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Regard sur la politique par Lyonel Kaufmann, socialiste boéland*

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septembre 3, 2007 by Lyonel Kaufmann 6 commentaires

Délit de mode de vie

Dans le Courrier International de cette semaine, le dossier central est consacré à «Nicolas Sarkozy : Pourquoi il agace». Un passage de l’article «La mauvaise réputation» (José Maria Ridao – El Pais) a attiré mon attention lorsque le journaliste précise qu’

«En Allemagne, le régime nazi avait créé un « délit de mode de vie »».

Qu’en était-il exactement? Le site de Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes (FNDIRP) est alors venu à mon secours. Le site présente la situation des personnes étiquetées par les nazi comme «asocial» (http://www.fndirp.asso.fr/nazis%20valeur%20inferieure.htm). Le contexte général d’abord:

«la population devait se sentir comme un bloc uni, un ensemble fortement soudé, la «communauté du peuple» (Volksgemeinschaft) au nom et au profit de laquelle le gouvernement de Hitler prétendait agir. Le terme «asocial» était vague, et permettait d’intégrer toute forme de comportement que les nazis réprouvaient. Mais un autre terme, «étranger à la communauté» (Gemeinschaftsfremd), qui fut très tôt employé comme presque synonyme d’asocial, ouvrait encore d’autres portes à l’exclusion, et cette fois avec des perspectives vers toutes sortes d’interprétations, entre autres raciales, mais bien entendu également politiques.»

Si la République de Weimar s’en prenait déjà aux «asociaux», l’arrivée au pouvoir de Hitler en modifiera considérablement les conditions

«Comment se débarrassait-on de ces catégories gênantes sous Weimar ? Les municipalités créaient des sites spéciaux où étaient regroupés ces marginaux, camps de travail, «maisons de travail», centres fermés peu différents de prisons dans certains cas, les pratiques étaient diverses, et le régime pouvait aller du supportable au franchement dur. Mais dès les premiers mois du régime nazi, les conditions devinrent de plus en plus sévères. Mendicité, vagabondage et prostitution furent poursuivis avec une ardeur nouvelle. Dès septembre 1933 on procéda à des razzias de mendiants dans un grand nombre de villes, les «maisons de travail», en général fort calmes jusque-là, furent rapidement surpeuplées, et de nouveaux lieux d’internement créés. Deux mois plus tard, une modification de la loi contre les «criminels récidivistes dangereux» rendait possible leur internement de longue durée.»

Puis, le dérapage systématique dans le traitement des marginaux se poursuivit rapidement avec leur assimilation à des malades congénitaux. Pour étendre encore le domaine de ces mesures, on inventa le diagnostic aberrant de «faiblesse d’esprit morale» (moralischer Schwachsinn), qui ne traduisait rien d’autre qu’un mode de vie inadapté. En 1938 (du 21 au 30 avril 1938), une grande rafle est organisée et livre près de 2 000 personnes à Buchenwald (camp de concentration).
Comme d’habitude pour les nazi, une définition juridique de l’asocial est établie en 1938 également:

«Est considéré comme asocial celui qui démontre par son comportement antisocial sinon criminel qu’il ne veut pas s’intégrer à la communauté.»

Comme l’indique la FNDIRP est, par exemple, définit comme asocial

a) la personne qui, par des violations minimes mais toujours répétées de la loi refuse de se plier à l’ordre évident pour un État national-socialiste (par exemple mendiants, vagabonds (tsiganes), prostituées, ivrognes, personnes atteintes de maladies, en particulier vénériennes, qui échappent aux mesures des autorités sanitaires) ;
b) la personne, qu’elle ait ou non déjà été condamnée, qui se soustrait à l’obligation de travailler et laisse le soin à la communauté de l’entretenir (par exemple fainéants, réfractaires au travail, alcooliques).

