La solution de la cession d’une entreprise appartenant à des collectivités publiques à une autre société également en mains publiques a eu la préférence des actionnaires alors qu’un groupe prive zurichois Kompogaz était également sur les rangs et proposait une offre plus avantageuse (6,2 millions de francs).
Non seulement l’offre de Kompogaz était plus avantageuse financièrement, mais de plus cette société dispose des compétences nécessaires à l’exploitation d’une compostière. En effet, il s’agit de son domaine de compétence alors qu’il s’agit pour la SATOM de développer un nouveau secteur d’activité. Plus gênant par contre dans le mélange des casquettes et des genres (décidément une tradition dans l’histoire de cette entreprise), le relais local de Kompogaz n’est autre que la société Ecotri, à Massongex, qui avait pris le contrôle des installations en attendant que le conseil d’administration trouve une solution pour la compostière.
Quelles garanties avons-nous que la SATOM dispose de meilleurs atouts qu’en son temps le SIGE par exemple auquel le bébé avait été partiellement confié? Comment comprendre un tel choix ? Ne s’agirait-il pas d’un nouvel épisode de la fuite en avant qui a présidé à la gestion des ces installations depuis le début [Voir notre précédent billet : Une compostière à l’odeur de soufre (et de scandale) depuis longtemps] ?
Certes, il ne s’agit pas de faire un procès d’intention aux administrateurs actuellement en place. Ni d’amalgamer les malversations commises par l’ancien directeur avec la cession actuelle. Néanmoins le citoyen-contribuable ou le conseiller communal attentif a de quoi être échaudé à la lecture du nouvel épisode présenté hier. Chat échaudé craint l’eau froide.
Pour que des décisions puissent être prises avec un maximum de sérénité, nul doute qu’un grand nombre de conseils communaux et, je l’espère, de municipalités demanderont préalablement que toute la lumière soit faite sur les activités, la gestion et le contrôle de la compostière de ces dernières années. Une commission d’enquête est indispensable.
Il sera également nécessaire que les implications financières tant passées, actuelles que futures soient clairement établies. Il ne peut être question, même si le bébé est refilé à la SATOM, que les décisions des municipalités et des conseils soient prises, par exemple, sans un plan financier et d’exploitation sérieux et réaliste. En effet, actuellement, les communes sont passées à plusieurs titres à la caisse. En premier lieu, elles paient la livraison du matériau à la compostière. Ensuite, elles ont payés pour la réalisation des installations et leurs extensions sans que celles-ci résolvent durablement les problèmes d’odeur et de qualité du produit final. Enfin, elles épongent les déficits cumulés sur plusieurs années.
Et ce n’est pas fini, les montants avancés pour la reprise de l’activité donnent le tournis. Chiffrée par Hubert Diedrichs (vice-président du Conseil d’administration), l’ardoise pour le citoyen contribuable s’établit comme suit
«Aux 7,5 millions de francs de créances, en partie compensées par le prix d’achat, il faut ajouter 2 millions de capital perdus par la société et les 5 millions pour un nouveau digesteur.»
Certes, la SATOM s’est engagée à assumer ce dernier investissement. Mais, dans la mesure où la SATOM est également une société dont le citoyen-contribuable est actionnaire via les communes, ces 5 millions sont bien, d’une manière ou d’une autre pris dans la poche du citoyen-contribuable. En outre, il conviendrait pour le moins qu’il n’arrive pas à la SATOM la même mésaventure qu’au SIGE lorsque ce dernier à repris les abattoirs de Clarens !
En tout état de cause, aux 20 millions qu’a coûté la compostière aux contribuables jusqu’à hier, s’ajouterait donc encore 12,5 millions pour relancer la machine. Tout simplement faramineux ou pharaonique…
Pour moi, en l’état des informations en ma connaissance, le conseil d’administration de la Riviera Chablais Compost donne l’impression de jouer à la roulette russe avec l’argent et les nerfs des contribuables.