie d’Hillary Clinton se déclarant favorable à un ticket regroupant les deux finalistes démocrates. Il est clair que Barack Obama ne peut se résoudre à cette issue, car il n’est pas concevable qu’Hillary Clinton soit en second sur le ticket après avoir été la First Lady.
Plus les primaires dureront, plus la pression sera forte sur Barack Obama pour qu’il accepte la deuxième place sur le ticket. D’autant plus que les Républicains vont aussi tirer à vue sur B. Obama. Ainsi, parallèlement, il servira de contre-feux pour Hillary Clinton…
PS: avant le début des primaires, Bill Clinton avait pronostiqué que le plus dur pour Hillary Clinton serait d’obtenir l’investiture démocrate alors que ce serait plus facile pour l’élection de novembre. Pour la première partie de la prédiction, il a bon…
Qui sera le meilleur président à trois heures du matin?
Pour Hillary Clinton:
La réponse de Barack Obama:
Et s’il fallait répondre à un émail?
Libérez Fouad Mourtada
Fouad Mourtada est un jeune marocain de 27 ans condamné à trois ans de prison pour avoir émis un profil Facebook au nom du frere du Roi du Maroc. Une pétition peut être signée sur internet et vous pouvez également comme politis.ch ajouter un badge de soutien sur votre site. Sur Facebook, il existe également un groupe de soutien à sa cause.
C’est bien le moins que vous pouvez faire, non?
Mise à jour (25 mars 2008)
Le soir du 18 Mars 2008, Fouad a été libéré de la prison Oukacha par une grâce royale.
La bannière de soutien a donc été retirée. Voilà une histoire qui se termine bien. Je m’en réjouis.
Révérend Obama?
Hier soir, j’effectuais des recherches relativement à mon enseignement de la didactique de l’histoire et au sujet du film d’Alan Parker Mississippi Burning. Je m’arrêtais sur youtube.com pour les extraits vidéos publiés par les internautes au sujet de ce film.
Dans le lot, il y a notamment la scène des funérailles et du sermon prononcé par le pasteur dans l’église:
Je n’ai pas pu m’empêcher de mettre en relation ce sermon (ton, gestuelle, attitude des personnes présentes) avec les discours de Barack Obama après chaque résultat de primaires et plus particulièrement à la suite des résultats du New Hampshire :
Discours fondateur et hypnotique repris évidemment par le clip suivant:
USA2008 : décodage d'une victoire de Barack Obama (Wisconsin)
Dans un excellent et court article du New York Times (Deconstructing an Obama Victory), Katherine Q. Seelye revient sur l’analyse des primaires du Wisconsin par Ken Goldstein, directeur du the Wisconsin Advertising Project, analyste des campagnes publicitaires politiques américaines.
Cette analyse met en évidence à mon avis le naufrage de l’équipe de campagne d’Hillary Clinton au Wisconsin:
• sa campagne démarre plus tard que celle de Barack Obama (le 6 février pour B. Obama, le 12 février pour H. Clinton);
• Barack Obama dépense cinq fois plus en publicité qu’Hillary Clinton (1,5 millions de $ contre 300’000$);
• 50% de messages de la campagne d’Hillary Clinton sont à visée négative qui plus est sur des points mineurs concernant Barack Obama;
• 25% des messages publicitaires de B. Obama concernent des publicités attaquant ou contre-attaquant H. Clinton.;
• alors que l’élection de 2008 est perçue comme une élection du changement, aucune publicité d’H. Clinton ne mentionne ce terme alors que la campagne d’Obama le mentionne 1’824 fois;
• aucun spot ne mentionne son expérience ou lui laisse directement la parole alors que B. Obama est régulièrement mis en scène et parle de ses propres expériences.
Au final, B. Obama a remporté le Wisconsin avec 17 points d’avance sur H. Clinton et il le doit certainement à la clarté de sa campagne. Visiblement H. Clinton et son équipe ont fait le choix d’une campagne négative dans la lignée des précédentes campagnes présidentielles américaines. Or, là aussi visiblement, les électeurs sont en attente d’un changement et d’un message positif porté par le candidat. C’est d’autant plus regrettable, à mon avis, parce que, lorsque Hillary Clinton laisse percer la carapace pour se montrer elle-même, elle est bien meilleure et convaincante. Le dernier exemple en date en a été donné lors du débat CNN pour les primaires du Texas:
• mal à l’aise (et huée) lorsqu’elle attaque la personnalité de B. Obama en le comparant à un photocopieur:
• excellente à la fin (avec standing ovation) lorsque elle ajoute à son discours une part d’émotion: »(1 Je me refuse à tomber dans le piège d’une émotion «fabriquée» chez Hillary Clinton et d’une émotion «sincère» ou «naturelle» chez Barack Obama.) »::
Ce dernier élément me permet de remarquer aussi que de manière surprenante (mais fort bienvenue) dans ses primaires américaines, les émotions d’une candidate féminine jouent en sa faveur. C’est visiblement un paramètre qui a de la peine à être intégré par l’équipe de campagne d’Hillary Clinton, car jusqu’à présent de tels comportements jouaient «normalement» en défaveur des candidat-e-s féminines à de tels postes (rappelez-vous Lilian Uchtenagen). Ils doivent d’autant plus être difficile à intégrer que certainement depuis de nombreuses années le profil politique présidentiel d’Hillary Clinton: »(2 Nul doute que le profil politique présidentiel de B. Obama a lui aussi été construit depuis 2004!) »: a été construit pour gommer son émotivité «féminine» et mettre en avant des qualités jugées «masculines» du pouvoir présidentiel. La campagne des présidentielles américaines de 2008 réserve donc un lot de surprises et de nouveautés dont nous avons certainement pas fini de parler.
PS : Visiblement, Hillary Clinton et son équipe ont choisi de poursuivre la campagne négative selon les concepts de Karl Rove, le stratège des campagnes républicaines de l’actuel président des Etats-Unis. Serait-ce qu’une campagne positive n’offrirait qu’une défaite honorable et que seule une campagne négative et agressive lui offrirait une (mince) chance de retourner à son avantage les primaires démocrates? Toujours est-il que, si Obama remporte les primaires, une telle campagne négative aussi précocement lancée ne manquera pas de poser problème aux Démocrates pour l’élection de novembre 2008, car c’est du pain béni pour les Républicains.