Chef de la Sûreté neuchâteloise, auteur d’une étude sur la délinquance juvénile, Olivier Guéniat porte un regard tranchant sur les événements de Beaulieu et ceux d’Yverdon. Où chaque fois de très jeunes gens étaient impliqués. Le criminaliste ne partage pas l’opinion de la conseillère d’Etat Jacqueline de Quattro lorsque celle-ci fustige des jeunes qui «s’amuseraient à casser du flic».
«Une affirmation par trop réductrice. Si c’était vrai, il y aurait des estropiés!» Fin connaisseur de cette problématique particulièrement sensible, il vient d’être sollicité par la ministre vaudoise pour lui exposer les grands axes de la prévention neuchâteloise, basée sur un réseau complexe d’intervenants.
«Envoyer les chars, cela ne sert à rien», explique Olivier Guéniat.
«La sévérité, hormis pour la loi sur la circulation routière, ce n’est pas le rôle de la police, c’est celui de la justice. Et la séparation des pouvoirs interdit à l’exécutif d’interférer dans le processus. La police doit trouver le bon équilibre pour occuper le terrain sans absence, ni harcèlement.» Le très jeune âge des manifestants à Beaulieu ne surprend guère le policier neuchâtelois. Il observe qu’à 13 ou à 15 ans, ces jeunes ont bel et bien commis un acte politique qui s’inscrit dans la lutte sans merci faisant rage au Conseil fédéral. «Ils lisent les gratuits, sont bien informés, se sentent concernés. Ils sont mobilisés par des symboles forts.» C’est quand même bien jeune? «La société les veut adultes de plus en plus tôt. Ne parle-t-on pas de majorité civique à 16 ans?» A Yverdon, le phénomène se compliquerait par la situation géographique de la ville dans le canton. «C’est excentré, loin des décideurs, tant de la police que du gouvernement. Un peu comme Bienne par rapport au canton de Berne. On ne réalise pas les forces vives qu’il faudrait consacrer à une prise en charge pluridisciplinaire efficace.» Et puis il y a l’alcool vendu aux jeunes. Pas le magasin montré du doigt sur la place de la Gare d’Yverdon, mais le problème général. «Je trouve qu’on ne fait pas grand-chose pour lutter, hormis de belles déclarations.» Et de regretter presque qu’on ne pratique pas en Suisse la provocation, comme en Australie, où des jeunes sont envoyés par la police acheter de l’alcool pour piéger les magasins hors la loi et les punir d’amendes sévères.Source : 24Heures (mercredi 26.09.2007)
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