«Est-ce que, par le passé, ceux qui se disent ni de droite ni de gauche n’ont pas fini par tomber du même côté ?»
Ségolène Royal, Rennes (20.02.2007) (Libération : A Rennes, Ségolène Royal cogne la droite)
Il me semble que OUI.
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Cette ineptie de Ségolène Royal fait bien peu de cas de l’engagement de François Bayrou: un candidat sérieux qui démontre à l’envi que le centre existe, qu’il est efficace et qu’il a un succès politique croissant. La politique des blocs, c’est de l’histoire… L’histoire de ceux qui croient détenir la justesse de toute solution. Mais la vision exclusive a vécu: sachons pondérer notre point de vue en le confrontant aux idées différentes, sans préjugés. Personne n’a jamais complètement tort ni complètement raison.
Tiens je m’étonne du ton de tes propos cher Pascal. Le fameux effet femme, je suppose.
Pour ma part, je respecte l’engagement de François Bayrou. Cependant, son parcours est celui d’un homme politique de droite (ce qui n’est pas une injure, seulement un fait), ses actes également. Et bien que se proclamant du centre, il retombera toujours à droite. C’est le sens des propos de Ségolène Royal. En ce sens, je partage ici son propos.
Par ailleurs, l’extrême centre n’existe pas.
Enfin je ne suis pas de ceux qui pense que la politique des blocs, c’est de l’histoire. La fin de l’histoire n’existe pas… C’est une idéologie commode (que celle de la fin de l’histoire).
Je partage également l’avis qu’il est sain qu’il en soit ainsi.
Le discours qui confond tout le monde débouche sur la confusion des valeurs, la désespérance (exemple de la mondialisation néo-libérale qui serait une fatalité sans alternative), fait le lit de la démocratie de l’audimat et de la personnalisation plutôt que du débat sur des programmes respectifs. Ce qui est déjà largement le cas dans la campagne présidentielle française actuelle. Hélas.
Je suis l’adepte de parler d’oû je suis.
Et je suis de gauche comme d’autres sont de droite. Le débat gagne en lisibilité et en clarté sans empêcher ensuite la construction de consensus et de compromis. Et lorsque cela n’est pas possible, c’est pas si grave, c’est juste la vie…
Je le disais: « Personne n’a jamais complètement tort ni complètement raison. ». Tu as donc raison sur certains points mais je conserve la conviction que mon raisonnement n’est pas tout faux. Effectivement, se déclarer à gauche ou a droite a le mérite de la clarté. Mais pas forcément de l’efficacité. Certes, ce n’est pas si grave et c’est juste la vie…
Et l’histoire n’a peut-être pas de fin (quoi que?) mais justement, elle a un « centre » qui sépare l’avant de l’après. Les blocs, c’est « avant ». Après, il y a autre chose… Autre chose que je crois plus constructif.
J’ajoute un petit argument pour la réflexion: dans un court laps de temps, plusieurs grandes démocraties se sont vues quasiment incapables de choisir entre la gauche et la droite: les USA (duel Gore-Bush), l’Italie (duel Bernasconi-Prodi), l’Allemagne (on a débouché sur une grande coalition)… Nous verrons si la France confirme la tendance. Mais que penser ce cet écartèlement de la population entre deux idéologies, qui ne sont bientôt plus que de simples étiquettes, un brin stériles?
Je partage la conviction de Lyonnel.kaufman. Je suis de gauche et je soutiens Ségolène Royal. Bayrou est très certainement un honnête homme (ce que n’est sûrement pas Sarkozy qui ment et promet plus vite que son ombre et trahira ses promesses encore plus rapidement). Mais chez Bayrou l’appartenance à la droite reprendrait vite le dessus. De toutes façons le/la président(e) doit s’appuyer sur la majorité qui sortira des urnes aux législatives qui suivront de peu la présidentielle. Le premier ministre sera le leader de cette majorité (laquelle peut être « relative » et c’est alors qu’une stratégie d’alliance avec des modérés peut jouer.
Mais on se souvient de l’échec de la politique d’ouverture de Mitterrand en 1988. Les quelques « ralliés » sont venus « à la soupe »…
La rengaine de la fin des idéologies est idéologie.
C’est généralement en plus la rengaine de l’idéologie dominante qui a tout intérêt à nier l’existence d’un autre possible.
Je ne suis pas sûr que tes exemples soient si bien choisi:
– les Etats-Unis sont un exemple de ce qui se passe quand il n’y a justement plus ni gauche, ni droite du point de vue de l’électeur tant démocrates et républicains paraissent semblables (ou interchangeables). Les campagnes sont, par exemple, essentiellement axées sur la démolition de l’adversaire (mais pas sur ces idées). L’idéologie est masquée, mais une fois arrivé au pouvoir, elle est bel et bien présente. Il serait en effet assez cocasse de dire que G. Bush est un centriste.
– l’Italie est un autre exemple : la campagne a tourné en un referendum pour ou contre Berlusconi. Tout le reste du débat pour le citoyen « moyen » a été grandement escamoté.