Si des points de vue politique ne doivent pas servir à classer une personne comme asociale, cet aspect-là demeure réservé à la Gestapo (détention de protection). En outre, La «détention de prévention» devenait une mesure de routine, d’autant plus simple d’emploi qu’elle ne nécessitait aucun appel aux services de justice, tout comme la «Détention de protection» (Schutzhaft) et la «séquestration de précaution» (Sicherungsverwahrung), ces réglementations laissant les mains libres aux services de police, dans l’arbitraire le plus complet.
Le système nazi mit aussi sur pied des camps de concentration pour mineurs dès 1940:

Pour les y interner, la Gestapo utilisait sans vergogne la «détention de protection» politique, quel que soit le motif. C’est ainsi que les termes les plus vagues et divers étaient employés : inéducable, asocial, contestataire, criminel, ayant rompu son contrat de travail, coupable de fainéantise, sabotage, refus du service dans la Jeunesse hitlérienne. Également internés Tsiganes ou «métis juifs», handicapés physiques ou mentaux, jeunes ayant été stérilisés comme asociaux, homosexuels, et aussi parfois des opposants, pour écoute de radios ennemies ou soupçon de résistance. Furent expédiés à Moringen également des jeunes hambourgeois amateurs de musique américaine de jazz, bien entendu interdite (Swing-Kids), ou des jeunes contestataires appartenant à la mouvance dite « Edelweisspiraten » en Rhénanie.

Toute référence directe ou indirecte à des initiatives populaires actuellement en cours ou futures —ainsi qu’à la philosophie qui les sous-tendent—est évidemment fortuite…

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septembre 2, 2007 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Les Fanatiques de l’Apocalypse (Norman Cohn)

Dürer, Cavaliers de l’Apocalypse, 1498

Pourquoi des individus éprouvent-ils le « besoin psychique de purifier le monde par l’annihilation de certaines catégories d’êtres humains que l’on imagine comme des facteurs de corruption et des incarnations du mal »?: »(Le Monde.fr : Norman Cohn, historien britannique) »:
Norman Cohn (1915-2007), historien britannique qui vient de décéder, a consacré à cette question l’essentiel de ses recherches dès la fin de la deuxième guerre mondiale. Dans The Pursuit of the Millennium (en français, dès 1962, sous le titre Les Fanatiques de l’Apocalypse), publié en 1957, Cohn apporte une première réponse à cette question. Il y raconte comment différents mouvements millénaristes, entre le XIe et le XVIe siècle, ont convaincu certaines franges de la population pauvre que l’amélioration de leur condition devait passer par l’élimination de groupes déterminés – les riches, le clergé ou les juifs selon les cas.
Pour Cohn (édition de 1957), les deux grands courants autoritaires et révolutionnaires de ce défunt vingtième siècle, nazisme et communisme seraient des réminiscences directes de ces révolutions mystiques du moyen-âge. Sans faire l’amalgame entre ces deux régimes, ils possèdent néanmoins des caractéristiques communes : les conditions socio-économiques de leur apparition, l’avènement prochain d’un âge d’or (la société communiste et le Reich de mille ans), ce dernier passant par l’extermination des «méchants» (taxés qui d’esprit bourgeois, qui de judaïsme).
Un résumé de lecture de l’ouvrage : Les fanatiques de l’Apocalypse. Lecture du livre de Norman Cohn

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septembre 1, 2007 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

Du cinéma (suisse) et de Voltaire en particulier

Ce n’est donc plus aux hommes que je m’adresse; c’est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps: s’il est permis à de faibles créatures perdues dans l’immensité, et imperceptibles au reste de l’univers, d’oser te demander quelque chose, à toi qui as tout donné, à toi dont les décrets sont immuables comme éternels, daigne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature; que ces erreurs ne fassent point nos calamités. Tu ne nous as point donné un coeur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger; fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie pénible et passagère; […]; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution; que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer supportent ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil; […]
Prière à Dieu (Voltaire, Traité sur la Tolérance, 1763)

Jeudi soir, à l’Esplanade du Château de La Tour-de-Peilz, j’assistais à la projection de la Morsure du citron : »(Le médecin le lui annonce, formel et définitif: il va perdre progressivement la vue jusqu’à une totale cécité. Arsene Klop, comédien hâbleur et débordant de vie, ne peut se résoudre à accepter cette inéluctable noirceur qui va l’envahir. Il ne veut pas, s’insurge, gueule, ne comprend pas cette épreuve que lui impose la vie! Arsène redessine alors son futur et s’invente des souvenirs, joyeux ou douloureux.) »: de Jean-François Amiguet et de l’Affaire Calas : »(A Toulouse, le 13 octobre 1761, Marc-Antoine Calas est découvert mort étranglé dans la maison familiale. Son père, le calviniste Jean Calas est injustement accusé de l’avoir tué pour l’empêcher de se convertir au catholicisme. Le 9 mars 1762, Jean Calas est condamné à mort. Le lendemain, il est roué, étranglé et brûlé. Voltaire érigera alors ce « fait divers » en un symbole de l’intolérance et du fanatisme et mènera un combat pour la réhabilitation des Calas qui remuera l’Europe entière.) »: de Francis Reusser.


