Jusqu’à ce samedi, la lutte de la Boillat s’est déroulée au travers des blogs et du net pour ma modeste personne.
Mais samedi à Berne, il m’était possible de participer avec mon corps et mes pieds à la démarche et de soutenir différement leur lutte.
J’ai été particulièrement touché par la dignité et la présence calme, déterminée des femmes des ouvriers de la Boillat. Les propos de leur porte-parole étaient beaux et forts.
J’ai regretté que l’information visiblement ait eu de la peine à passer au travers des relais politiques et syndicaux. Beaucoup m’ont dit n’avoir été averti qu’en fin de semaine.
A noter que Pierre-Yves Maillard était présent. L’ancien syndicaliste n’oublie pas. C’est bien.
En lisant le blog de Karl (Une voix pour la Boillat), on comprend – mais peut-etre à tort, pourquoi les relais syndicaux ne fonctionnent pas si bien. UNIA a eu en effet, si j’ai bien saisi, une attitude ambivalente durant ce conflit. D’abord, ils ont été dépassés durant la première grève (Reconvilliers, c’est ou ça?). Puis plus tard, durant le second mouvement, André Daguet a fustigé l’attitude des grévistes après deux semaines de conflit ce qui n’est pas très encourageant comme soutien syndical… Dans ce contexte, il n’était pas très étonnant qu’UNIA n’ait pas fait tourner son appareil de propagande à plein régime. D’ailleurs, le co-président d’UNIA – Ambrosetti – était emprunté à Forums ce dimanche lorsqu’il s’est agi de savoir si cette démonstration était vraiment une bonne chose et si elle n’arrivait finalement pas trop tard. Ceci écrit, je me perds en conjecture sur votre dernière paragraphe. Dois-je comprendre que l’ancien syndicaliste risquerait d’oublier?
Toute personne, surtout de gauche accédant à un exécutif cantonal court le risque d’oublier certaines réalités. Pas qu’ils/elles soient soudain « vendu-e-s » au pouvoir. Plutôt que la vie de conseiller-ère d’Etat est une vie appartenant parfois à un monde parallèle. Vous « héritez » souvent et soudain d’une foule de laudateurs. Votre rythme de vie change. Votre rapport à la réalité se modifie.
Il est donc difficile de garder le contact avec cette réalité de tous les jours.
Pour Pierre-Yves Maillard, je ne le crains guère. Tout son parcours, jusqu’à présent, a su rester cohérent. Y compris samedi dernier. C’était pour le souligner. Il n’a pas fait de gesticulation, tenter de se placer vers la tribune ou y monter, mais il était présent. Discutant avec des ouvriers de la Boillat, défendant la nécessaire unité des travailleurs et des syndicats, expliquant que les tensions sont toujours avivées par les patrons pour scinder les mouvements de luttes, saluant des ouvriers syndiqués d’autres entreprises (comme Tornos). Connaissant chacun-e ou presque.
Voilà, c’est tout. Maintenant, en rédigeant ce commentaire, je tombe presque dans le piège du dithyrambique. Alors que la petite mention cherchait justement à témoigner de sa présence sans donner l’impression de sortir la brosse à reluire. 😉