Je constate des tendances convergentes relativement à la présidentielle française :
– les attaques sur les candidats tiennent grandement de campagne, voire de seul programme;
– les candidat-e-s cherchent à brouiller les repères : tous sont des candidat-e-s se disent être des candidats de rupture (ou antisystème) alors que l’un d’entre eux est un des ministres les plus importants de la majorité qui a conduit le pays depuis 5 ans…
Bien évidemment qu’après cela l’électeur a de quoi être incapable de choisir entre la gauche et la droite (c’est-à-dire entre des choix de sociétés).
En Allemagne, la grande coalition est le résultat du match nul. Beaucoup la considère comme une législature de l’immobilisme pour ces raisons. Les grands partis se sont entendus pour conserver leur pouvoir. Nous sommes dans une situation de concurrence politique monopolistique !
A noter que ce match nul et cette coalition sont grandement le résultat de l’arrivée sur la scène d’un nouveau parti fortement marqué à gauche. Cette arrivée a perturbé non pas le débat droite/gauche (il l’a plutôt refondé) que la dynamique des deux grands partis institutionnels et de leur partage du pouvoir.
Les deux grands partis, comme dans un système de concurrence monopolistique s’entendent pour tenter d’évincer l’arrivée d’un outsider sur le marché. Au prix d’une entente cartelaire.
Là où François Bayrou est intéressant, c’est que comme Oscar Lafontaine en Allemagne, il perturbe, non pas le débat gauche/droite, mais les deux grans partis que sont le PS et l’UMP dans leurs tendances hégémoniques. Ce sont ces tendances hégémoniques qui vident de sens le débat politique et brouille le citoyen.
Kamizole (Lait d’Ebeu) met l’accent sur une des difficultés relativement importante de l’hypothèse François Bayrou, Président de la République : son manque total d’assise parlementaire post-présidentielle (soit après les Législatives qui ont lieu dans la foulée).
Même si François Bayrou a des propositions à faire en ce domaine, elles ne sont tout simplement pas opérationnelles immédiatement après. Sans parler que son projet de réforme de la Constitution devra trouver une majorité parlementaire.*
* Je ne suis cependant pas assez au clair avec le dispositif insitutionnel français de la Ve République : le président de la République peut-il faire changer la Constitution par referendum sans consulter l’Assemblée nationale ?
Toutes ces réponses cherchent des arguments dans les spécificités des systèmes institutionnels. Ne noyons pas le poisson. Le fait est que des citoyens ont eu du mal à choisir un projet de société. Peut-être était-ce parce qu’ils n’avaient que deux choix insatisfaisants? Le système majoritaire français favorise les grandes formations politiques et amenuisent les alternatives.
Dans notre canton, nous connaissons aussi des blocs de gauche et de droite mais le système politique est différent.
Que fera-t-on dans l’hypothèse où le Conseil d’Etat est à majorité de droite et où le Grand Conseil est à majorité de gauche?
La politique des blocs a ses limites et notre système n’y est pas adapté. Nous avons un système de coalition ou de « consensus ». Au plan cantonal (et communal), c’est encore plus vrai que le gouvernement est élu par le peuple.
Mon billet reprend des propos de Ségolène Royal relativement déjà au cas français et ils indiquent que dans tous les exemples où un candidat affirmait être ni de droite ni de gauche, il finissait toujours par basculer à droite.
Ensuite, il est question de se demander dans quelle mesure gauche et droite seraient des catégories obsolètes.
Maintenant Pascal, après avoir prolongé sur les USA, l’Italie, l’Allemagne, tu portes le débat sur le canton de Vaud. Pourquoi pas, même si cela n’avait rien à voir avec mon billet initial.
De manière intéressante tu te poses la question de savoir si un gouvernement à majorité de droite et compatible avec un Grand Conseil à majorité de gauche (ou l’inverse). Ce qui s’appelle une cohabitation que certains pays ont connu avec parfois des réussites, d’autres fois des échecs. Certaines municipalités vaudoises connaissent ou ont connu cela (Morges notamment). C’est pas congénitalement incongru et les polarités gauche/droite peuvent rester présentes et opérationnelles sans basculer dans l’anarchie ou le fameux petchi (orthographe vaudoise non stabilisée).
Ensuite tu prolonges sur le fait que nous sommes dans un système de coalition qui ne serait pas adapté à un système de bloc.
Or, le côté original, tient -non pas au caractère d’une coalition (il ne sont pas élus sur un programme « commun » et donc formellement il ne s’agit pas de coalition)- justement au fait que les blocs sont présents au sein même des gouvernements. Il y a clairement un bloc bourgeois majoritaire au Conseil d’Etat ou au Conseil fédéral et un bloc minoritaire composé des Verts (VD) et des Socialistes (VD/CH). Les antagonismes sont présents ici au coeur du système. Ce qui n’empêche pas l’établissement de compromis ou l’émergence de tensions lorsque les membres du gouvernement doivent rendre des comptes à leurs militants. Et cela est sain et nécessaire.
