Ce dimanche a probablement été un dimanche historique pour la gauche vaudoise.
Symbole de ce triomphe : la municipalité lausannoise avec 6 représentants de la gauche et des verts sur les 7 places disponibles.
Dans la dynamique d’une élection majoritaire ? rien à redire
Pourtant la presse, et le syndic sortant, titre ou met en avant le danger que représenterait une telle majorité.
Un retour de balancier serait possible en 2007 devant une telle domination.
Des rappels sont faits en se rapportant à l’expérience genevoise ou même cantonale lorsque les seuls Francine Jeanprête et Philippe Biéler avaient été élus au gouvernement cantonal en 1998.
Certes. Mais comparaison n’est pas toujours raison. Quelques éléments.
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D’abord, l’expérience genevoise devait beaucoup aux particularités du scrutin pour le Conseil d’Etat. En effet, il suffit de 33% des suffrages pour être élus. L’élection se fait donc non seulement sur un seul tour, mais sans que la majorité des votants ne soit nécessaire. Dans cette configuration-là, il serait nécessaire que l’élection au Conseil d’Etat se fasse à la proportionnelle. Cette proportionnelle offrirait la garantie de proposer un gouvernement cantonal traduisant le rapport de force réelle des différentes forces politiques cantonales.
Ensuite, le gouvernement cantonal vaudois de 1998 —dans sa configuration en 5/2— masquait la progression réelle de la gauche tant au Parlement cantonal qu’à l’élection au gouvernement. En effet, au premier tour, jamais le canton de Vaud n’avait été aussi proche d’un ballotage général pour le Conseil d’Etat. Cependant, la droite passait de justesse des candidats au premier tour et lançait ainsi une dynamique favorable, mais trompeuse, pour le deuxième tour.
Par ailleurs, la gauche avait, de son côté, lancer une stratégie de biffage de ses candidats en ne partant pas unie (une liste restreinte pour le premier tour, par exemple). Une telle dynamique est difficilement modifiable en quelques semaines. Bien sûr, cette dynamique marquait également des rivalités et des divergences entre partis de gauche.
Ainsi, c’est la dynamique d’un scrutin majoritaire ici qui rendait une copie à l’exécutif divergente du législatif.
Et alors à Lausanne en 2006 ?
Dans ce cas-là, nous ne retrouvons nullement un tel scénario.
La droite s’est d’abord effondrée au premier tour tant au législatif qu’à l’exécutif.
La gauche a encore progressé au législatif et occupe plus du 60% des sièges au Conseil communal.
La droite a aggravé elle-même sa déroute en présentant 4 candidats pour le deuxième tour.
Chaque composante de la gauche ayant progressé ou étant restée stable, il est logique que l’ensemble de ces composantes soient présentes à l’exécutif.
Ainsi le résultat de ce dimanche n’est pas trompeur au contraire des expériences citées par les médias et censées avoir du sens pour Lausanne.
Ce qui a du sens pour Lausanne, c’est que le rapport des forces entre la gauche et la droite tant au Conseil communal et qu’à la Municipalité soit comparable.
Certes, il est un peu trop favorable à la Municipalité, mais pas de manière si excessive que la presse tente de le faire croire.
Et il est clair que l’arrogance à 6 ou à 5 ou à 4 est très mauvaise conseillère. Mais comme dans toute situation.
Elle est aussi à replacer par rapport aux intérêts des Verts lausannois. Evidemment ces derniers avaient intérêt à une majorité plus resserrée à la Municipalité. Ils y auraient eu plus de poids pour incarner leur rôle de nouveau centre.
Au fait se rappelle-t-on que pendant plusieurs décennies la gauche ne disposait que d’un, voire deux sièges au gouvernement cantonal vaudois? Et avant-guerre d’aucun?
A cette époque, le rapport de force politique ne leur permettait pas plus.
On ne trouvait alors guère de commentateurs pour indiquer que cette situation représentait bien des dangers.
Et si c’était-là l’avenir de la droite à Lausanne ?
post intéressant, merci! je partage certains points de votre analyse à commencer par le fait que la comparaison avec genève est plus que trompeuse. l’insistance mise sur les « dangers » et l’ « arrogance » dans la presse et la radio est révélatrice de ce que l’on veut projeter sur cette majorité de gauche à lausanne. à ce propos, il est amusant de lire l’éditorial de 24h: alors que les rouges et les verts, un peu moins les roses progressent, l’éditorialiste titre sur la nécessité de reconstruire le centre-droit… cela dit, et toujours dans le cas lausannois, je suis surpris que ni la presse, ni vous d’ailleurs, ne mentionnez le fait qu’une seule femme reste à l’exécutif tandis que deux giclent… pénible situation pour les forces de gauche, non? (cf. post sur mon blog à ce sujet).
Effectivement, j’aurais dû mettre aussi en évidence la disparition de femmes à l’exécutif lausannois.
La présence féminine dans les exécutifs marque indéniablement le pas. Notamment au niveau des exécutifs communaux (à vérifier cependant de manière plus systématique en prenant, par exemple, les villes vaudoises de plus de 10’000 habitants par exemple).
Et ce recul est aussi de la responsabilité de la gauche vaudoise.
Dans certains cas, Montreux par exemple, le retour d’une femme à l’exécutif est le fait de la droite et non de la gauche qui ne présentait aucune candidature féminine.
Par ailleurs, il est vrai que je suis un peu mal placé pour donner des leçons sur ce plan-là. Puisque le président de la section socialiste de La Tour-de-Peilz que je suis n’est pas parvenu à construire une liste pour la municipalité comportant une femme alors que notre municipale, Sylvie Winkler, se retirait après deux législatures.
Et ce n’est pas faute d’avoir essayé pourtant.
Actuellement, au-delà du constat, je n’ai guère de pistes satisfaisantes pour analyser véritablement la situation et dégager des possibles.
Pour le lien directement vers votre article : http://politique.bleublog.ch/politique-cantonale/la-femme-de-gauche-est-une-espece-en-voie-de-disparition.html
Un blog très intéressant, entre nous soit-dit.
je ne connais pas si bien la situation de la Tour-de-Peilz, étant personnellement de Genève… ;-). merci de votre commentaire sur mon blog. et comme la nuit des césars n’est pas que pour le cinéma, merci aussi pour votre blog qui a le mérite d’être un des seuls en suisse romande qui parle de politique locale ce qui est un réel plus! et pour revenir au sujet du post, je me réjouis de lire vos pistes sur ce sujet à l’avenir!
Goups, je vais chopper (un ou deux « p »?) la grosse tête ! 😉
Promis, je reviendrais sur la question de la place des femmes dans les exécutifs, et plus pariculièrement des femmes de gauche.
Ben, c’est fait relativement à l’analyse de la situation des femmes de gauche dans les exécutifs. Le billet est là :
https://www.politis.ch/carnets/?p=41#more-41