Depuis quinze ans exactement, soit l’échec de la votation populaire sur l’Espace économique européen, la capacité de nuisance, la volonté de revanche sur l’establishment bourgeois zurichois, le mépris de l’Autre —soit de celui qui ne pense pas à l’identique— et la soif de pouvoir personnel d’un fils de pasteur zurichois a causé d’incommensurables dégâts à son parti, la population suisse, aux Chambres fédérales et, dernier avatar en date, au Conseil fédéral. A tel point que ces derniers temps, la crédibilité du gouvernement suisse sur la scène internationale et l’image de notre pays à l’étranger n’ont jamais été aussi basses et que notre isolement n’avait jamais été aussi perceptible sans pourtant qu’aucun conflit mondial ne pointe le bout de son nez à l’horizon.
Pire, dans le délire personnel de cet homme et collectif d’une partie de la population, plus les signaux émis de l’étranger étaient alarmants et plus la Suisse se serait rapprochée d’une pureté orginelle, plus telle une secte hérétique cet homme et ses sbire nous rapprochaient d’un suicide collectif. Le tout au nom des valeurs mêmes qu’ils ne cessaient de fouler au pied (concordance, respect des minorités, ouverture vers l’extérieur et j’en passe).
Aujourd’hui: »(Billet rédigé mercredi, mais mis en ligne aux premières heures de ce jeudi!) »:, une première lueur d’espoir a pointé le bout de son nez et une partie de ses alliés politiques semble avoir définitivement pris la mesure de la nature de la menace. Et, eux aussi, ils ont commencé à faire de la politique.
Demain, cet homme devrait continuer à nuire à son parti, mais je l’espère de moins en moins à la Suisse. Par contre, son parti ferait bien de s’interroger sur la manière d’envisager durablement son avenir sans lui ou une fois lui parti.
Mais il convient également qu’à partir de demain le front républicain ainsi constitué continue à faire de la politique et ne s’endorme pas…
La suite dès 8h00 ce jeudi.
Post-scriptum:
En écoutant certaines interventions de parlementaires fédéraux et de commentateurs, je me réjouis très immodestement de trouver certaines réflexions publiées sur ce blog.: »(Mais d’autres ont fait un travail comparable qui, après le 21 octobre, a été décrié notamment concernant les différentes initiatives autour de l’affiche des moutons noirs, mais qui en ce mois de décembre ont finalement joué leur rôle dans la mobilisation et la création d’un front républicain.) »:. Ainsi le 22 juillet, je détournais l’affiche de l’UDC pour la transformer en une initiative pour renvoyer Christoph Blocher du Conseil fédéral; ce dernier prenant à son tour les atours d’un mouton noir. Or, désormais et à la suite d’une multitude de détournement de l’affiche initiale de l’UDC, la formule du mouton noir Blocher fait partie du vocabulaire utilisé aujourd’hui pour expliquer son éviction. Il y a là un phénomène boomerang incontestable qui rejoint quelque part les propos de mon billet relatif à la Psychologie des foules de Le Bon:
Un des éléments importants à souligner se rapportant à la psychologie des foules de Le Bon, c’est que l’émotion, le non-rationnel prédominent à ce stade. Il n’est donc pas possible de vouloir, le cas échéant, inverser la tendance en développant uniquement un discours rationnel. Le discours de la raison n’a pas prise, du moins sur la foule hypnotisée. C’est certainement une des difficultés des démocrates vis–vis des populistes, voire des fascistes, car il leur faut aussi développer un discours «irrationnel» pour espérer inverser la tendance.
[…] en suivant Le Bon, pour combattre le discours de l’UDC, il conviendrait d’utiliser des moyens comparables pour des-hypnotiser les foules.
Si dans un premier temps, nous sommes parvenus au bord du gouffre le 21 octobre, il faut reconnaître que ce résultat a eu l’effet d’un électrochoc d’abord sur les électorats vaudois, zurichois et saint-gallois pour le deuxième tour au Conseil aux Etats, puis sur une partie des parlementaires fédéraux bourgeois en ce mercredi 12 décembre.
Ensuite, le 31 juillet (Prenons Christoph Blocher et l’UDC au mot), j’indiquais qu’il s’agissait de prendre au mot le referendum plébiscitaire initié par l’UDC, via ses affiches électorales centrées sur l’élection du tribun zurichois au Conseil fédéral, et je disais:
Pourquoi pas dans le fond. Allez banco, si l’UDC n’obtient pas 51% des suffrages, il n’y aura aucune raison de réélire Christoph Blocher, ni aucun UDC au Conseil fédéral. Joué, perdu. Dans sa sagesse légendaire, le peuple suisse en aura décidé ainsi.
Depuis ces derniers temps, cet aspect-là est mis en avant ainsi que le fait que si effectivement l’UDC et Christoph Blocher ont obtenu 29% des voix, 71% des voix, de facto, avaient voté contre Blocher selon la logique même initiée par les affiches UDC.
Par ailleurs, je vous invite instamment à lire l’article acéré publié dans Domaine public par Yvette Jaggi (Christoph Blocher: échec d’un style, fin d’un contre-emploi)