C’est une forme particulièrement abjecte de mépris des citoyens qui a amené les membres de la commission de la santé du Conseil des Etats à refuser d’entrer en matière sur le remboursement des primes maladies payées en trop par les assurés de certains cantons. Par son attitude et dans son obstination, ce cénacle ne peut qu’accélérer le désenchantement des citoyens helvétiques à l’égard du monde politique.
Personnellement, et habituellement, je ne suis pas un fan des débats pugilats, organisés par Infrarouge. Exceptionnellement, et un peu par hasard, j’ai regardé, hier soir, l’émission qui revenait sur le scandale causé en Suisse romande par la décision de la commission des Etats de ne pas rembourser les assurés qui ont trop payé pendant 15 ans, soit 2 milliards de francs au total dont un milliard pour les Romands.
Sans revenir sur le problème lui-même, j’avoue m’être plutôt concentré sur la manière dont la politique et les politiciens pouvaient être perçus par les spectateurs après un tel débat.
De ce côté-là, les sénateurs ayant refusé d’entrer en matière, représenté hier soir par Christine Egerszegi (PLR, AG), présidente de la commission de la santé du Conseil des Etats et Urs Schwaller (PDC, FR), ont donné une image, à mon avis, pitoyable du monde politique. La présidente de la Commission ne donnait pas l’impression d’être prête à faire de sorte que le débat soit repris au sein de la commission et renvoyait la patate chaude aux cantons et au Conseil national, histoire de refaire un tour et de noyer le poisson. Urs Schwaller se réfugiait lui sur une prétendue nécessité d’assurer la sécurité du droit plutôt que de corriger une profonde injustice. Que dire de ces sénateurs qui se réfugient derrière le règlement du Parlement ou des principes juridiques plutôt que de résoudre un problème politique et une injustice crasse? Ils sont ternes comme des ronds de cuir, infatués par leur semblant de pouvoir. De quoi favoriser le «tous pourris» et le désenchantement du politique de la part des citoyens. Irresponsables.

La Commission de santé du Conseil des Etats au travail.
Globalement, l’ensemble des acteurs repoussait la question de leur responsabilité et donnait l’impression que personne ne pilotait véritablement le système de la LAMAL. Dans les commentaires du forum de l’émission, les internautes parlaient, à son sujet, «d’une machine à Tinguely dont personne ne maîtrise les mouvements». Le mécanisme paraît surtout fonctionner aux (grands) bénéfices des assureurs-maladies.
Enfin, le système s’emballe puisque, sans solution réparant cette injustice, c’est le système péréquatif entre cantons qui pourrait être menacé si Genève et Vaud, par mesure de rétorsions, cessaient de verser leurs écots au pot commun des cantons. A la grande crainte et aux hauts cris d’Urs Schwaller qui soudain prend peur pour son canton de Fribourg. On a envie de lui dire, eh bien, bouge ton c.. ((On m’excusera, je l’espère, mon énervement. Ce sera mon hommage du jour à Alain Leresche, camarade de Saint-Légier, enterré hier après-midi. Salut l’artiste !)) et fais de la politique — soit ce pourquoi tu as été élu — plutôt qu’un cours d’arguties juridiques. Il serait temps.
P.S. : comme d’habitude Pierre-Yves Maillard a été très bon. Et il était pour le moins saisissant de voir Isabelle Moret (vice-présidente du PLR suisse, conseillère nationale, VD) et Bertrand Buchs (député PDC, GE) s’opposer, dans un dialogue de sourds, à leurs deux camarades de parti, membres du Conseil des Etats. Par ailleurs, je salue l’unanimité des députés du Grand Conseil vaudois qui a voté, hier mardi, en faveur d’une résolution pour obtenir le remboursement des primes vaudoises d’assurance-maladie payées en trop.
La présentation de l’émission : http://www.infrarouge.ch/ir/1971-primes-maladie-passe-milliard-romands
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