Ainsi donc les Verts vaudois ont décidé mercredi soir de partir à deux candidats et proposent à leurs partenaires une liste à cinq alors que ces derniers préconisent une liste à quatre avec un vert. Dans le même temps, la droite part en ordre resserré avec quatre candidats et aucun espace prévu pour le biffage par leurs propres troupes.
Cette situation à gauche à un fort goût de déjà vu et ressemble en bien des égards à la situation connue pour les élection au Conseil d’Etat de 1998. Un petit parcours croisé s’impose.
Fin 1997, la situation était alors la suivante. La gauche disposait d’une majorité de circonstance suite à l’élection partielle ayant amené Joseph Zisyadis au Conseil d’Etat. Pour conserver cette majorité de circonstance, les instances des trois partis préconisait une liste à quatre comme cette année.
Las, la situation était particulièrement problématique non pas chez les Verts, mais au sein du parti socialiste. En effet, Daniel Schmutz ne se représentait pas et Jean-Jacques Schwaab était fort mal en point au sein même de son parti. Deux autres candidats étaient déclarés : Francine Jeanprêtre et Pierre-Yves Maillard.
Le congrès d’Echallens s’annonçait chaud. Il le fut. Les écuries des candidats affûtaient leur stratégie. Mais, au final, chacun préféra soutenir la liste à trois plutôt que de prendre le risque de perdre devant le Congrès.
Avec conviction mais sans effet, Fabrice Ghelfi présenta la position de la direction du parti et du Comité directeur du parti : une liste à quatre en signalant que toute autre décision des socialistes équivaudrait à une rupture avec nos partenaires et à l’impossibilité d’établir avec eux une liste commune comprenant 3 socialistes.
Les différents orateurs qui se succédèrent à la tribune vinrent pour la plupart, à l’exception notable de Pierre Chiffele, soutenir la solution à trois candidats et une liste commune à cinq candidats réunissant les Verts et la gauche. A cela s’ajoutaient encore des rancoeurs plus ou moins exprimées, mais tenaces, à l’égard de Joseph Zisyadis qui n’avait pas manqué pendant les deux dernières années de fustiger principalement l’attitude de Jean-Jacques Schwaab. Le principe de trois candidats socialistes avec charge à la direction du parti de négocier avec nos partenaires fut donc décidé.
L’élection de nos trois candidats, dans une ambiance surchauffée, fut ainsi une formalité et les trois candidats affichèrent une solidarité de façade. En cette occasion, Jean-Jacques Schwaab ne perçut pas que sa seule chance d’être réélu aurait consisté à se battre pour une liste à deux. D’autant plus que ce jour-là, c’est les supporters de Francine Jeanprêtre qui étaient les moins nombreux. Ironie de l’histoire, seule Francine Jeanprêtre fut élue au final.
La décision des socialistes vaudois fut le début de l’hallali pour la gauche. Aucun accord ne fut possible pour le premier tour. Chacun des partis eut sa liste et Marianne Huguenin rejoignit Joseph Zisyadis. En face, la droite présentait une liste à sept candidats : trois radicaux, deux libéraux, un UDC et un PDC.
Au final, cinq élus de droite, dont trois au premier tour, et deux de gauche, dont une socialiste.
Depuis mercredi soir, en remplaçant parti socialiste par les Verts et Jean-Jacques Schwaab par François Marthaler* tout en laissant à Joseph Zisyadis sa place de repoussoir, les similitudes sont nombreuses.
Mêmes causes et mêmes effets? A suivre…
Une chose est sûr mercredi soir, la droite vaudoise a fait un grand pas, grâce aux Verts, pour le maintien de sa majorité en mars 2007. La gauche perdant une chance historique d’obtenir dans une élection générale, la majorité au Conseil d’Etat, car jamais la droite ne s’est sentie si menacée.
De plus, si la position des deux ministres socialistes, Anne-Catherine Lyon et Pierre-Yves Maillard, n’est guère menacée, voire pas du tout, celle de François Marthaler est beaucoup plus instable et friable. Enfin, un conseil d’Etat comprenant Philippe Martinet en lieu et place de François Marthaler équivaudrait dans les faits à une majorité de droite à cinq et non à quatre. Le personnel de la fonction publique est bien placé pour le savoir; Philippe Martinet n’ayant jamais manqué une occasion pour lui planter, après quelques bravaches, un couteau dans le dos.
A bon électeur salut !
* Si François Marthaler n’est pas en difficulté comme Jean-Jacques Schwaab au sein de son parti, sa position est cependant loin d’être solide comme conseiller d’Etat de l’avis des observateurs attentifs de la politique cantonale.
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Un seul commentaire pour faire suite à cette analyse. En 1997, le Congrès a eu lieu à Morges.
Je le sais parce que je le présidais à l’époque. Un des grands moments de ma présidence…
Tiens j’étais persuadé que le Congrès avait eu lieu à Echallens… Merci pour la correction Fabrice !