Quels éléments est-ce que maintenant je suis en mesure de retenir? Quelles lignes de force également pour le deuxième tour du Conseil d’Etat? Et mes pronostics comportaient-ils quelques bonnes intuitions ? Ceci fera l’objet de trois billets distincts :
– le premier sur les élections au Grand Conseil dans le district de la Riviera;
– les résultats des élections au Conseil d’Etat
– le deuxième tour des élections au Conseil d’Etat.
Hardi petit : les élections au Grand Conseil sur la Riviera.
Avant les élections, l’élection au Grand Conseil sur la Riviera a fait l’objet du billet suivant : Riviera2007 : remake de Mort sur le Nil.
Comparativement à mes estimations, je constate que ce que je n’avais pas tenu compte suffisamment de l’impact d’un-e candidat-e au Conseil d’Etat dans le district. J’ai donc sous-évalué le nombre de sièges provisionnels pour les radicaux et surévalué le nombre de sièges libéraux. En effet, en 2002, Claudine Amstein était candidate au Conseil d’Etat sur la liste libérale et, en 2007, c’est le parti radical qui bénéficiait de cet apport avec la candidature de Jacqueline de Quattro. Dès lors, la députation libérale était quelque peu «doppée» par la présence de Claudine Amstein ce qui explique partiellement la perte non pas de 1, mais de deux sièges.
Concernant les libéraux, alors que les votants ont visiblement cherché à renouveler le personnel politique, quitte à éjecter des sortants, l’âge moyen de leur liste était très élevé ce qui pénalisait probablement la liste. Quelle relève pour le parti libéral sur la Riviera alors que le premier vienne-t-en suite est le préfet à la retraite Michel Rau?
Concernant les radicaux, l’effet Jacqueline de Quattro se conjugue avec la présence très importante de syndics, anciens syndics et municipaux. C’est ainsi que sur quatre élus, trois seront des membres d’exécutif communal (y compris avec Christine Chevalley si Jacqueline de Quattro est élue au Conseil d’Etat).
L’effet municipal/syndic apparaît clairement avec le score de Laurent Ballif, syndic de Vevey, sur la liste du Parti socialiste. En effet, ce dernier était le seul membre d’exécutif encore en exercice sur la liste du PS. Il obtient plus de 750 voix d’écart avec le deuxième (4478 suffrages pour Laurent Ballif, 3723 pour Claude Schwab) soit près de 17% d’écart.
Il y a donc là deux «philosophies» différentes. Une conduit à un cumul des mandats et l’autre à permettre un élargissement du personnel politique. Une démarche débouche sur une professionnalisation qui ne peut pas véritablement dire son nom. L’autre sur un caractère milicien plus prononcé. A méditer sans juger. En y ajoutant quelques éléments de réflexion complémentaire :
– quelle représentation démocratique souhaitons-nous au parlement cantonal?
– comment éviter que le parlement cantonal ne devienne l'(anti-)chambre des communes?
– dans quelle mesure la diminution du nombre de député ne conduira pas, de facto et à terme, à une (semi-)professionnalisation du personnel politique vaudois?
– dans ce cas-là comment éviter le rétrécissement du personnel politique et le maintien des Conseils communaux dans leur configuration actuelle?
– ne risque-t-on pas de couper encore plus la politique des citoyen-ne-s?
Par ailleurs, la diminution du nombre de députés pour le sous-arrondissement de Vevey a conduit beaucoup de sortants à rester à la maison. Beaucoup étaient des députés de La Tour-de-Peilz, résultant, d’une part et peut-être, d’une certaine sur-représentation de notre commune au Grand Conseil et, d’autre part, d’un découpage de l’arrondissement en quatre sous-espaces (Vevey – La Tour-de-Peilz – Montreux – Les «Hauts»). Ainsi, si je prends la représentation socialiste, Laurent Ballif (Vevey), Claude Schwab (les Hauts : Saint-Légier), Olivier Gfeller (Montreux), Nicolas Mattenberger (La Tour-de-Peilz). Pour les radicaux : Jacqueline de Quattro et Frédéric Grognuz (La Tour-de-Peilz), Laurent Wehrli (Montreux), Pierre Volet (les Hauts : Saint-Légier); l’absence de Vevey s’explique ici par la dissidence radicale veveysanne de Jérôme Christen (Vevey), élu désormais sur la liste de Riviera Libre. Ces sous-espaces trouvent leur confirmation dans des votes extrêmement locaux, car les candidat-e-s d’une liste arrivent régulièrement en tête dans leur commune, même parfois devant des candidat-e-s confirmés. La nécessité d’un fort ancrage communal reste d’actualité pour la très grande majorité des candidat-e-s.
Je terminerai par le nouvel échec des listes du PDC et d’A gauche toute! Pour A gauche toute!, l’échec est d’autant plus patent qu’il n’y avait pas cette fois-ci de liste de SolidaritéS. Pour le PDC, les bases communales de Vevey et La Tour-de-Peilz (surtout) sont beaucoup trop étroites pour avoir une chance d’atteindre le quorum. D’autant plus, dans le cas présent, que Willy Bühlmann, indépendant siégant avec le PDC sur le plan communal à La Tour-de-Peilz, obtenait un excellent score… sur la liste de Riviera Libre!
Il serait présomptueux de faire croire que cette analyse n’aurait pas bénéficié des discussions engagées depuis dimanche soir avec d’autres personnes actives dans la politique régionale. Ce billet n’aurait donc rien été sans des échanges divers et variés. Je remercie plus particulièrement : Pierre Rochat, Jean-Pierre Schwab, Frédéric Grognuz (mais siégera-t-il sous x ? 😉 ), Michel Bloch et Jean-Yves Schmidhauser.
Plus largement, relativement à cette campagne sur la Riviera, je remercie Caleb Walther et Pascal Nicollier. C’est un vrai plaisir de converser avec vous, y compris lorsque nos idées divergent.