Une nouvelle fois le topoï de l’angélisme dont ferait preuve la gauche nous est resservi concernant les caméras de vidéosurveillance. Pourtant à y regarder de plus près, il y a deux attitudes possibles en matière de sécurité: l’une qui cherche à vérifier le plus objectivement possible qu’un tel moyen serve effectivement à atteindre les objectifs fixés; l’autre qui gesticule à la proximité d’échéances électorales pour faire croire qu’on a la solution miracle.
« On ne peut pas dire que les techniques modernes sont inutiles. Quand on sait ce que l’on cherche, ça peut aider beaucoup. Mais si on ne sait pas ce que l’on cherche, on est automatiquement noyé dans des millions d’informations dont on ne sait que faire. La technique n’est qu’un soutien logistique à un travail de renseignement alors qu’elle est présentée aujourd’hui comme la solution miracle qui produit elle-même le renseignement. C’est là qu’est l’erreur fondamentale, le mirage de «l’enchantement technologique» […] Si on met des caméras à tous les coins de centre-ville, il faudra embaucher des milliers de gens pour regarder les images collectées. Tous ces éléments techniques ne sont ni préventifs, ni dissuasifs lorsqu’ils sont dirigés vers l’espace public en général. Les techniques ne peuvent qu’appuyer les enquêtes pour trouver quelque chose après coup, si on dispose déjà de pistes. Si on ne sait pas ce que l’on cherche, la technique ne peut rien, elle est aveugle. C’est l’homme qui a des yeux et un cerveau, ce n’est pas la machine. »
Ces propos de Laurent Mucchielli, chercheur au CNRS et directeur du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip), publiés par le journal Libération en 2005 sont mêmes confirmés quatre ans plus tard par le ministère français de l’Intérieur, peu susceptible d’être considéré comme un opposant au développement des systèmes de vidéosurveillance par les collectivités publiques, lorsque ce dernier répond le 25 août 2009 à une interpellation d’un député UMP à l’Assemblée nationale dans les termes suivants:
«Il n’est pas effectué de corrélation nationale entre l’existence de dispositifs de vidéoprotection et leur impact sur les crimes et délits commis sur la voie publique, ainsi que les taux d’élucidation.»
Dès lors, comment peut-on expliquer cet engouement de certains politiques pour la vidéosurveillance? Pour Philippe Madelin, journaliste spécialisé dans les questions de sécurité,
«La vidéo surveillance […] semble plutôt relever de l’argumentation «politique» plutôt que de l’efficacité réelle. En dotant la ville d’un système, d’une certaine manière le Maire ne garantit pas la diminution de la délinquance, mais la prise en compte de tous les paramètres de la sécurité. On réclame des renforts de police nationale ou de gendarmerie, qui ne viennent pas ; donc on veut accroître les effectifs de la police municipale, très coûteuse. En fin de compte, on croit pouvoir remplacer les «ressources humaines» par de la technologie.»
En d’autres termes, il s’agit pour le politique de gesticuler et de faire croire qu’il agit et non d’objectiver la nature exacte et l’ampleur des problèmes auxquels il s’agit de faire face, puis de se doter des moyens proportionnés et adéquats pour les solutionner. De plus, certains partis tirent un profit direct d’une insécurité réelle ou fantasmée.
Source: Vidéo surveillance : les questions « Dans le secret des faits – Philippe Madelin.
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