Ancien chef d’entreprise, Michel Bauwens étudie depuis une dizaine d’années l’économie collaborative et ses réseaux qui s’organisent pour créer des outils partagés et mutualiser les savoirs et le travail. Auteur de « Sauver le monde, vers une société post-capitaliste avec le peer-to-peer » (Les Liens qui libèrent), il est l’un des théoriciens des « communs », un modèle économique et politique d’avenir selon lui, et une réponse à la crise écologique et de civilisation liée à la raréfaction des ressources. A condition que l’Etat joue pleinement son rôle de régulateur.
On parle beaucoup d’« économie de partage » ou d’« économie collaborative » mais, dans les faits, on s’aperçoit que les échanges sont monopolisés par des plateformes qui concentrent les données. N’y a-t-il pas contradiction ?
Pour bien comprendre le phénomène, il faut se pencher sur l’Histoire des « biens communs » qui ont toujours existé. Au Moyen Age, les paysans cultivaient des terres communes. Chacun contribuait à les entretenir et il existait des règles pour user des fruits et ne pas épuiser la terre. Ce qui change aujourd’hui, c’est qu’avec les moyens technologiques, on peut créer de grands communs de la connaissance, des logiciels, du design, à une échelle planétaire et qui permettent à toute l’humanité d’y contribuer et d’y puiser. C’est un tournant dans l’Histoire car c’est la première fois qu’une agrégation d’individus peut constituer de tels réseaux et contourner des institutions puissantes. Or ce phénomène est pour le moment dominé par l’économie politique du capitalisme. Chez Uber ou Airbnb, rien n’est partagé !
Pour ceux qui estiment qu’il n’est plus possible de réguler l’économie et des entreprises comme Uber et Airbnb, Michel Bauwers fournit l’exemple suivant, en plus d’une politique de gauche :
A Séoul, en Corée du Sud, la municipalité de gauche a choisi d’interdire Uber, non pas pour protéger les taxis mais pour développer des applications locales, parce qu’il n’y a aucune raison qu’une société américaine gère les trajets d’une ville asiatique. Cela peut se faire avec une coopérative d’usagers ou une coopérative municipale qui permet de stimuler l’économie locale, et où la valeur reste équitablement répartie. Il faut développer l’imaginaire social et juridique ! Il existe des groupes de juristes en France comme Share Lex qui travaillent à transformer les lois en faveur de l’économie du partage, à créer une jurisprudence du commun.
Un exemple de penser global et d’agir local dont nous pouvons nous inspirer tant à propos d’Uber que d’Airbnb.
Sur la Riviera, avec la Commission intercommunale de la Taxe de séjour (Vevey à Villeneuve), nous avons identifié les loueurs Airbnb pour que les taxes de séjour soient encaissées comme pour n’importe quel loueur tout en élaborant une démarche pour que ces loueurs puissent être régularisés. Ceci à l’avantage de leurs hôtes puisqu’au terme de ces démarches, leurs hôtes pourront bénéficier, comme tous les hôtes de passage, de la Montreux Riviera Card. Cette dernière leur permet notamment d’utiliser gratuitement les transports publics pendant leur séjour.
Je vous incite à lire l’ensemble de l’article sur la manière d’instaurer une véritable économie pair-to-pair, écologique, post-capitaliste et le role de l’Etat :
http://www.lemonde.fr/entreprises/article/2015/06/25/michel-bauwens-uber-et-airbnb-n-ont-rien-a-voir-avec-l-economie-de-partage_4661680_1656994.html
Sharing Guru dit
Bonjour,
Je comprends tout à fait votre article mais tous les sites « de partage » ne fonctionnent pas pareil.
Je suis tombé sur une nouveau site de partage http://www.tryngo.ch et ils ont mis en partage leur véhicule : https://www.tryngo.ch/blog/view/5
maintenant il faudrait insité les autres sites à faire pareil, à investir eux mêmes dans des objets ou espaces à partager avec d’autres pour montrer l’exemple.