Notre système n’est donc justement pas l’incarnation d’une politique centriste. D’autant qu’à son origine, il s’agissait d’un système hégémoniqe avec l’entier du gouvernement fédéral (ou vaudois) composé de radicaux.
Attention, quand je parlais de « coalition », je pensais au Conseil fédéral mais pas au Conseil d’Etat, effectivement.
Enfin, je crois que notre système force au consensus à cause du fait que différentes forces politiques doivent cohabiter au gouvernement. Et qui dit consensus, dit politique centriste, tant il est vrai que la droite doit parfois lâcher du lest… On l’a vu plusieurs fois pour le budget au Grand Conseil. Ca fait partie du marchandage politique…
Dans les systèmes majoritaires, c’est plus simple: on limoge tous les fonctionnaires de l’autre bord et on applique sa propre politique (en France: la droite privatise et la gauche nationalise; je schématise un peu mais c’est l’idée). Chez nous, toute l’administration, ou presque, reste en place.
Notre Conseil d’Etat actuel est plutôt connu pour sa politique centriste, pragmatique et consensuelle. Ce ne serait certainement pas le cas s’il était « monocolore ».
Quant à dire qu’un candidat bascule forcément à droite ou à gauche, le raccourci me paraît un peu simpliste… Je crois que Vevey Libre, pour prendre un exemple local que je connais, a su garder son intégrité centriste en s’alliant parfois avec la droite et parfois avec la gauche pour accomplir ses objectifs. Nous ne sommes pas tombé dans un fossé de droite ou de gauche… C’est ça être « politiquement dégagé »: hors des sillons. Hors des oeillères!
Je trouve très révélateur le passage suivant de ta dernière intervention : tant il est vrai que la droite doit parfois lâcher du lest…
Définition : une démocratie centriste (de consensus) est une démocratie où parfois la droite doit lâcher du lest 😉
Pour le Conseil fédéral, nous n’avons pas non plus affaire à une coalition. Les conseillers fédéraux ne sont ni élus en bloc, ni sur la base d’un programme. Parfois, ce n’est même pas le candidat présenté officiellement par le parti qui est élu…
Pour Vevey libre, je considère ce parti comme un parti de centre droit (mais vraiment de centre droit) ne serait-ce qu’en fonction du parcours politique précédent de ses principaux membres. Ce qui en fait un parti de droite intelligent (aucune ironie de ma part).
Après la politique locale fonctionne sur des aspects quelque peu différents (mais pas toujours) et les majorités se construisent sur certains objets effectivement au-delà des clivages partisans.
C’est amusant, plus on parle et plus François Bayrou monte dans les sondages.
Si je reconnais que la droite doit parfois lâcher du lest, bien sûr que ce « lâchage de lest » est aussi valable pour la gauche. On l’a vu lors du budget notamment. Ce délestage de parts et d’autres démontre l’existence d’une force centriste, présente dans les tréfonds inconscients de plusieurs politiciens raisonnables. Une authentique force politique constructive, si j’en crois les résultats (je n’en dirais pas autant de SUD, par exemple, un relent de Krasukisme d’un autre âge).
A part ça je trouve l’élection présidentielle française assez captivante. C’est une véritable pièce de Feydeau où on n’est à l’abri d’aucune surprise. Pour l’instant, je sus incapable de pronostiquer quoi que ce soit…
Que vient faire Sud là-dedans ? En France, dans le canton de Vaud?
De toute façon, cela n’a rien à voir avec le Krasukisme dans les deux cas. Ainsi, en France, SUD n’est pas issu d’une scission avec la CGT. Le référent est plutôt l’anarcho-syndicalisme et des gens qui ne se reconnaissaient nullement dans le grandes centrales syndicalales CFDT et CGT.
Dans le canton de Vaud, SUD a été créé sur les bases d’
– d’associations (très) corporatives telle la vénérable Société Vaudoise des maîtres secondaires (SVMS) dont le logo avait été en son temps réalisé par M. Delacrétaz de la Ligue vaudoise…
– de syndicalistes anarchistes tels Aristide Pedrazza (là c’est une insulte de le traiter de krazukiste…)
– de syndicalistes à la gauche du PSV (dont votre serviteur en ce temps-là).
Pour la présidentielle française, l’issue du résultat est effectivement incertain. Pour le reste, ce nest guère passionnant, cela vole trop bas. C’est plutôt « Règlement de compte à OK Corral » que Feydau. C’est un très mauvais vaudeville… en plus.
Oui, je parlais de SUD Vaud que je trouve très conservateur et peu ouvert au dialogue. Une préférence pour la confrontation qui me rappelle les positions de Feu Krasuki.
Tout à fait d’accord que la campagne française vole bas. C’est peu de le dire… Mais cela dit, il n’en reste pas moins que c’est difficile d’effectuer un pronostic.
A ce sujet, je crains pour le projet européen. Seul François Bayrou, de nouveau, me paraît avoir une vision de l’Europe que je partage. Il faut relancer le processus bloqué par le refus du Traité constitutionnel et éviter le piège du plus petit dénominateur commun.