Claude Rich est Voltaire. © Philippe Christin [TSR]

Le cadre de cet Esplanade est admirable et le cinéma plein air est une expérience toujours étonnante, voire comme jeudi soir détonnante alors que le vent donnait des reflets inattendus à la projection.
Dans la discussion qui a suivi la projection, Roland Cosandey rappelait les conditions particulière de la réédition du Traité de la tolérance de Voltaire en 1959 soit en pleine guerre d’Algérie. Le hasard de cette redécouverte/réédition n’ayant rien de fortuit dans le contexte particulier de cette guerre.
Et, dans le contexte actuel, la réalisation du film de Reusser non plus : »(Et le cinéma suisse démontre qu’il vaut mieux que ce que l’on en dit… Merci à Cinérive pour sa programmation ainsi qu’à la Commission culturelle de La Tour-de-Peilz pour son soutien à la manifestation.) »: …
Sources :

  • L’Affaire Calas (site magister)
  • Voltaire et l’Affaire Calas (TSR)
  • Projections de ce samedi et de ce dimanche :

    Samedi 1er septembre à 20H45
    SOIREE DU COURT-METRAGE
    11 courts-métrages suisses récents présentés par SWISS FILMS
    En présence de Sylvain Vaucher et de réalisateurs.
    Dimanche 2 septembre à 20H45
    En avant-première suisse romande
    NACHBEBEN (GOING PRIVATE)
    Comédie de moeurs de Stina Werenfels, Prix du cinéma suisse 2007: Prix spécial du jury.
    NACHBEBEN est une pièce de société examinant comment l’idéal néolibéral de travail s’infiltre dans la vie privée et dans l’amitié. Un film sur des hommes qui ont été dressés à risquer gros, à espionner et à spéculer dans le monde de l’économie…
    En présence de Stina Werenfels et Samir

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    août 31, 2007 by Lyonel Kaufmann 2 commentaires

    Lieu commun (2) : y aurait-il des UDC fréquentables?

    Messieurs les radicaux, messieurs les libéraux, arrêtez de faire croire qu’il y a encore une UDC fréquentable. Chaque candidat UDC fait du recel en acceptant les bras ouverts les voix obtenues par un discours xénophobe plus abject, élection après élection. Prenez du recul et regardez: qu’est-ce qui est le plus important? Est-ce l’économie ou les droits de l’Homme? Est-ce les stock-options ou l’Humanité?

    Source : Caleb Walther « Une première réaction de la part des libéraux, c’est bien mais… »
    Je partage entièrement cet avis et je l’avais signifié en commentaire de son précédent billet « UDC – il faut être clair! ». En effet, je précisais que MM. Parmelin et Mermoud, présentés comme des UDC fréquentables— font tous les deux parties du comité de l’abjecte initiative dite « pour le renvoi des étrangers criminels”.
    Voir aussi la lettre ouverte d’Alain Hubler à Jean-Luc Chollet.
    PS : S’il existe encore des UDC fréquentables alors eux aussi ont à prendre publiquement parti contre l’initiative de leur parti.

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    août 29, 2007 by Lyonel Kaufmann Laisser un commentaire

    Télescopages en zone 30km/h

    Juste avant la rentrée des classes, nous avons eu le temps d’installer une nouvelle zone 30 km/h dans le périmètre des écoles (collèges Courbet, Marronniers, Mousquetaires). Deux réactions récentes se sont télescopées.
    Dimanche : une personne extérieure à La Tour trouve que cela nuira à la Poste et aux commerces. La mesure y est « aussi stupide qu’à Vevey. »
    Lundi : un habitant de La Tour et habitant tout proche de la zone espère que les mesures seront efficaces pour faire diminuer le trafic des voitures et les ralentira. Il regrette «juste» que la zone n’arrive pas jusqu’à chez lui.
    A qui La Tour?

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    *boéland : surnom donné aux habitants de La Tour-de-Peilz

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    Image parEak K. de Pixabay

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